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La droite est un bouquet de violettes

La droite est un bouquet de violettes

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Entre la fête BBR et la fête de l’huma, force est de constater que jusqu’à maintenant, on cachait sa joie. Jusqu’à ce que la droite forte invente l’an dernier la fête de la violette. Cette année, pour la deuxième édition, le 5 juillet dernier, toujours en Sologne à la Ferté-Imbault, ce fut au tour de Rachida Dati d’être l’invitée d’honneur, après J. F. Copé l’an passé. D’autres figures de la droite s’y sont également rendues, aux côtés des deux fondateurs de la droite forte, Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, on a trouvé Brice Hortefeux, Luc Châtel ou encore Frédéric Nihous. L’objectif était clair : connecter les élus avec le peuple militant et ancrer l’UMP fièrement à droite.

La droite n’est pas une gauche réactionnaire

Tout est à la fois symbole et réalité avec la fête de la violette. Le but est de manifester son ambition, de montrer ce que l’on veut incarner. Aux militants, au monde politico-médiatique, et au peuple. Parmi ces symboles, il y a bien sûr la réalité de l’ancrage territorial. La Sologne est cet écrin. À proximité d’aucune gare, d’aucun aéroport, ce qui apparait comme une marge devient le cœur même de la vie politique vers où plus de 2600 militants ont convergé en car, ou regroupés dans des autos.

Notons que la fête de la violette n’est pas la fête de la droite forte, disons pas uniquement, elle se veut la fête de la droite. Ce n’est pas le rassemblement d’un courant ou d’une niche dans un parti, mais une invitation d’abord à tout l’UMP, et au-delà à tous ceux pour qui le mot droite signifie un engagement. C’est là le positionnement de la mention majoritaire à l’UMP, et c’est ce qui la distingue des autres courants comme la droite populaire, la droite sociale, la droite humaniste ou encore des nouvelles niches comme « sens commun ». La droite forte veut incarner toute la droite. C’est le suzerain plus puissant que le souverain, l’empire Plantagenêt en royaume de France. La droite forte risque de tant grossir qu’elle se fera aussi grosse voire plus grosse que l’UMP elle-même.

L’objectif de la fête est également d’en finir avec la droite honteuse. La droite n’est pas cette opposition qui freine le mouvement inexorable du modernisme quand elle est au pouvoir, cette opposition qui se contente d’aller moins vite vers le projet humaniste de gauche. Les militants de l’UMP n’ont plus à s’excuser d’être de droite puisqu’on leur organise une fête. Il y a un culot existentiel dans cette démarche, un culot à défier ceux qui se sont autoproclamés le camp du bien, ceux qui ont décrété le monopole du cœur, ceux qui affirment jouer à domicile depuis mai 68. À la fête de la violette, on comprend que la droite n’est pas relative à la gauche, elle ne se définit pas par rapport à elle, elle se situe. La droite n’est pas non plus ce mouvement contraire à la République, et la gauche peut souffler tant qu’elle veut sur les braises de l’esprit révolutionnaire, elle ne s’appropriera pas la France et sa structure politique, la République. Dans les slogans de la droite forte, on trouve naturellement : « nous sommes fiers d’être de droite », c’est à dire nous avons un projet pour la France, un projet républicain pour la France différent de celui de la gauche. À la tribune, Guillaume Peltier scande : « nous sommes fiers de notre Histoire, et impatients d'écrire la suite. »

La fête de la violette rapproche les élites du parti du peuple militant car depuis le premier quinquennat de Sarkozy, elle a compris que les corps intermédiaires éloignent l’élu de la réalité du terrain, que les médias fabriquent progressivement l’opinion pour que ceux qui ont pris le pouvoir n’en fassent finalement pas grand-chose. Syndrome Chirac obsessionnel. La fête de la violette est l’outil idéal de connexion permanente au peuple militant. Sur le Huffingtonpost du 4 juillet, quatre jeunes élus, investis dans diverses régions de France, ont témoigné en parlant de Peltier et Didier : « Voici deux jeunes responsables, encore peu connus, qui entreprenaient ce qui nous paraissait jusque-là l'impossible : donner priorité à la base militante. »

Une fronde légitimiste

Si la fête de la violette est là pour parler aux militants et leur donner la première place, les stratèges de l’UMP ne s’arrêtent pas là pour servir les idées de droite. Le 26 juin, dans Valeurs Actuelles, on apprenait que 4 mousquetaires s’unissaient pour une Une, et pour l’UMP. Dans une tribune, les anciens ministres Rachida Dati et Laurent Wauquiez, l'ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, et le cofondateur de la Droite forte, Guillaume Peltier ont tiré la sonnette d'alarme sur la situation du parti. Dénonçant « la démission idéologique » de l'UMP, ils appellent à « une révolution des valeurs » et une droite qui « assume son identité ». Tous refusent une « droite centriste ».

D’aucuns diront qu’ils ont déjà connu ce genre de fronde. Ils citeront les quadras de 1989 qui voulaient rénover la droite. Sauf que nos mousquetaires que certains voient comme des frondeurs, ont l’originalité historique d’être légitimistes. Leur légitimité est triple. Tout d’abord, ils se sont choisis comme héraut l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, plutôt que de se vautrer dans un droit d’inventaire perdant-pédant. Ils sont également légitimistes parce que non seulement ils ne renoncent pas à leur identité de droite mais la revendique. En résumé : ce n’est pas Le Pen qui nous met à droite. Nous sommes et avons toujours été à droite et la droite a toujours été nous. Troisième preuve de légitimisme : le peuple. Geoffroy Didier à la fête de la violette le rappelait samedi dernier : « Nous n'attendons pas que Nicolas Sarkozy soit le candidat préféré des médias, mais le candidat du peuple. » Les frondeurs ne le sont donc pas tant que ça. Et ceux qui souhaitent se maintenir coûte que coûte à la tête de l’UMP avec tous leurs mandats en poche, sont ceux qui éloignés depuis trop longtemps du pays réel, suivent tout essoufflés qu’ils sont, l’opinion fabriquée par les médias de gauche et le milieu affairiste parisien. Ces apparatchiks, qui se regardent dans un miroir déformant selon Guillaume Peltier, ont tellement la trouille qu’ils se mettent à se parjurer devant le premier journaliste venu et à nier qu’ils ont un jour été de droite et à promettre à chaque micro tendu que l’avenir est au centre pour ne pas dire de l’autre côté. Les apparatchiks qui veulent placer l’UMP au centre sont à côté de la plaque et l’originalité des frondeurs de la droite forte et de tous ceux qui s’y fédèrent pour une Une ou une fête, est d’incarner la légitimité à droite.


Qui a peur d’une droite forte ?
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La droite n'osant pas être de droite…
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