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Cléricalisme socialiste

Cléricalisme socialiste

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Qu’est-ce qui unit François, ancien député de la Corrèze, Manuel, supporter du FC Barcelone, Najat, demie sujet de sa majesté Mohammed VI, la guyanaise Christiane ? Une certaine conception du pacte républicain, conception issue des Lumières et qui réclame de chacun des individus qu’il accepte de renoncer à lui-même pour ne plus se définir que par son appartenance à la République. Se moquer de l’un ou l’autre du fait de ses origines, c’est montrer que l’on n’a rien compris à ce qui est au cœur du débat, à savoir la question de l’identité.

L’universalisme des Lumières procède d’un rationalisme colonisateur : parce que nous sommes des Lumières, nous aurions vocation à parcourir le monde pour faire progresser les sous-cultures vers LA Culture. L’individu est appelé à se dépouiller de son histoire, de ses identités, pour se laisser re-produire par les bons soins de la providence laïque et rationaliste de l’État. Il n’y a plus ni corrézien ni espagnol, il n’y a plus ni marocaine ni guyanaise, ni homme ni femme, mais seulement des luciféraires dont la mission est d’apporter au monde les bienfaits des Lumières.

Or les identités résistent. Lors de sa magistrale intervention à l’Assemblée Nationale, Nestor Azéro est venu de Saint-Pierre pour avertir des dangers que François, Manu, Christiane, Najat et les autres font peser sur le pacte républicain : leur rationalisme est une forme plus perverse encore de colonisation, et ceux qui y collaborent sont d’autant plus agressifs qu’ils s’imposent à eux-mêmes un renoncement qui n’est pas naturel.

Le Corrézien ne peut-il rester corrézien, ou bien est-il obligé de devenir ce personnage sans consistance, qui dit en même temps oui et non pour arriver le premier là où il n’est pas le meilleur ? La Marocaine, doit-elle renoncer à sa culture si hospitalière pour devenir l’agent d’un pouvoir qui cherche à exclure du débat public toute obédience qui ne relève pas du strict rationalisme, au nom duquel elle veut rendre insignifiante la différence des sexes ? La Guyanaise, faut-il qu’elle aussi renonce à sa culture si bienveillante, qui voit toujours l’autre d’abord comme un compagnon de route ?

La République des Lumières n’a pas su accueillir la diversité des cultures, parce qu’elle s’est construite dès 1789 comme une lutte sanglante contre la culture chrétienne dont elle tenait à la fois ses valeurs et la foi en l’universalité de la raison. Mais voilà : elle s’est trompée d’universel. L’universel chrétien, parce qu’il considère que la raison divine dépasse sans l’abolir la raison humaine, peut accueillir toute forme de rationalité et purifier sans abolir la culture à laquelle elle donne forme. L’universel rationaliste, au contraire, cherche à uniformiser parce qu’il se croit la seule forme légitime de rationalité. Il est colonisateur, là où le christianisme est évangélisateur. Il détruit les identités, là où le christianisme discerne ce qui enrichit de ce qui appauvrit la personne humaine.

C’est qu’il n’y a pour ce rationalisme que des individus indifférenciés que le « creuset républicain » doit fondre en une masse opaque pour les faire renaître sous forme de citoyens, sujets des lois qu’ils se sont donnés. Alors que le christianisme, comme culture, voient des personnes dont la nature préexiste à la société civile, avec tous ses droits naturels, dont celui par exemple de fonder une famille et d’élever ses enfants.

Attentifs aux leçons de l’histoire, François et ses collaborateurs pourraient relire ces mots que Pie XI adressaient au peuple allemand en 1937 confronté au national-socialisme :
«  Le droit naturel [est] inscrit de la main même du Créateur sur les tables du cœur humain et (…) la saine raison peut [l’] y lire quand elle n'est pas aveuglée par le péché et la passion. C'est d'après les commandements de ce droit de nature, que tout droit positif, de quelque législateur qu'il vienne, peut être apprécié dans son contenu moral et, par là même, dans l'autorité qu'il a d'obliger en conscience »1
La croyance au « tout culturel », portée par les « études de genre », par exemple, la médiatisation systématique de toute violence à l’intérieur des familles, contribuent à faire croire que, si tout est relatif, alors le pouvoir de l’État doit être absolu.

Alexis de Tocqueville avait autrefois formulé le fameux « théorème de la grenouille » : « Les maux que la liberté amène quelquefois sont immédiats; ils sont visibles pour tous, et tous, plus ou moins, les ressentent. Les maux que l'extrême égalité peut produire ne se manifestent que peu à peu; ils s'insinuent graduellement dans le corps social; on ne les voit que de loin en loin, et, au moment où ils deviennent le plus violents, l'habitude a déjà fait qu'on ne les sent plus. »2

Voilà donc qu’au nom de l’égalité, nos libertés s’évanouissent : celle de manifester, d’élever nos enfants selon nos convictions, de préserver l’institution matrimoniale, de voir respecter notre histoire3.

Et Tocqueville, dans ce texte chaque jour plus actuel, décrit l’individu déraciné fils des Lumières et le pouvoir qui le menace :
« Je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et, s'il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu'il n'a plus de patrie. »

Au-dessus de ceux-là s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle Si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

C'est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l'emploi du libre arbitre; qu'il renferme l'action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu chaque citoyen jusqu'à l'usage de lui-même. L'égalité a préparé les hommes à toutes ces choses : elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait. »2

Le saccage de notre héritage chrétien, regardé par certains comme un bienfait, passe aussi bien par destruction des églises que par celle de l’institution familiale. Il vise à (ré)-imposer le projet rationaliste des Lumières au mépris des libertés réelles et des droits les plus fondamentaux : droit de l’enfant à naître, droit du malade à ne pas vouloir mourir, droit des parents à pouvoir élever leurs enfants, droit des enfants à s’inscrire dans une filiation intelligible… Tout est bon, même l’islamisation de la France : sans doute Manuel et les autres pensent-ils que les musulmans au pays de Descartes se lasseront vite de cette étrange religion, à qui il ne prédit pas un grand avenir face à la rationalité des Lumières. Remplacer la chrétienté par l’islam, puis dissoudre l’islam par les Lumières ?

Or c’est cette rationalité des Lumières qu’il nous faut interroger à nouveau, avant que sa logique destructrice se manifeste à nouveau. M. Fillon avait raison sur ce point : c’est le sectarisme qu’il faut combattre, d’où qu’il vienne, et le sectarisme aujourd’hui dangereux est dans cette nouvelle religion rationaliste que l’on cherche à nous imposer.

Pie XI encore, décidément en avance sur son temps, faisait cette remarque qui pourrait aussi bien s’appliquer à toute entreprise d’éducation de la jeunesse par l’État : « Si l'État fonde une Jeunesse nationale, cette organisation obligatoire doit être ouverte à tous, et c'est alors - sans préjudice des droits des associations religieuses - pour les jeunes gens eux-mêmes et pour les parents qui en répondent devant Dieu, un droit incontestable et inaliénable d'exiger que cette organisation d'État soit purgée de toutes les manifestations d'un esprit ennemi du christianisme et de l'Église, manifestations qui, tout récemment encore et aujourd'hui même, mettent la conscience des parents chrétiens dans une insoluble alternative, puisqu'ils ne peuvent donner à l'État ce qu'il exige qu'en dérobant à Dieu ce qui est à Dieu. »1

Quand l’État se prend pour Dieu, le cléricalisme d’État prend tous les visages : celui de François, dont les yeux démentent sans cesse ce que dit la bouche ; celui de Najat, qui a l’air de rêver pour mieux nous endormir ; celui de Christiane, qui ne regarde personne mais méprise tout le monde ; et celui de Manuel, fermé pour que l’on ignore à quoi il pense en se rasant.

Et pendant ce temps, la courbe du chômage s’inverse, « à l’évidence ». Et si, au lieu de casser leur jouet, ils faisaient leur job ?
  1. Pie XI, Mit Brennender Sorge, 1937
  2. Alexis de Tocqueville, La démocratie en Amérique (1835)
  3. Je pense ici aux bretons qui se souviennent du traité du 4 août 1532, lequel prévoyait « à perpétuité » de conserver les « privilèges, franchises, libertés et exemptions anciennement octroyées et accordés par les Ducs de Bretagne », ce qui explique l’absence de péages en Bretagne.

Taubira, bonimenteuse socialiste et garde des sots
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