Fuite d’âme

C’est l’histoire d’un légiste et d’une toxico… C’est un peu court de l’exprimer ainsi. Ceux qui voudraient fuir de Julien Teyssandier part de la possibilité d’être, de devenir totalement insensible au monde, hermétique à l’actualité, aux objets, aux fêtes, aux autres, sans besoin de remplir le vide de ce qui n’est finalement que de l’écume. C’est la situation de vie de Gabriel, médecin légiste qui voit partir les trains de Saint-Lazare depuis chez lui. Quant à Marion, elle semble incarner le gâchis de cette société, le déchet d’une fête permanente devenue absolument pas drôle du tout. Il ne resterait donc à ces deux-là qu’à fuir. En attendant, ils cheminent ensemble dans Paris au milieu des fantômes, leur point de mire est un point de fuite. A cheminer avec ces êtres fragiles et vrais, nous prenons conscience que Julien Teyssandier a tissé ce roman à contre-courant d’un monde fier d’être déconstruit et devenu hermétique à toute métaphysique. La question qui se dépose en nous ne trouve sa réponse que dans la poésie allégorique que l’auteur finit par nous livrer en toute générosité pour couronner notre propre fuite du monde par la lecture.

Ceux qui voudraient fuir, Julien Teyssandier, éditions Nouvelle Marge, 13 €, 156 pages

Article publié une première fois dans Le Bien Commun n°34, Novembre 2021

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