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Les Champs-Maginot

Les Champs-Maginot

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En 1940, la défense française était transpercée dans les Ardennes. La célébrissime ligne Maginot, elle, demeurait impénétrable mais inutile.

Hier, pour le second samedi de manifestation parisienne des gilets jaunes, le dispositif de police placé sur les Champs-Elysées est demeuré impénétrable mais inutile… Inutile pour le maintien de l'ordre, puisque le champ d'action des casseurs n'a été que déplacé. Inutile politiquement, parce que le désordre ne décrédibilisera le mouvement ni aux yeux des gilets jaunes eux-mêmes, ni aux yeux de 85 % de Français qui les soutiennent.

Sur le plan tactique, la mécanique policière envisagée hier par le pouvoir souffrait de deux vices de conception évidents :

  • la naïveté de penser que les gilets jaunes se plieraient de bon gré à un système de parcage et de possible fichage ;
  • l'immobilisation d'une quantité de ressources statiques sur les Champs et autour du Palais, qui empêchait toute réplique rapide pourtant indispensable dans les opérations de contre-insurrection.

Une semaine auparavant, déjà, le lieu de rassemblement que l'Etat voulait imposer aux manifestants fut déserté par les gilets jaunes ; la légèreté du dispositif avait cependant permis à la préfecture de police de concentrer ses forces sur la plus belle avenue du monde. L'exécutif devra s'y résoudre : si les officiers austro-russes ont accepté de se laisser piéger sur le plateau de Prätzen, les gilets jaunes ne se laisseront jamais enfermer, que ce soit au Champ-de-Mars ou aux Champs-Elysées.

Enfin, au soir des troubles, Christophe Castaner annonçait ne pas pouvoir mobiliser davantage de forces en cas de nouvelle manifestation. On sait bien qu'un général ne lance toutes ses forces dans la bataille que lorsqu'il a déjà gagné… ou perdu.

La stratégie politique de l'exécutif semble collectionner des erreurs similaires à celles de son maintien de l'ordre. Trop statique sur ses positions, Emmanuel Macron semble vouloir se fixer dans des tranchées idéologiques. Incapable de penser la manœuvre de la guerre de mouvement, le pouvoir s'entête à une confrontation frontale avec le Peuple qu'il est supposé représenter ; excusez du peu.

Qu'il s'y décide finalement, ou que les événements l'y contraignent, le pouvoir devra se résoudre à bouger. L'enlisement du mouvement n'est jamais une option viable quand la colère est le fruit d'une contestation fiscale. L'affrontement face à l'immense majorité des Français est inconcevable sauf à vouloir accroître le mécontentement. Ne reste plus que l'option du mouvement pour éviter l'explosion… Mais il y a longtemps que la République ne marche plus.


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