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Valls et Dieudonné sont sur un bateau…

Valls et Dieudonné sont sur un bateau…

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Les heures sombres


Les heures sombres de notre histoire reviennent. Et on se souviendra que c’est par l’interdiction administrative d’un spectacle d’un comique que cela a commencé. Certes comme dit Paul Valery « le pouvoir sans l’abus n’offre aucun charme », cependant on aimerait bien se passer de l’abus systématique de ce gouvernement. Le charme utilisé est bien sûr le discours moralisateur de l’empire du bien. Donc inutile de tourner autour du pot très longtemps, Valls a tort, parce qu’il a le pouvoir, parce qu’il prend une décision liberticide en inféodant le Conseil d’État et en méprisant la justice, parce qu’il crée délibérément depuis trois semaines les conditions du désordre alors que son boulot est censé lui prescrire le contraire. Bien. Cette décision révèle une fois de plus le pédigree idéologique de ce gouvernement de révolutionnaires. La victime quant à elle, le fameux Dieudonné M'bala M'bala, ne représente pour autant pas le symbole contraire à cette idéologie. C’est la raison pour laquelle cette guerre de l’idéologie révolutionnaire contre ses propres excroissances devrait nous laisser dans la marge jouir tranquillement de ce spectacle d’auto-mutilation de la République.

Dieudonné tombe à l’eau


Valls vient de jeter par-dessus bord le rejeton de l’idéologie dont il est le propre gardien, comme le cerbère de la Révolution qu’il a l’ambition d’incarner. Le piège serait de lancer une bouée, le piège serait de le prendre à bord de notre radeau de la méduse qu’est devenue notre patrie. On s’étonne, et certains s’en félicitent, que Dieudonné qui a commencé dans le spectacle antiraciste de glorification de la France multiculturelle, finisse dans le comique pour antisémites non assumés de type « shoananas ». Il n’y a pourtant rien de plus logique que cette évolution. L’antiracisme dont est issu Dieudonné est une excroissance idéologique révolutionnaire ayant pour axiome de base la haine de tout ce qu’a été la France, de tout ce qui l’a faite. La haine se déplace ? Non. Elle enfle. On passe insensiblement de l’humour anti-français à l’humour anti-juif.

Avec cet humour, Dieudonné se fait le porte-parole de la France des petits et des exclus contre celle des banques. On surfe sur un marketing de banlieue. Cela fait combien d’années que les paraboles sont arrivées comme de multiples soucoupes d’une flotte d’invasion extraterrestre ? Combien d’années qu’elles diffusent un discours de haine ordinaire contre les Juifs et les Chrétiens véhiculé tantôt sous un ton potache, tantôt sous un ton de colère. L’application moderne et médiatique du programme coranique : "vous qui croyez ! Ne prenez pas les Juifs et les Chrétiens pour alliés. Ils sont alliés les uns des autres. Quiconque parmi vous les prend pour alliés sera des leurs. Dieu ne guide pas les traîtres." (Coran 5:51)

Oui, Valls a raison quand il dit que Dieudonné fait commerce de la haine. Il fait juste semblant d’oublier qu’il fait le même commerce depuis le début, que son évolution est logique. Combien de fois faudra-t-il redire que tout humanisme mène au camp, qu’il y a un continuum idéologique des lumières philosophiques à Auschwitz ? Alors pourquoi les Juifs ? Tout simplement parce qu’ils sont ontologiquement et culturellement reliés à Dieu. (Ceci mériterait, soyons en conscients, un développement mystico-politique dans d’autres textes.) Comme le projet révolutionnaire est au final de tuer Dieu, ou de nous faire croire qu’il n’existe pas, il y a toujours un moment où les Juifs cristallisent l’attention des révolutionnaires. Mais pour Valls, c’était trop tôt.

Nous ne sommes pas revenus dans les années 30. Toute comparaison serait une négation de la composition actuelle de notre population hexagonale. Soral n’a rien à voir avec Lucien Rebatet. Nous sommes là confrontés à un antisémitisme de gauche remis au goût du jour considérant toujours que le capital est aux mains des Juifs. Dieudonné et Soral sont bien l’extension du parti au pouvoir et c’est pour ça qu’ils gênent.

Chacun sa querelle, chacun sa quenelle


Les ennemis de mes ennemis n’ont pas forcément grand-chose à voir avec moi. Surtout si ces ennemis là ont été engendrés par le pouvoir afin de mieux amalgamer tous ces opposants dans un collectif non fréquentable. Il est indispensable et vital intellectuellement de ne pas se laisser aller à faire des quenelles le 26 janvier, jour de colère et encore moins le 2 février, jour de la manif pour tous. C’est un piège. Faute de voir le mouvement opposé au mariage pour tous se radicaliser comme il le prédit depuis le début, Valls a cherché à mélanger cette cause avec d’autres moins fréquentables aux yeux des médias. Il a essayé le coup de la banane et il veut transformer l’essai avec la quenelle. Il enverra des flics en civil faire la quenelle dans les cortèges du 26 janvier et du 2 février pour dire au monde entier à quel point la réaction unifiée devant lui est assimilable au nazisme.

Tout est bon pour détruire ce gouvernement y compris l’action de ses surgeons idéologiques et comiques. Mais ne nous trompons pas de combat. La France que nous défendons n’est pas cette France multiculturelle jalouse de l’intégration réussie des Juifs, symbole du pouvoir blanc. Le but du ministre de l’intérieur est d’amalgamer sa propre excroissance de haine avec la contre-révolution. Ce n’est pas parce que les réactions immédiates et disproportionnées de la Licra à la moindre remarque sur les Juifs nous agacent que nous devons donner dans la Quenelle de ralliement, symbole de ce groupe proche de Soral qui se dit social-nationaliste, juste pour jouer sur les mots.

Robespierre n’est pas drôle


Dieudonné est drôle, avouons-le. Même dans ces blagues antisémites les plus lourdes, nous pouvons encore esquisser un sourire. Cependant Soral, lui, n’est pas drôle. Du tout. Dieudonné est la branche comique du mouvement politique Égalité et Réconciliation de Soral, comme il y a des branches politiques de groupes terroristes. Égalité et Réconciliation ? Quel programme ! Coupons des têtes pour se mettre tous derrière le drapeau ensanglanté de la République. Nous savions que Valls tenait la main de Robespierre mais Soral et Dieudonné aussi, de l’autre côté. Alors chanter la Marseillaise en faisant la quenelle est très cohérent, comme de faire le salut nazi sur le chant des partisans. La synthèse des humanismes est parfaite. Mais ce n’est pas pour nous.

Valls et Dieudonné sont sur un bateau, Dieudonné tombe à l’eau (poussé par Valls). Souhaitons que Dieudonné fasse chavirer la barque. Faisons des vagues et des vagues pour l’aider et surtout, achever de noyer les deux.

Pourquoi faire taire Dieudonné ?
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Valls, le paon fatigué fatiguant
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Valls s'en prend à Goasguen
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