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D’où parles-tu François ?

D’où parles-tu François ?

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« D’où parles-tu ? », interrogeraient les marxistes pour cerner l’orientation idéologique de leur interlocuteur. Très vite, ils le mettaient ainsi dans la case de la bénédiction ou bien dans celle de l’ostracisation. En refermant le livre Tous frères, nous nous posons cette même question au sujet de l’auteur, « D’où parle-t-il ? », mais sommes bien incapables d’identifier la cohérence entre sa fonction et les sujets politico-médiatiques qu’il aborde.

Avant de révéler son nom en fin de chronique, voyons ce à quoi il dédicace son travail : « à la fraternité et à l’amitié sociale ».  Quelques extraits et références en disent plus sur ses intentions : « François d’Assise invite à éviter toute forme d’agression ou de conflit et également à vivre une « soumission » humble et fraternelle, y compris vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas sa foi. ». Avons-nous à faire à un disciple de Gandhi ? Ou à un musulman modéré, fin tacticien qui inviterait le chrétien raisonnable à la conversion par la « soumission » chère au Coran ?

Continuons notre élucidation : « Ce ne sont pas seulement la nourriture ou les biens superflus qui sont objet de déchet, mais souvent les êtres humains eux-mêmes. Nous avons vu ce qui est arrivé aux personnes âgées dans certaines parties du monde à cause du coronavirus. Elles ne devaient pas mourir de cette manière. Mais en réalité, quelque chose de similaire s’était déjà produit à cause des vagues de chaleur et dans d’autres circonstances : elles ont été cruellement marginalisées. » Là, nous tenons une piste : il doit s’agir d’un écologiste inquiet du « grand réchauffement » et des pandémies, doté d’une grande conscience l’autorisant à voguer de façon alerte des questions climatiques aux problèmes sanitaires. A voir.

Bien ! L’enquête peut avancer grâce à cette nouvelle sentence : « La marginalisation, en outre, prend des formes déplorables que nous croyions dépassées, telles que le racisme qui se cache et réapparaît sans cesse. Les manifestations du racisme viennent nous couvrir de honte, en montrant ainsi que les progrès de la société ne sont ni réels ni assurés pour toujours. » C’est sûr désormais, c’est un homme de gauche, un progressiste antiraciste, peut-être même un indigéniste ou un anticolonial encarté au Black Lives Matter et soucieux de revanche sur l’Histoire. Allez, un peu de lecture encore pour valider l’hypothèse.

Nous sommes face à un inconditionnel de la mondialisation et du multiculturalisme. Pour donner corps au propos, il emprunte au bagage stylistique de l’anaphore : « Réapparaît la tentation de créer une culture de murs, d’élever des murs, des murs dans le cœur, des murs érigés sur la terre pour éviter cette rencontre avec d’autres cultures, avec d’autres personnes. Et quiconque élève un mur, quiconque construit un mur, finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits, privé d’horizons. Il lui manque, en effet, l’altérité. » Ah, le moraliste n’est pas si loin. Mais l’écriture elle, mal honorée, demeure désespérément pesante. N’est pas Péguy, maître de la redondance démonstrative, qui veut.

Notre auteur à la vision universelle fustige la globalisation et le progrès lorsqu’ils se construisent sans cap commun. Tiens, peut-être sommes-nous en présence d’un positiviste admonestant la science sans conscience qui ne serait que ruine de l’âme, certainement athée, probable membre du « camp du bien » puisqu’il parle aux côtés d’un imam, nec plus ultra des postures d’ouverture : « Le grand imam Ahmad Al-Tayyeb et moi-même n’ignorons pas les avancées positives qui ont été réalisées dans les domaines de la science, de la technologie, de la médecine, de l’industrie et du bien-être, en particulier dans les pays développés. »

Se voulant prophétique, détestant les frontières physiques et culturelles, lyrique, l’auteur pontifie : « L’humanité doit renaître avec tous les visages, toutes les mains et toutes les voix au-delà des frontières que nous avons créées. »

Il faut l’avouer humblement : nos hypothèses quant à l’identité de l’écrivain se sont révélées fausses. Nous nous sommes bien fourvoyés. Nous n’étions, il faut dire, convaincus ni du bien-fondé ni de la consistance du propos qui semblait tout droit sorti d’un magazine populaire. Ô surprise donc quand nous découvrîmes en scrutant la couverture que nous lisions le Pape François et son encyclique Fratelli Tutti. Une autorité morale, un esprit supérieur, un défenseur ardent de la catholicité,… pas dans ce livre en tout cas.

Mais, finalement, n’est-il pas, ce Pape-là, la caricature de tout ce que nous venons d’évoquer, un homo-festivus manipulé par le spectacle du monde, jouet des médias et des puissants ? Un Pape post-moderne qui ne parle plus de Dieu mais de politique, d’idéologie et de géostratégie, de climat bien sûr, de racisme, de populisme à combattre à l’image de Trump, un Pape qui a un souci exacerbé de la vulgarisation et dont les analyses risquent de n’intéresser que la ménagère de cinquante ans. Un Pape détestant l’Occident et ne voyant pas d’un mauvais œil sa disparition prochaine.

L’esprit taquin, nous pourrions dire que l’église a déserté le centre du village au sein de la noble institution romaine. Celle-ci se comporte telle une barque à la dérive, sans gouvernail, en la personne même de son chef qui prive de la substance catholique un monde qui meurt d’en être orphelin.


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