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Veilleurs promis aux lions

Veilleurs promis aux lions

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À tous les veilleurs assis, debout, ou, comme le voudrait notre gouvernement, couchés, prenons conscience que le combat mené à travers la France n’est autre que le seul combat pour la liberté. C'est un gros mot lâché rapidement appartenant aux mythes des coupeurs de têtes se bécotant sur les barricades. Et pourtant, il ne s'agit que de ça. Votre existence ne peut être réduite à la simple expression d'un citoyen ou d'un consommateur, deux concepts aux contours se chevauchant. Être veilleur signifie imposer sa personne au collectif, c'est immerger solitaire de la nasse, refuser le statut d'organe.

Le fond a été touché en 1975


Nous entendons parfois : « cette fois-ci, on touche le fond » ou « on ne va pas tarder à toucher le fond ». C’est que les spectateurs de la chute n’ont pas bien vu. Le fond a été touché en 1975. Depuis, on ratisse toute la surface, gratis. On ne peut pas dire que le mariage homo soit pire que 220 000 avortements par an. On ne peut pas dire que la destruction du mariage, de l’altérité dans la relation, de la famille soient pires que la quasi-interdiction donnée aux handicapés de naître. Les Petrucciani d’aujourd’hui ne sont pas autorisés à vivre leur vie de merde analogue à celle des pousseurs de mails que nous sommes. Le jeunisme s’installe avec plus d’efficacité dans une démocratie populaire qui inverse les valeurs et les définitions que dans n’importe quelle dictature ultra-violente. Le changement de civilisation avait déjà eu lieu. La loi sur le mariage homo n’est là que pour enfoncer le clou déjà planté aux quatre extrémités de nos membres. La loi Taubira n’est là que pour nous rappeler que nous sommes au fond depuis quasiment 40 ans, et que la société s'y étale. Et la répression policière disproportionnée d’un gouvernement fébrile face à une génération qui se réveille révèle la véritable nature de ce régime dans lequel nous vivons. La démocratie s’étale tant que, mollement, le peuple consomme, vote et « rote tout seul dans sa mangeoire » 1. La démocratie s’efface devant l’esprit de 1793 quand le peuple se réveille, refuse désormais d’être endormi et se met simplement, avec un livre, à veiller.

Il y a un devoir aujourd’hui de corriger la lâcheté de nos aînés repus, cette génération la plus riche de tous les temps, anesthésiée par le confort, et paralysée par le terrorisme intellectuel. Les veilleurs ont ce rôle d’exprimer la possibilité d’exister. L’enjeu est de placer la personne humaine comme principe premier de toute politique bien avant que n’émerge sous forme de mole l’ensemble des citoyens-consommateurs. Tout ce qui intéresse la personne, son existence irréductible doit intéresser les veilleurs. Demain, l’euthanasie sera le prochain combat de ceux qui ont retourné la charité sur elle pour nous faire la morale à l’envers. Demain, l’Internationale chantera « le gender sera le genre humain ». Demain, on vous dira de vous consommer les uns les autres pour une dissolution totale de toute culture. Et ce qui résumera le combat à mener sera l’opposition entre la personne et la matière, le refus de tout matérialisme.

Tout avenir se situe hors de la loi


Le Christ nous a promis l’épée, le Pape François nous rappelle chaque semaine tantôt d’être hors-la-loi, tantôt révolutionnaire, tantôt à contre-courant. Ce n’est pas une incitation au terrorisme, mais une invitation au martyr. Comme toujours. Et pourtant, il semblait bien que l’habitude ait été perdue dans notre Occident de risquer de tout perdre. Il est peut-être temps de cesser de servir une idéologie révolutionnaire dans l’attente de faire la carrière qui nous permettra d’influencer autrement la destinée de la société. Puisque nous ne serons jamais aussi riches que la génération 68, puisque nous ne serons jamais au pouvoir aussi longtemps qu’eux, puisque nous sommes déjà au chômage, il est peut-être temps de risquer davantage. Tout. Comme l’écrit Fabrice Hadjajd2 : « Nous sommes donc dans la meilleure des époques de l’Histoire, et nous sommes aussi dans la pire et demain sera meilleur et pire encore. » Le pire nous le connaissons, inutile de détailler la panoplie de mesures. Le meilleur, en revanche, a besoin d’être mis en lumière. C’est cette capacité à se désembourgeoiser, à reprendre pied dans notre faille métaphysique, c’est ce qui est propre à ceux qui ont reçu une âme humaine, ceux qui se distinguent des hominidés qui les entourent, ce désir de se relier à l’invisible, au surnaturel. Voilà bien la distinction de l’homme libre dans les forêts de ceux pensés par ce qu’ils consomment.

Le piège tendu par les révolutionnaires de seconde zone qui nous gouvernent aujourd’hui est simple : nous faire perdre toute espérance. C’est ainsi qu’ils peuvent nous pousser à l’abandon ou à la violence, au refus de participer comme repli réactionnaire ou au terrorisme qui n'est que gâchis. Conscients et éveillés, nous ne nous laisserons pas coincer. Nous ne nous ferons pas exploser en place publique, nous ne nous engoncerons pas dans notre fauteuil-club et notre liqueur loin du monde. Nous ne ferons qu’exposer notre existence face au système, comme le jeune Chinois devant les chars de Tian'anmen. L’enjeu est celui de la liberté et de la dignité de chaque personne. Qu’un homme puisse opposer sa liberté simplement en étant torse-nu, en offrant son gras du bide aux crocs des lions, c'est le résumé de notre projet. Le message n’est pas sibyllin : pour supprimer notre pensée, il faudra nous supprimer. Hollande et ses ministres ne trouveront le repos qu'après nous avoir réduits au silence. Et au premier d'entre nous qu'ils tueront, nous aurons gagné. Au premier d'entre nous mis en prison arbitrairement, nous aurons gagné. Nous avons déjà gagné.

Des souvenirs pour la France


Le sang des martyrs qui coule a permis aux terres de devenir civilisations. L’injustice et les violences policières à l’œuvre depuis le début du mouvement de La Manif Pour Tous, dont on ne cesse de prédire les futurs dérapages et qui n’arrivent jamais, sont la rançon nécessaire au retournement de notre civilisation dans l’histoire à venir. Avec plus de 1000 arrestations et 600 GAV, nous disposons d’une génération passée en formation éclair pour conforter définitivement son engagement politique. Être brutalement jeté à terre ou gazé à bout portant, passer 48 à 72 heures en garde à vue, passer deux mois en prison à Fleury-Mérogis, voilà bien de quoi éprouver pour une vie qu’il reste à écouler, l’obligation morale à agir en politique, à s’opposer aux lois qui détruisent la personne humaine. L’injustice dont nous sommes témoins irrigue, comme le sang des martyrs, l’Histoire. On ne peut voir les veilleurs, Hommen, Salopards, Antigones, Dolmen, … que comme les témoins d’une civilisation, que comme des passeurs d’histoire. À tous les veilleurs assis, debout, ou, comme le voudrait notre gouvernement, couchés, vous créez des souvenirs à la France. Et soyez certains de la vocation de la France. Le monde nous regarde car nous sommes le processeur de l'Occident. L’Occident est devenu révolutionnaire depuis que nos institutions et notre culture officielle ont épousé l'idéologie. Et nous croyons à la réversibilité. Vous êtes les derniers à savoir que chacun de vos actes, chacune de vos paroles met en jeu la gloire de Dieu et le salut du monde bien avant qu'une efficacité de ces derniers aient été constatée.
  1. Madame la misère - Léo Ferré
  2. Comment parler de Dieu aujourd'hui : Anti-manuel d'évangélisation - Fabrice Hadjadj - éditions Salvator - ISBN 2706709413

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