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Pas assez d’Arabes à Toulouse ?

Pas assez d’Arabes à Toulouse ?

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Il fut un temps où le simple fait d’être juif permettait d’être immédiatement absout par le camp du bien quand une vérité avait l’outrecuidance d’être prononcée. Mais il faut croire que Charlie nous a fait rentrer véritablement dans des années de plomb, car l’expression publique opposée au multiculturalisme est devenue plus qu’impossible : hors-la-loi.

Les faits, vite ! Aviv Zonabend, conseiller municipal de Toulouse, en charge des relations avec les villes jumelées, a déclaré qu’il y a « trop d’Arabes à Toulouse » lors d'une émission radio alors qu'il était en Israël. En république multiculturaliste, il ne faut pas être le dernier à réagir si on veut garder son poste. Jean-Luc Moudenc s’est donc empressé de réclamer la démission dudit conseiller municipal. Il faut dire qu’il y a une véritable tradition de tiédeur radicale dans cette ville rose.

L’élu oiseau de mauvaise augure précise : « J’ai été interrogé sur l’affaire Merah et j’ai répondu dans un hébreu hésitant, une langue que je ne maîtrise pas. Je ne voulais pas parler d’Arabes mais d’islamistes. Je n’ai rien contre les Arabes et j’entretiens d’excellentes relations avec la communauté musulmane. Je voulais insister sur le fait qu’il y a trop d’islamistes à Toulouse. Je suis très clair. J’en ai après les islamistes mais je n’ai rien du tout contre les Arabes. » Le pauvre s’enferre ! Pour les censeurs des années de plomb, c’est du pareil au même. L’amalgame entre tous ceux qui ont une voix discordante est pratiqué pour consolider la cage aux phobes. Trop d’arabes, trop de musulmans ou trop de djihadistes… Le choix du vocabulaire peut éviter le procès, mais absolument pas la vindicte des élites publiques.

Moudenc, en homme sérieux, a enquêté et a obtenu "la traduction assermentée de l'interview" donnée en hébreu. Le conseiller municipal délégué interviewé par la radio israélienne Galatz a répondu "beaucoup trop" à la question posée par le journaliste "Combien y-a-t-il d'Arabes à Toulouse ?". Ce qui a été dit, a été dit. Trop tard, le couperet tombe ! L’élu est démis de ses fonctions contre son gré par le premier capitoul de la ville, Jean-Luc Moudenc ! La petite leçon de morale vient en cerise sur ce gâteau indigeste : « Ces paroles sont en violation profonde avec l'esprit de tolérance et de respect qui constitue la boussole de mon engagement et de celui de toute mon équipe dans sa diversité. » La fameuse diversité choisie comme un label…

La question qui vient immédiatement est : qu’aurait-il été possible de dire en langage républicain ? Peut-on dire qu’il y a beaucoup d’Arabes ou beaucoup de musulmans à Toulouse ? Une phrase sans jugement puisque le trop est parti. Quoique le beaucoup est subjectif… A partir de combien monsieur Moudenc pourrait-on dire beaucoup ? Nous faudra-t-il attendre que lesdits Arabes soient majoritaires pour s’autoriser à le dire ? Non véritablement, je crois que la seule phrase licite est et sera : il n’y a pas assez d’Arabes à Toulouse. Tant qu’il restera des blancs, tant qu’il restera des juifs, il n’y aura pas assez d’Arabes selon le citoyen suicidaire du multiculturalisme.

En réalité, la question du « trop » aurait la faculté de nous questionner sur nos capacités d’accueil et sur les effets provoqués par une immigration massive de peuplement sur notre civilisation. Car le « trop » l’est toujours par rapport à quelque chose. Le « trop » invite à l’analyse politique… Par exemple si je dis qu’il y en a trop pour que l’on puisse garantir une intégration sociale à chacun, qu’il en arrive trop pour garantir les conditions de sécurité dans les quartiers, qu’il y en a trop pour conserver notre identité et garantir le respect de nos lois… Ce n’est pas le refus de l’étranger, c’est juste de la politique. Humanisme et fermeté dirait l’algorithme en chef qui prit l’Elysée il y a un an.


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