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La place Vendôme devenue un sex-shop pendant 3 jours

La place Vendôme devenue un sex-shop pendant 3 jours

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Cela n’a duré que du mercredi 15 à la nuit du vendredi 17, une structure gonflable de 24 mètres de haut représentant un plug anal fut érigée place Vendôme. Trois jours seulement, alors que « l’œuvre » était là pour plus longtemps dans le cadre de l’exposition de la FIAC hors les murs. Trois jours seulement car il y eut l’action d’inconnus courageux hermétiques aux chantages du politiquement correct, qui dégonflèrent dans la nuit de vendredi à samedi le truc. L’artiste décida en conséquence d’abandonner la partie et la place Vendôme. Une victoire qui ne doit pas nous faire oublier ce qui s’est passé, une victoire qui doit nous motiver pour investir le champ de la culture et simplement remettre l’avant-garde à sa place, le ministère de la culture à l’endroit, et redonner de l’espace aux artistes non subventionnés, et non inféodés aux concepts de l’Art Contemporain.

 

Des vessies pour des lanternes

Notre société n’était pas encore descendue assez bas. Il y avait donc encore de la profondeur sous nos pieds. L’art contemporain permet en quelque sorte de mesurer la santé intellectuelle et spirituelle d’une civilisation. La notre a tellement « progressé » grâce aux progressistes de tous poils, qu’après avoir lécher son propre nombril, après s’être encore plus longuement touché dans un onanisme de performance, elle érigea ce qui glorifie et gratifie son trou du cul. Et je suis tellement désolé de parler aussi crument, mais aujourd’hui le monde de la culture officielle, de la culture d’État, nous met dans la quasi-obligation de verser dans l’univers du trash et d’augmenter notre domaine de connaissance du champ lexical des sex-shops.

La place Vendôme était donc devenue à l’occasion de l’édition 2014 de la FIAC le siège des subversions de l’art subventionné. Le 15 octobre dernier, l’artiste Paul McCarthy, réputé pour ses œuvres libidineuses à tendance pédophile, avait érigé place Vendôme un totem géant de 24,4 mètres de hauteur. Ce Totem qu’il avait appelé Tree. L’équivoque de la forme de ce drôle de « sapin » avait été confirmée par les dires de l’artiste lui-même. Ce dernier expliqua au Monde qu’il avait été frappé un jour de la ressemblance entre un sapin de Noël et un plug anal. Tree était donc un arbre en forme de plug anal (ou l'inverse.) Gonflé mercredi, et dégonflé vendredi dans la nuit grâce à l’action d’inconnus. Dégonflage réussi puisque l’artiste a renoncé à remettre debout son sapin. Nous ne serons jamais suffisamment reconnaissants aux dits-inconnus de nous avoir débarrassés du truc géant vert.

 

Pourquoi en parler dès lors, c’est tellement salissant, mais comment passer sous silence ce scandale de l’art contemporain, l’art Sub-Sub (subventionné-subversif) pour bobos vieillissants et libidineux. Ces derniers ont enfin trouvé de quoi combler leurs entrailles, l’œuvre qui manque à leur intestin. L’art contemporain sert maintenant de bouche trou pour une société ayant pris le tout psychologique pour de la profondeur d’âme. Il n’y a rien d’étonnant que l’on prenne des vessies pour des lanternes, et des plug anal pour une sculpture dans une société qui interroge ses sensations (ça me fait quelque chose quelque part) avant d’exprimer sa difficulté d’exister. Pendant que notre civilisation chute, elle s’observe fascinée via l’art contemporain, attirée et obsédée par le trou noir, l’anti-matière, c'est-à-dire le contraire de la création et de toute création.

 

Ceci est… ceci n’est pas…

Rien de nouveau sous le soleil me diriez-vous, en son temps, Marcel Duchamp avait exposé sa fameuse fontaine-urinoir signée. « Ceci est de l’art. » L’art conceptuel était né en 1917 avec le ready-made, l’avant-garde glorifiait le questionnement. J’ai envie de rappeler que le premier qui a comparé une femme a une rose fut un génie, le second un idiot et le n ième un abruti niaiseux. Je crains que Mc Carthy n’arrive que très tard dans le monde de l’art d’avant-garde devenu art officiel.

Lui ne prit pas soin d’inscrire sur son machin que c’était de l’art, mais le nomma Tree. Et de fait, c'était grand, vert et pointu. L’artiste s’expliqua : « Tout est parti d’une plaisanterie : à l’origine, je trouvais que le plug anal avait une forme similaire aux sculptures de Brancusi. Après, je me suis rendu compte que cela ressemblait à un arbre de Noël. Mais c’est une œuvre abstraite. Les gens peuvent être offensés s’ils veulent se référer au plug, mais pour moi, c’est plus proche d’une abstraction. » Donc, ce n’était ni un sapin, ni un plug anal, ce n’était pas ce que l’on voyait, et c’était également ce que l’on voulait voir…Une fois de plus le discours vint au secours d’une œuvre insensée pour donner le change et fabriquer a posteriori une contemplation qui ne peut exister sur le moment. L’usurpateur fut obligé de causer puisque l’œuvre était muette, aussi muette qu’une casserole, qu’un urinoir ou qu’un bouche-trou. Il a cherché à se raccrocher à l’abstraction, dernier mouvement de l’art où l’art en était encore. Mais qu’est-ce que l’art ? - Une réalisation humaine qui permet à l’homme d’accéder à la vérité ou une part de la vérité par la contemplation et sans usage a priori du raisonnement intellectuel. Tree en était donc bien loin.

 

Le dégonflage du politiquement correct

Face à cette chose de 24 mètres, il n’aurait pas été étonnant que le petit peuple, que l’on veut éduquer en convoquant l’avant-garde dans la rue, ne se scandalise pas. Même si c’est son pognon qui finance un truc moche en plein milieu de la place Vendôme à la gloire de la plus grande insanité, les élites ont tellement complexé le peuple dans le domaine de l’art, que ce dernier n’ose plus rien dire depuis des années. Des fois qu’on le traite de fasciste… sauf que cette fois, cela n’a pas marché, l’œuvre a été dégonflée. La dialectique du politiquement correct ne marche plus, n’a plus de prise, c’est fini. Face au Printemps français qui déplorait un “Paris défiguré et Paris humilié”, les inrocks, le magazine des amateurs de pop-rock de plus de 45 ans, avait lancé ses jugements républicains et ses menaces dès le lendemain : extrémistes, réacs. Fleur Pellerin, la Jack Lang du moment, a évoqué les heures sombres de l’histoire dans un tweet suite au dégonflage de l’œuvre ! Le peuple n’est pas complètement hypnotisé par le modernisme. S’il faut être créatif pour dénoncer l’art contemporain osons l’être, pour échapper aux pièges de la dialectique. Mettre de l’art sur l’art par exemple, du ready made sur le ready made, du conceptuel sur du conceptuel : ce serait inattaquable. Une spéciale dédicace, transformer l’œuvre appelée Tree en mur des trous du cul en charge du ministère de la culture depuis 1981 en placardant leur visage sur le plug anal, changer toutes les enseignes des sex-shops de la rue Saint Denis et indiquer : ministère de la culture et de la communication…

 

 La place de l’avant garde

Chiara Parisi, directrice des programmes culturels à la Mairie de Paris, expliqua que Tree était « Une œuvre fantasmatique, surdimensionnée, bien dans la tradition française », elle ajouta, fière d’elle-même, fière de la puissance publique dans le domaine de la culture : « l’œuvre n'est pas élitiste, pas conceptuelle, mais elle fait parler… » Elle fait même écrire d’ailleurs. Et alors ? Est-ce suffisant pour faire de l’art ? Est-ce suffisant pour le subventionner ? Bon, on parle beaucoup de la place Vendôme, parce l’on a tenté de nous imposer le truc vert de 24 mètres, parce que nos yeux ne pouvaient échapper à la laideur, mais il y a aussi ce qui se passe derrière les murs des musées pour le plus grand plaisir des fonctionnaires de la culture et de la mairie de Paris. La Monnaie de Paris réserve à Mc Carthy, pour sa réouverture, le 24 octobre, sa première grande exposition française, « Chocolate Factory ». On y verra pour le plaisir des yeux des plus petits et des plus grands : des godes chocolatés sagement brandis par des Pères Noël…

N’en déplaise à ceux qui pensent qu’on ne peut être que réactionnaire et coincé du zboub quand on s’oppose à l’art d’avant-garde, j’avoue ne pas être opposé à cette forme d’art. Ce que je condamne c’est la place prise par cet art qui étouffe le reste de la création. Que l’avant-garde ait une place c’est une chose, qu’il ait toute la place, c’en est une autre. Cet art qui voit déferler l’argent public distribué par les commissaires d’exposition, fonctionnaires au service du totalitarisme de l’art contemporain. Cet art qui voit déferler aussi l’argent des finances privées par voie de fondation bien placées pour blanchir l’argent qui a asservi les sociétés et les peuples. Un art financier, subventionné, officiel, totalitaire d’un côté et, … subversif, révolutionnaire, provoquant de l’autre. Avouons que la place est confortable.

Bien plus que celle du véritable artiste contemporain arrêtée cette semaine au Brésil. Non subventionné, lui, qui agi sans aucune intention, qui n’a fait aucun discours sur l’œuvre, Thiago Henrique Gomes da Rocha, un homme de 26 ans, tueur présumé de 39 victimes a été arrêté cette semaine. Il ne connaissait pas ses victimes et il sentait une « rage de tout. » Voilà bien pour moi, exprimée dans la gratuité du crime, du mal absolu, une vraie performance artistique dont je me sens plus proche que de toutes les œuvres d’art contemporain entassées dans les Frac de France.


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