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Enseigner la morale laïque

Enseigner la morale laïque

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Enseigner la morale laïque : N’y a-t-il qu’une morale laïque ? En quoi est-elle laïque ? Peut-elle et doit-elle s’enseigner ?

Ce serait une grave erreur, pour qui s’interrogerait sur la nature d’une morale laïque telle que l’école de la République pourrait la transmettre, d’entendre la laïcité comme une négation de toute référence religieuse et non comme une question de justice : rendre à Dieu et à César ce qui est dû à chacun, donc ne pas donner à l’un ce qui est dû à l’autre. Une morale laïque n’est pas une morale qui se détourne de Dieu, c’est une morale qui n’introduit pas dans l’espace régi par César des considérations qui ne relèvent que de la foi en Dieu.

De sorte que si la laïcité protège César contre le pouvoir des clercs, elle protège aussi la conscience de chacun des prétentions des pouvoirs trop humains.

Plus qu’un ensemble de préceptes, la morale est une exigence que chacun rencontre en lui-même, qui le presse de chercher le bien et d’éviter le mal.

La réflexion morale, a fortiori l’enseignement moral, ne peut que s’appuyer sur cette exigence qui est en nous celle de la conscience morale, une exigence que l’on nomme la loi naturelle. C’est bien une loi, parce qu’elle place chacun devant l’obligation morale d’y répondre par ses actes. Elle est naturelle, non pas parce qu’elle serait biologiquement inscrite dans nos gènes, mais parce qu’elle appartient à notre nature humaine raisonnable.

Ainsi, en rejetant l’idée d’une nature humaine, ou en la réduisant à la biologie au profit de la culture, on se prive d’une référence précieuse et on abandonne la morale aux variations de la culture, soumises aux aléas de l’opinion et peut-être même à des intérêts politiques et économiques peu avouables. Si tout est culturel, si rien ne peut être jugé à l’aune de la nature raisonnable de l’homme, c’est l’arbitraire qui s’impose, même sous les traits de la loi démocratique, en une diversité de « morales du moment »…

L’Église catholique a la prudence de ne pas prêcher simplement la loi divine, comme si elle tombait du Ciel. Elle invite tout homme, et donc aussi le philosophe comme l’enseignant, à découvrir dans notre nature de personne, sujet libre et responsable de ses actes, sujet parlant et social par sa nature raisonnable, la source d’exigences morales communes, et donc laïques. Ces exigences se ramènent finalement à respecter en soi-même et en autrui le fait que, étant de nature raisonnable, l’être humain possède une dignité particulière que dit le nom de « personne ». S’ensuivent des droits très fondamentaux comme le droit à la vie, à la vérité, à l’éducation, engendrent autant d’obligation morales : ne pas tuer, ne pas mentir, ne pas manipuler, pour laisser cet être de nature raisonnable achever de devenir ce qu’il est : une personne.

Laïque, c’est une morale dans laquelle la conscience personnelle, dont toute la dignité consiste à se mettre à l’écoute de cette loi naturelle, est mise à l’abri de tout pouvoir, qu’il soit politique ou clérical. Elle n’est possible que si la loi reconnaît ce caractère sacré de la personne dès le commencement de sa vie et jusqu’à sa mort naturelle. Comme Antigone hier, l’Église aujourd’hui rappelle que la loi humaine n’est pas plus sacrée que la personne et subit la colère de Créon.

Le code civil (art. 16) dispose que « La loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l'être humain dès le commencement de sa vie. »

Toute morale relève d’une attitude profondément religieuse, en ce qu’elle nous relie à cette dignité sacrée et inviolable de la personne, dès le début de sa vie, c'est-à-dire de son existence… Quand notre recherche de l’absolu s’égare comme volonté de puissance, rationalisme étroit ou diktat de l’opinion, l’Église catholique au service des consciences est sans doute la meilleure alliée d’une juste laïcité : elle sait que ni l’État ni le peuple, pas plus qu’elle-même, ne sont Dieu.

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