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L'économie pour les nuls

L'économie pour les nuls

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La dette se creuse (toujours)


Comme souvent, Didier Migaud, Premier Président de la Cour des Comptes, a joué cette semaine l'oiseau de mauvais augure. Comme toujours, il a annoncé que les prévisions du Gouvernement étaient trop optimistes. La technique de com'est rodée, c'est ensuite Jean-Marc Ayrault qui a confirmé que l'objectif de 3,7 % de PIB de déficit ne serait pas tenu. Pour rappel, le candidat Hollande nous promettait un retour sous les 3 % dès la première année de son mandat. Rappelons aussi que la TVA sociale a disparu rapidement au printemps 2012 pour réapparaitre dès l'automne sous un autre nom et pour une mise en application au 1er janvier 2014. Bref, au vu des résultats économiques de la majorité d'une part, et de sa cohérence d'autre part, on peut légitimement se demander s'il y a un capitaine dans le pédalo.

Un problème de conjoncture ?


Dans les rangs socialistes, on accuse naturellement la conjoncture, la "crise". Son impact est considérable, on ne peut pas le nier. Mais force est de constater qu'il est possible de faire mieux, que notre voisin allemand fait mieux, que le vieillissant Japon fait mieux ! Que faut-il donc faire avec la conjoncture ? Il faut s'adapter à elle : fourmi quand tout va bien, cigale mais pas trop quand ça va moins bien.
François Hollande semble hypnotisé par le chiffre du déficit, comme un automobiliste sur son compteur de vitesse à l'approche d'un radar. Pour l'améliorer, plus de 30 milliards de prélèvements supplémentaires ont été décidés, entre autres avec la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires. Le locataire de l'Élysée semble penser que les Français sont corvéables à merci, et que les impôts en éternelle hausse resteront à jamais supportables. Le cercle vicieux est enclenché : taxe, démotivation, re-taxe, re-démotivation… Quand l'économie va mal, l'urgence n'est pas à rétablir absolument l'équilibre des comptes mais à éviter l'aggravation de la situation des finances publiques sans achever de tuer l'activité. Les économistes savent bien que l'impôt décourage l'investissement et le travail. Les politiques aussi le savent. Eux-mêmes ne cherchent-ils pas, par exemple, à décourager les fumeurs par une taxation importante ?
Cependant, l'erreur, la faute, le péché originel n'est pas tant actuel que passé. Était-il si difficile pour Dominique de Villepin de réduire un peu plus le déficit, quand le chômage était tombé à 7 % de la population active ? Était-il absolument impossible de ne pas dépenser la "cagnotte fiscale" de Lionel Jospin ? Bref, en plus des mauvaises décisions présentes, les Français paient trente ans de laxisme budgétaire. Ils l'ont bien cherché, bien fait pour eux !

Stop aux sempiternelles réformettes


Certes, il n'y a rien de très original à souhaiter un grand soir fiscal - Alain Juppé réclamait encore il y a peu la fusion de la CSG et de l'impôt sur le revenu1, avec en ligne de mire le prélèvement à la source - mais la situation est plus urgente que jamais. Les impôts et taxes diverses sont si nombreux que Bercy lui-même ne saurait les dénombrer avec certitude. Les entreprises dépensent plus d'énergie à établir des modèles financiers et fiscaux qu'à développer leurs marchés. Le règlement des impôts des plus fortunés relève davantage de la négociation entre avocats que de l'application de la loi. Les taux changent tous les ans, les règles de calcul aussi, sans parler des prélèvements rétroactifs.
Malheureusement, les raisons de douter qu'un tel bouleversement ait un jour lieu sont nombreuses. Une des plus évidentes étant, bien sûr, l'éternelle tentation de réduire les assiettes et d'augmenter les taux ; il est vrai qu'électoralement parlant, il est beaucoup plus intéressant de faire quelques (très) mécontents et beaucoup d'heureux.

Un peu de pragmatisme


Au-delà même de ces réformes qui n'en sont qu'une conséquence, c'est un état d'esprit qu'il faut acquérir : le pragmatisme. Contrairement à la politique, l'économie ne repose pas sur des valeurs mais sur un objectif : la maximalisation des richesses. Il faut sortir des dogmes et admettre quelques vérités.
  • Acheter du "Made in France" n'est pas la solution miracle. La consommation intérieure ne suffit pas : l'Allemagne tire une grande partie de sa vigueur économique des exportations de machines-outils très demandées en Chine. Les pays qui cherchent à vivre en autarcie sont rarement des démocraties.

  • Le travail ne se partage pas. Si c'était le cas, avec une retraite à 60 ans et 35 heures de travail hebdomadaires, la France serait le pays européen le plus compétitif.

  • Le capitalisme ne prend pas aux pauvres pour donner aux riches. A l'échelle mondiale, le capitalisme prend aux riches occidentaux pour donner aux pays émergents. Une économie prospère et bien gérée fait émerger des classes moyennes, comme ce fut le cas pendant les Trente Glorieuses.
D'autres discours seraient sûrement beaucoup plus agréables à entendre. Mais la situation est telle que l'heure n'est plus à notre confort, mais à la vérité et à regarder les choses en face pour avoir une prise sur elles. N'est-ce pas Monsieur Hollande ?

  1. BFM politique 23/06/2013

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