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Le jour qui vient

Le jour qui vient

Par  

Plein phare pleine face. Horizon de feu froid. Soleil à plat ventre. Mer argent à vermeil. Souffle léger de sel poisseux. Trop chaud trop froid en même temps. Tiède au-dedans. Météo de ma patience. Je suis assis sur cette plage au bord du monde. Devant les allers retours de l’eau, tournant le dos à la masse, faisant face à l’horizon qui ose me limiter. Et dire que je t’ai cru ! Je t’ai attendu plusieurs jours, tu sais. Au moins. Peut-être toute une vie. J’ai vu plusieurs fois le soleil se lever jusqu’à ce petit matin. Tout petit. Je n’ai vécu que de nuit d’ailleurs.

Femme en contrejour. Tu t’imposes en ombre, tu m’imposes ton ombre. Tu n’as plus aucune chance d’exister. C’est trop tard. Au bout de ma nuit. Trop tard. Tu me viens après coup. J’étais en train de t’oublier. Tu me rejoins, silhouette pleine de ma nuit. Le jour qui nait sait que j’appartiens au passé. Mais toi ? Tu n’aurais pas dû revenir. Mes mains tremblent. Ma peau se froisse. Mes os claquent. Mes cheveux s’envolent. Ma voix déraille. Mes yeux s’éteignent. Mon nez coule bien sûr. Ma colonne se courbe. Mes pieds s’enfoncent. Diagnostique vital engagé.

L’ombre réapparait et un monde me succède. J’aimais bien t’attendre mais il faut bien avouer que tout s’achève. Sur le tard on peine à s’aimer. L’être s’use et se gaspille dans la nuit de ses désirs. Et le jour qui me succède, se lève sur d’autres histoires. Il y a nécessité de passer la main. Je voulais bien vieillir avec toi, galérer avec toi, diminuer avec toi, avaler des km, voyager dans le temps, tenus par le regard, reliés dans nos silences, baignés de nuit… Mais là, c’est vide d’air. Souvenirs à trou. Ventre creux. Paupières lourdes. Âme rendue… Décès constaté.

Plein phare pleine face. Femme géante remplie de nuit. Homme en patience vide de lui. Mer couverte de rires de lecteurs. Plage inutile de sable froid. Masses aveugles dos à dos. L’ironie du sort est le moteur de toute narration. C’est dire si la déception peut être une quête. Les lendemains qui chantent sont une insulte à la littérature. Écrivons à la santé des humanistes ! Le silence avant le jour qui vient est l’élan d’une prose que je veux jazz. Le jour qui se lève ne nous a pas prévus. Nous ! A contrejour, à contre temps, à contre-emploi, en rabat joie.


Premier jour
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Le Petit-prince futur
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Crépuscule
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