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La Vallée Close de ? Jean-Claude Rousseau

La Vallée Close de ? Jean-Claude Rousseau

Par  

L’art de filmer pour simplement ne pas oublier.

Un lieu : la résurgence de la Sorgue à Fontaine-de-Vaucluse, un livre de géographie, un tableau de Giorgione, un commentaire de Lucrèce par Bergson, une forme poétique de Pétrarque sont les éléments qui, agencés en un système circulaire de résonances et d’échos, composent "La Vallée close".

Toute leçon de géographie devrait être soit préparée, soit complétée par une étude sur le terrain, par une leçon-promenade. C’est par cette citation de Jean Brunnes extraite de Leçons de Géographie Cours élémentaire (81 dessins ou cartes) que commence ce film de 2h20min, tourné en super8.

Tel un Jonas Mekas et son journal filmé, un Alain Cavalier ou un Jean-Marie Straub, Jean-Claude Rousseau met en place une construction sur le mode d’un cours de géographie en une dizaine de leçons autour d’un seul lieu : Fontaine-de-Vaucluse, un petit village du Vaucluse et sa rivière, la Sorgue.

Le cinéaste nous  fait ainsi découvrir, avec une certaine poésie, des endroits qu’ils lui sont chers : une grotte, une forêt, une rivière, un croisement de rue, une fenêtre, une fête foraine,…

Le réalisateur laisse tourner sa caméra comme pour mieux laisser vivre le plan afin de capter quelque chose que lui-même ne semble pas trouver.

Il y a deux mois quant nous avons quitté l’école pour entrer en vacances, les jours étaient longs…  L’école, l’enfance et ses paradis perdus, voilà une thématique récurrente dans ce film rythmé par les saisons et ces leçons de géographie, ces leçons probablement apprises étant enfant, que le réalisateur semble se  réciter à lui-même comme pour retrouver ses souvenirs des jours d’école, du soleil qui se lève puis se couche, des salles de classes et son mobilier d’antant, d’une simple chambre à coucher aux tapisseries usées.

Pour mieux se repérer géographiquement dans sa propre mémoire, Il cherche une présence qui semble finalement lui échapper,

Sans doute cherche-t-il à l’immortaliser par la capture sur sa pellicule argentique. Sa caméra super8 devient alors  pour lui, l’outil cinématographique comme lien au réel ; un lien qu’il veut peut être créer entre le spectateur et ces thématiques et lieux  qui lui sont chers : le vide, le trou noir, l’être, l’eau et la lumière. Cet outil, le réalisateur le sait bien imparfait puisque  bien incapable de donner vie à toutes  ces odeurs propres aux éléments filmés. Le sachant bien, il n’hésite pas à jouer sur les deux éléments que sont le son et l’image, souvent désynchronisés. Ceux-là  se croisent, se recoupent afin de recréer une certaine vision poétique qui fonctionne assez bien auprès du spectateur qui ne pourra resté insensible à cet extrait en voix-off :

« Le mouvement des atomes est éternel. Lancés à travers le vide, soit par leur propre poids, soit par le choc des autres atomes, ils errent jusqu'à ce que le hasard les rapproche. Il y en a qui arrivent à se cramponner fortement les uns aux autres; ils forment les corps les plus durs. D'autres, plus mobiles, laissant entre eux de plus grands intervalles, constituent les corps les moins denses, l'air et la lumière. Enfin il en est qui n'ont pu se faire admettre dans aucun assemblage: ceux-là s'agitent inutilement dans l'espace comme ces grains de poussière qu'éclaire sur sa route un rayon de soleil pénétrant dans une chambre obscure… »

Depuis plus de vingt ans, Jean-Claude Rousseau construit une des oeuvres les plus singulières du cinéma d'auteur français, au carrefour de l'intime, du documentaire et de la fiction. Sa démarche radicale rapproche son cinéma de celui de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet (tous deux remerciés à la fin du film pour leur soutien).

La Vallée close, peut-être le plus beau de ses films, a remporté le Prix du Film documentaire au Festival EntreVues de Belfort en 1999. 

Le livre qui accompagne le DVD permet d'entrer dans l'oeuvre à travers un entretien entre Cyril Neyrat et Jean-Claude Rousseau. Le cinéaste revient sur la fabrication du film et les paroles qui l'habitent, détaille son travail et sa méthode. En retraçant la genèse du film à partir de photos et de nombreux documents, le livre révèle la démarche originale de l'auteur, son rapport à l'art et au monde. Un film tourné en 1995 qui mérite vraiment, tout comme son réalisateur,  d’être découvert.

Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=pL1hA1ksOfM

Dvd (Capricci) + livre : https://www.amazon.fr/Coffret-Vallée-close-livre-pages/dp/B001TQJHC6/

Distinction : EntreVues - Festival du film de Belfort - Belfort (France) - Prix du Documentaire (1999)


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