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Krzysztof Zanussi, l’ambassadeur chrétien du cinéma de réflexion

Krzysztof Zanussi, l’ambassadeur chrétien du cinéma de réflexion

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37 ans après le Prix du Jury au Festival de Cannes (La Constante 1990), mais surtout après une distribution trop confidentielle sur les écrans et le sol français (1 seul film à notre connaissance : Illumination, sorti dans les salles, sur 35 longs-métrages en 40 ans de carrière), il nous paraît justifié de s’attarder sur les œuvres trop méconnues de ce cinéaste polonais né à Varsovie en 1939.

K. Zanussi fait des études de physique à l'université de Varsovie 1955-1959 et de philosophie à l'université Jagellonne de Cracovie entre 1959 et 1962. En 1967, il est diplômé de l'École nationale de cinéma de Łódź où Andrej Munk fut son maître.

En 1977,  il reçoit au festival de Chicago le Hugo d’or pour l’ensemble de son œuvre, œuvre par ailleurs maintes fois couronnée aux festivals de Moscou, Venise, Manheim, Valladolid, Mar del Plata, Colombo, Panama, San Remo, Locarno, et Cannes.

À partir de 1980, il est directeur artistique, puis directeur des Studio Filmowe TOR. Dans les années 1971-1983, il fut vice-président de l'Association des cinéastes polonais, puis à partir de 1987, membre du Comité de cinématographie. Il est l'auteur de nombreux ouvrages (sur la théorie du cinéma, des scénarios de films, des mémoires). Il est membre de l'Association des écrivains polonais. Depuis 2002, il est vice-président du conseil de la Fondation du Centre de la création nationale.

Il est professeur à l'université de Silésie, au collège Civitas et à l'université de Varsovie. Il a également été membre de jury au Międzynarodowy Festiwal Szkół Teatralnych (MFST ITSelF), 6e édition (2011)

 

Ce qui caractérise son œuvre, c’est une permanente interrogation sur la morale, sur la mort comme point de repère de la vie, sur la connaissance, sur la relation nature-culture, sur le progrès de l’intelligence, beaucoup plus rapide que celui de la conscience, questions qui se poursuivent de film en film. De La Stucture du Christal, en passant par Spirale, Illumination, Camouflage, La Constante, et Jusqu’à Le Contrat, ses films restent des chapitres ouverts, qui poussent à la réflexion à la fois le spectateur et l’auteur, car l’art de Zanussi est un chemin de connaissance.

Significatif, le destin de Witold, l’alpiniste (La Constante) qui, sacrifiant tout pour rester fidèle à lui-même, à ses idées, à l’image du Bien, est trahi par tous ses amis, et par le destin aussi. Peintre en bâtiment à la fin du film, Witold laisse tomber une poutre ; un enfant court rattraper sa balle… et la Mal devient inévitable. « La vie est-elle une équation ? » se demande un personnage du film. Zanussi résume son œuvre en une phrase : « Seule l’absence d’interrogation est triste et dégradante ». Superbe constat romantico-métaphysique, très « polonais ». Dissertation ininterrompue sur les effets de l’intelligence, l’œuvre ignore en effet totalement l’humour vivant qui sauverait peut-être ses personnages philosophants des naufrages où l’engloutissent, à chaque coup, les tempêtes qu’il suscite à plaisir par l’affrontement entre le bien et la Mal. De quoi impressionner les jurys cités plus haut. Et l’art dans tout ça ? Du moins l’art cinématographique ? Il y en a ! … Dans certains bonheurs et de l’expression par l’image, dans ces mises en situation qui brassent des idées philosophiques et religieuses.

 

Du côté des Films visibles en France :

Le Distributeur Clavis Films  a édité 5 films de Zanussi dans un coffret de 5 DVD, voilà quelques années : http://www.potemkine.fr/Potemkine-fiche-film/Coffret-krzysztof-zanussi/pa11m5pr12661.html
 

Celui-ci comprend 5 films majeurs :

La Constante 1980 - 94 min.

Witold travaille comme technicien sur des foires à l’étranger. En Inde, il découvre les manigances de son patron. D'une rectitude morale invariable, le jeune homme s'attire l'hostilité de ses collègues, enclins aux compromis, et la haine de son chef. Féru d'alpinisme et las des mesquineries inhérentes au monde moderne, il décide de partir réaliser son rêve : escalader l'Himalaya. Mais le mauvais sort qui poursuit l'être seul opposé au reste de la société le frappe de plein fouet…

Persona non grata 2005 - 110 min

Après le décès de sa femme, Wiktor, Ambassadeur polonais en Uruguay, fait le point sur sa vie, aussi bien sur le plan sentimental que sur celui de ses idéaux politiques. La rencontre avec son vieil ami russe (Nikita Mikhalkov), aujourd’hui Ministre des Affaires Etrangères, le comportement étrange de ses collaborateurs et la pression liée à un contrat de vente d’hélicoptères réveillent en lui une suspicion généralisée envers son entourage.

La Vie comme maladie mortelle sexuellement transmissible 2000 - 96 min

Un médecin, Tomasz, intervient sur le tournage d'un film sur la vie de Saint Bernard et l’acceptation volontaire de l’idée de la mort. C'est alors qu’il apprend, coïncidence macabre, qu'il est lui-même atteint d'un cancer. Tomasz est non-croyant, mais dans la perspective de la fin proche, il se pose des questions sur le sens de la vie et de la mort. La réponse, un signe, lui vient à l'hôpital…

La Vie de famille 1970 - 88 min

Une jeune ingénieur, Wit, est appelé par télégramme au chevet de son père malade. Ce dernier vit avec la soeur de sa femme et son extravagante fille, Bella. Il s'avère bientôt que cette maladie n'est qu'un prétexte pour que Wit revienne à la maison. Pendant ce temps, une étrange relation amouruse se noue entre sa soeur et son ami Marek.

Camouflage 1976 - 96 min

Jaroslav, un jeune philologue, découvre que le monde universitaire est régi par un lâche conformisme. Ses collègues sont esclaves du malhonnête vice-recteur, qui ne se soucie que de ses propres intérêts. Il déracine impitoyablement l'idéalisme de jeunesse de Jaroslaw en lui montrant que la réussite scolaire récompense rarement le seul talent.

C’est pour nous l'occasion tant attendue de connaître davantage l'oeuvre du cinéaste qui a très longtemps collaboré avec son contemporain Wojciech Kilar, compositeur de musique polonais de renom.

Krzysztof Zanussi, c’est aussi le réalisateur de ce film poignant sur les dernières heures de la vie de saint Maximilien Kolbe. (Życie za życie. Maksymilian Kolbe, - Une vie pour une vie. Maximilien Kolbe, 1991). Pour notre part, ayant réalisés la traduction des sous-titres en français, nous démarchons actuellement  les ayant-droits italiens de ce film, pour une sortie DVD ou VOD. Elle s’impose, et ce, afin de faire connaître encore d’avantage le Père franciscain. Puisse-t-elle voir le jour et lever le voile qui occulte la vision des œuvres de Zanussi, tout particulièrement en France, patrie qui ne cesse de vouloir « gommer » ses racines chrétiennes.

 

Krzysztof Zanussi : « Les certitudes sont toujours dangereuses ; elles sont la marque d’un esprit torturé. Un homme ne peut se considérer vivant que s’il sait remettre en cause ses certitudes – ce qui ne veut pas dire qu’il faut cultiver le doute, qui relève de l’enquête.»

Sources :

Wikipédia, Encyclopédie du Cinéma (Bordas) de Roger Boussinot, Revue du Cinéma N°382, Avril 1983.


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