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La perversion de l’intelligence et des mœurs en quelques dates

La perversion de l’intelligence et des mœurs en quelques dates

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En octobre 1996, François-Marie Algoud publiait aux Editions de Chiré une anthologie intitulée Histoire de la volonté de perversion de l’intelligence et des mœurs. Le sous-titre, Les oppositions à celle-ci : vers Dieu ou vers la Bête ?, et la période investiguée qui s’étend du XVIème siècle à nos jours, renseignent sur l’ambition de l’auteur d’établir un enjeu manichéen et de démêler l’écheveau idéologique qui a conduit à la transformation profonde de la société française. La méthode chronologique, seule pertinente en matière d’Histoire, est utilisée dans l’ouvrage. Nous la reprenons donc dans cette chronique non sans avoir préalablement invité l’éditeur, s’il croisait fortuitement ce propos, à réinscrire à son catalogue ce livre utile et instructif. Pour Algoud, il y a une « unité de la subversion derrière la diversité de ses manifestations », car pour les fossoyeurs de l’ordre ancien il faut changer l’homme, créer un homme nouveau, un homme-Dieu selon la doxa gnostique, devenir créateurs à la place du Créateur, sorte de but suprême des déconstructeurs depuis la Révolution française. N’était-ce d’ailleurs pas l’ambition de Robespierre : « Je suis convaincu, confessait-il, de la nécessité d’opérer une entière régénération et, si je peux m’exprimer ainsi, de créer un nouveau peuple. » Au moment d’égrener quelques-unes de ces dates et de ces moments-clés qui jalonnent l’inexorable avancée progressiste au cours des siècles récents, il faut se rappeler l’exhorte à une farouche espérance prononcée par le Saint Pape Pie X le 29 novembre 1911 : « Que vous dirai-je, à vous, chers fils de France, qui gémissez sous le poids de la persécution ? Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonts baptismaux de Reims se convertira et retournera à sa première vocation. Sans doute, les fautes ne resteront pas impunies, mais la fille de tant de mérites, de tant de soupirs, de tant de larmes, ne périra jamais. »

1517 : Martin Luther (1483-1546), moine augustin allemand, affiche ses Quatre-vingt-quinze thèses qui marquent le début de la Réforme. La maxime selon laquelle les bonnes œuvres ne sont pas nécessaires au salut risque d’entraîner un relâchement des mœurs.

1587 : Marie Stuart, catholique, reine de France puis d’Ecosse, légitime prétendante au trône d’Angleterre, est décapitée.

1589 (1eraoût) : assassinat d’Henri III par le moine ligueur Jacques Clément.

1593 : Henri de Navarre abjure le protestantisme entre les mains de l’abbé de Juilly. « Paris vaut bien une messe. »

XVIIème siècle : Le moine calabrais Campanella, naturaliste panthéiste, à la suite de Joachim de Flore au XIIème siècle, pose une vision de l’Europe et d’une religion naturelle qui confondrait toutes les religions, particulièrement le catholicisme. Ses idées sont conçues à partir de la fusion du dogme chrétien et du naturalisme de la Renaissance.

1596-1650 : La révolution accomplie par René Descartes, sorte de démiurge et de créateur de la « société moderne », se situe au carrefour de ce monde issu de la Renaissance.

Cette re-naissance dont l’excellent Chesterton a pu dire, au sens biblique, qu’elle ouvrait l’ère de la re-chute. Algoud argumente : « En substituant le nombre à la qualité, en excluant tout ce qui n’est pas mathématiquement évident ou censé tel, cette " matérialisation de la science " est au principe et à l’origine de la profonde inhumanité de la science moderne. » Jacques Maritain a pu dire qu’il s’agissait « d’une connaissance inhumaine parce qu’elle s’est voulue surhumaine », là où Heidegger parle d’oubli de l’être, Saint-Exupéry de négligence de l’être et où Bergson s’interroge sur ce qui « adviendrait si l’effort moral de l’humanité se retournait contre lui-même au moment d’atteindre son terme, et si quelque artifice diabolique lui faisait produire, au lieu d’une spiritualisation de la matière, la mécanisation de l’esprit. »

1638 : consécration solennelle de Louis XIII, « notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets » à la Très Sainte Vierge Marie.

1643 : parution du livre « L’Augustinus » de Jansen(ius) où il s’agit de tirer la pensée de Saint Augustin en direction d’une gnose réservée à des élus. Mépris du corps et attaque du mariage jugé vulgaire et dangereux sont l’apanage des jansénistes.

1623-1662 : Pascal écrit à sa sœur Gilberte qu’il adorait, après la mort de leur père : « Ne considérons plus un corps comme une charogne infecte car la nature trompeuse le figure de la sorte, mais comme un temple inviolable et éternel du Saint-Esprit. »

1651-1659 : en treize mille vers, Corneille traduit l’Imitation de Jésus-Christ du moine A. Kempis.

XVIIIème siècle : Pierre Gaxotte dans La Révolution française écrit : « Le drame du XVIIIème siècle n’est point dans les guerres et les journées de la Révolution mais dans la dissolution et le retournement des idées qui avaient dominé le XVIIème siècle. Emeutes et massacres n’en seront que la traduction éclatante et sanglante. Quand ils auront lieu, le véritable mal sera depuis longtemps accompli. »

1720 : Le terme de « panthéisme » formé par Toland développe l’idée d’une franc-maçonnerie formée par des groupes d’initiés qui considèrent Dieu comme la force immanente de la nature.

1723 : Un ancien grand maître du Grand-Orient, M. Jacques Mitterrand, écrit dans sa Politique des Francs-maçons : « Il est certain que les idées libérales lancées dès 1723, parmi les constitutions d’Anderson (adoptées par les loges françaises en 1723) ont trouvé en France un terrain d’élection… Non seulement les idées brassées dans les loges, et autour des loges, vont contribuer à créer le climat où s’épanouira l’Encyclopédie, mais l’égalité de règle entre les frères de la loge -qu’ils soient de roture ou de noblesse- trouvera son prolongement dans la fraternité révolutionnaire. »

1751 à 1772 : L’encyclopédie à laquelle ont contribué d’Alembert, Diderot, Montesquieu, Rousseau, Voltaire est l’instrument principal pour s’attaquer à la religion, à la tradition, à l’autorité de Rome.

1776 : fondation des Iluminati, organisme dont les membres voués à Satan veulent la mainmise globale sur les pouvoirs économique, politique, militaire et religieux dans le but de former un seul et unique gouvernement mondial. A quoi assistons-nous aujourd’hui au XXIème siècle ?

1789 : Le premier président des Etats-Unis, Georges Washington, fut un grand maître de l’ordre maçonnique.

1789 (26 août) : déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « Ni Dieu, ni… devoirs ! »

1790 : publication de Réflexions sur la Révolution de France par le député aux communes, Edmund Burke. Nous y reviendrons dans une prochaine chronique pour MN.

1792 : La Terreur est instaurée. La mort est organisée. Les massacres doivent terroriser la population et réduire les modérés au silence. Saint-Just : « Ce qui constitue une République, c’est la destruction totale de tout ce qui lui est opposé. »

1792 : le franc-maçon Rabaut Saint-Etienne : « L’éducation nationale doit "former le cœur" dans un monopole pour s’emparer de l’homme dès le berceau, et même avant sa naissance ; car l’enfant qui n’est pas né, appartient déjà à la Patrie. »

1873 : Pie IX parle de « cet esprit satanique de la secte qui se montra surtout à la fin du siècle passé dans les violentes révolutions de la France, qui ébranlèrent le monde entier, et, prouvèrent qu’il fallait s’attendre à une dissolution totale de la société humaine si l’on n’abattait les forces de cette secte très criminelle. (les sociétés secrètes) »

1879 : Le libre-penseur et franc-maçon Jules Ferry s’installe au ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Il s’attaque tout de suite à la Compagnie de Jésus.

1884 : Léon XIII : « La Franc-maçonnerie s’oppose à la justice et à la morale naturelle et ruine la société par son athéisme, dépravante pour les mœurs et la morale. »

1897 : publication d’Histoire d’une âme, de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face. La voie spirituelle d’enfance de la petite Thérèse consiste à vivre dans la plus grande simplicité, se sanctifier dans les actions ordinaires, s’abandonner avec confiance entre les mains de Dieu.

Un siècle s’écoule encore dans l’ouvrage et révèle dates et événements subversifs ayant forgé les esprits, en notre vieille nation, vers moins de vérité, moins de transcendance, moins de beauté. Cette précieuse anthologie doit impérativement figurer en bonne place dans la bibliothèque de ceux qui refusent l’inéluctable car ils savent que la foi renverse parfois les montagnes.


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