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Génération Ni-Ni

Génération Ni-Ni

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Les soirées électorales sont devenues d’un rare ennui. Elles sont tellement prévisibles dans le cirque même qui se met en place. Ces acteurs de ce mauvais film TV jouent la sincérité mais on connait par cœur la pauvreté des répliques et le pathétique du scenario. C’est le bal des vierges effarouchées. Le Front jubile et les autres font la gueule et se font la gueule entre eux. Je peux écrire cette chronique à l’avance, comme un marronnier, c’est pratique. Et le second tour ne résoudra rien, puisque il y aura le troisième au sein des assemblées régionales. Et là, à coup sûr, on aura Front contre front d’un côté et Ni-Ni de l’autre, toutes les tentatives de sortir de l’enlisement seront sanctionnées d’exclusion au sein des partis socialistes et républicains. Comment voulez-vous que l’on respecte la démocratie ?

On notera quand même que l’on ne connaît pas encore le pouvoir de ces nouvelles régions ici ou là remembrées au profit des économiseurs d’échelles. On sait que, pour la première fois, ces dernières auront un pouvoir législatif, ce qui est un mouvement historique dans un pays qui a fait du jacobinisme l’arme ultime pour museler son peuple et promouvoir l’idéologie révolutionnaire. Mais nous ne connaîtrons l’étendue de ce pouvoir législatif en région qu’après les résultats. Le décret d’application précisera tout ça. Et j’imagine facilement que le pouvoir législatif sera plus ou moins étendu selon l’étendue de la défaite des socialistes. Tous les perdants pourront alors jubiler de souligner que les promesses de campagne ne sont pas tenues. Bon, mais ne cherchons pas toujours la petite bête et revenons à notre soirée électorale et aux déclarations prévisibles de l’armée de clowns blancs.

Du côté socialiste, c’est la guerre, la grande, celle des tranchées, on se place front contre Front. La gauche aime bien les vielles formules dialectiques. Le front républicain avait été une telle trouvaille pour suggérer, sans plus le dire, qu’en face, ils n’étaient pas républicains. Comme si l’objectif du Front National était de supprimer la République… Si cela avait été le cas, j’aurais voté spontanément pour lui à chaque fois. Mais les socialistes peinent à comprendre que ceux qui s’appellent républicains aujourd’hui, ce sont les anciens de l’UMP… Et former un front républicain, c’est un peu comme consentir à une fusion ou au mieux à une fusion-acquisition avec le grand parti de droite. Et ce que Les Républicains doivent enrager ! Eux qui choisirent ce nom entre autres choses pour sortir du syncrétisme UMPS rabâché par Le-Pen. Eux qui voulaient incarner le camp conservateur à l’américaine et qui se voient transformés, rattrapés par l’histoire de France, en « plaine » modérée assaillie par les Jacobins.

Du côté des Républicains, la fière génération Sarkozy qui jouait aux plus décomplexés de la classe, se transforme en génération Ni-Ni. Ni-Ni, voilà simplement la marque de fabrique d’un homme enlisé dans le ménagement. Sarko a raté son retour. Tout le monde l’aura compris. Le tapis rouge était pourtant là, déplié par la Droite Forte qui avait gagné la bataille interne des idées. Mais il faut croire que la route était trop tracée. Sarko préféra ne plus déplaire, lui qui avait été si clivant… C’est terrible de ne pas vouloir déplaire, cela revient presque à faire le trottoir et à laisser en conséquence le tapis rouge pour d’autres. Quand on pense à la formule « Génération Sarkozy », cela parait aujourd’hui aussi incroyable que de penser qu’un François Feldman ait pu avoir du succès et faire des tubes. La pseudo neutralité de l’attitude ni-ni voudrait imiter la Suisse et finira envahie comme la Belgique à chaque grande guerre électorale. Et les électeurs dans tout ça ? Ils n’appartiennent à personne ni au front républicain ni au Ni-Ni. « Les consignes sont faites pour les gares », dirait notre cher Philippe de Villiers. Le seul choix qui va bientôt subsister pour ceux qui ne sont pas immédiatement hilares de voir le Front gravir les marches du pouvoir, est de rester chez eux. « Le jour des élections régionales, je reste dans mon lit douillet, … » Non, je ne fait pas l’apologie du vote blanc, je suggère simplement la généralisation du vote nul. Il faut savoir se mettre au niveau de nos politiciens. Ils auront le peuple qu’ils méritent. Et nous pourrons mettre un DVD plutôt que de contempler une étape de plus dans le naufrage de la démocratie française.


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