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Ecrire sur l'art ? Ecrire après l'art…

Ecrire sur l'art ? Ecrire après l'art…

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J’écris souvent au moment même où mes œuvres se révèlent sur mon écran. J’atteins à ce moment précis la parfaite osmose entre l’émotion qui provoqua l’inspiration de l’instant du déclenchement de l’appareil photo, l’apparition sur mon écran de la création graphique que j’en fais et l’écrit que celle-ci insuffle à ma main posant ainsi mon âme sur le papier. Je sais exactement ce que le tableau me raconte et ne comprends que seulement alors l’émotion qui m’étreignit au moment du déclenchement. Cet écrit n’est que la lecture de l’expression de mes propres ressentis d’un sujet pouvant paraître si banal à certains mais prenant toute sa dimension au travers du prisme de l’émotion. A ce moment, seul l’écrit peut expliquer le geste et l’œuvre, seule la lecture intérieure peut rendre l’œuvre audible à chacun même si tous ne la comprendront pas !

Que dire des écrits sur des œuvres qui décortiquent, scalpélisent, morcellent, fragmentent chaque couleur, chaque arabesque, chaque gramme de peinture posé sur la toile pour en faire l’analyse? Je me pose souvent la question : l’artiste, en créant son œuvre, l’a-t-il ainsi vécue ? L’a-t-il ainsi analysée ? N’a-t-il pas simplement créée pour diffuser son seul message : son ressenti du moment précis où le geste et l’âme se sont associés pour créer ? N’a-t-il pas simplement voulu transmettre une émotion ? Un jour, il y a quatre ans, on m’a posé la question : « On n'a pas le même regard… pas la même perception… pas la même interprétation… Cela s'explique-t-il ? » Ce à quoi j’ai répondu : « La question est-elle dans le "cela s'explique-t-il?" ou dans le "Doit-on l'expliquer" ? Que ce soit perception, interprétation ou regard, ce ne sera toujours qu'un ressenti intime… S'explique-t-il? Doit-on l'expliquer? Là encore chacun agit par ce qu'il est, comme il est… qu'il exprime ou qu'il taise ce ressenti, il n'aura de valeur qu'à ses propres yeux… Chaque œuvre est recevable parce que son auteur a exprimé un ressenti… chaque critique (au sens littéral du terme) sera concevable puisqu'elle sera l'expression de celui qui aura été à la rencontre de cette œuvre. »

Aujourd’hui, je me pose la même question sur un écrit concernant une œuvre ou tentant d’expliquer une œuvre. Lorsqu’il n’émane pas de l’artiste lui-même, est-il recevable ? Je me pose souvent la question, sûrement par manque de « connaissance » dans les notions d’analyse d’une œuvre et du métier de critique d’art (que la corporation veuille bien m’en excuser !), pourquoi et comment est-il possible d’expliquer une œuvre ou l’ intention de l’artiste dans la production d’un tableau, alors même qu’il ne l’a pas écrit lui-même ? Cela n’est-il pas dénaturer l’œuvre elle-même, la vider de son sens même : nous faire ressentir une émotion ? Ne sommes-nous pas, nous, spectateur, à même d’émettre nos propres analyses ? Ne dénaturons-nous pas, n’influençons-nous pas les ressentis avec des critiques ou des explications qui ne seront que trop souvent incomprises ? Ne faisons-nous pas, par là- même, fuir le public des salles d’exposition où seules les émotions ne devraient avoir place ?

Et si nous prenions juste le temps de nous arrêter, de regarder, de contempler… sans à priori, sans jugement… si nous prenions seulement le temps de nous laisser guider par l’histoire que nous ressentons, là, sous nos yeux, en regardant un tableau. Et si l’artiste a laissé un texte sur son œuvre, alors là, nous sommes au paroxysme du plaisir qu’elle pourra nous procurer.


Léocadie Rochester, à fleur de peau
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L'Art Contemporain se veut total et sacré…
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François Xavier de Boissoudy
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