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Au fond de la rade. Y a-t-il une vie avant la mort ?

Au fond de la rade. Y a-t-il une vie avant la mort ?

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Il arrive forcément un temps où l’on étouffe en ce monde. Du moins si on est encore humain, non réduit à la fonction qui nous est imposée. Il arrive forcément un temps où l’on a raté sa vie tout simplement parce que l’on a vécu, tout simplement parce que l’âge des possibles est enterré depuis longtemps, tout simplement parce que tout choix comporte en lui l’échec de l’incarnation.

Le dernier roman de Valéry Molet, Au fond de la rade, fait de ce constat le point de départ de sa poésie et pose finalement une question malicieuse : Y a-t-il une vie avant la mort ? Pour mieux discerner, le héros nommé Beauval décide de tout plaquer, de s’extraire, de sortir du jeu, puisque la vie l’a mis automatiquement hors-jeu. Ses enfants n’ont plus besoin de lui, sa femme ne l’aime plus et le travail a sans doute cessé de représenter la possibilité d’un reflet flatteur, il décide donc de « bouleverser sa vie : une autre façon de s’ouvrir les veines ». Il achète un Triton, petit sous-marin à deux places, part à Douarnenez en Bretagne et fait le projet de vivre sous l’eau. Ce n’est sûrement pas par curiosité ou esprit d’aventure mais par incapacité à s’enterrer. Il veut vivre sous l’eau mais regrette que le fond de l’océan ne soit pas bétonné. Il voudrait vivre une paix absolue, une dissolution dans le rien, un nirvana où exister ne serait plus si pénible…

Mais… ce n’est pas si simple de sortir du jeu. Il y a les poissons trop présents qui matent l’homme seul dans son bocal, il y a les tempête qui donnent plus la gueule de bois qu’une bonne cuite, il y a même les touristes ! Le divertissement le rattrape car l’hurluberlu est devenu une attraction, on en parle dans la PQR. Pour Valéry Molet, on n’échappe pas à Pascal, où que l’on soit… Le jeu nous poursuit partout, on ne lui échappe pas.

Beauval, quand il n’est pas sous l’eau, croise d’autres déchets revendiqués de la société, des semi ou trois quarts clochards, ça parle fort, ça s’enivre pour unir les solitudes, pour misérer ensemble. On rit avec eux grâce à Valéry Molet qui nous met autour de la table. Dans une volonté de goûter à cette poésie vraie, on s’identifie à eux. Au fond de la rade extrait le lecteur du monde aussi, cela tombe bien puisque c’est la vocation de la littérature. A force de lire, de boire, on se prend à rêver qu’il pourrait y avoir une vie avant la mort. Si seulement l’écrivain veut bien s’en donner la peine… Ce serait possible de s’aimer encore, d’aimer une femme… Baigné d’enthousiasme et de pessimisme, un lendemain pourrait même chanter !


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