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La rentrée littéraire comme le « mildiou »

La rentrée littéraire comme le « mildiou »

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En France, le gros problème de la critique littéraire est qu'elle prend appui constamment sur ce qui n'a rien à faire avec elle, à savoir les idéologies et les opinions des écrivains, leurs névroses de pauvres petits enfants riches. On lit tel ou tel auteur de par son aura politique, son « engagement » affiché, le « buzz » qu'il crée, et en l'occurrence on se fiche complètement de la littérature. Les véritables amoureux de la chose littéraire savent bien que si on l'aime vraiment on se fiche de savoir si tel auteur est de droite ou de gauche, l'important étant ce qu'il écrit, son style, et en particulier celui qui est « le papier collant à la bouche » (dixit Montaigne).

C'est aussi un spectacle bien rôdé dont la rentrée littéraire française est en somme l'ouverture de rideau….

Celle-ci est un peu comme les grèves à la SNCF ou dans l'Éducation Nationale. Chaque année, elle revient à date fixe, et tout le monde a beau trouver cela lamentable voire déplorable en général, elle reviendra l'année suivante. Petit inventaire dit « à la Prévert » :

Il y a le beau gosse torturé, cette année Nicolas Fargues et « le p'tit » racontant son enfance tellement blessée mais maintenant ça va mieux. Et puis au moins comme il est photogénique son bouquin se vendra même si personne ne le lira.

On a la polémique vaguement politique toujours sur l'air du risque de retour des z-heures les plus sombres de notre histoire, en 2015 Roegiers et des insinuations sur Simenon et ses rapports supposés troubles avec la Collaboration.

Un ou deux « ôteurs » z-engagés et con-cernés « tuent » le Père pour la énième fois, Sorj Chalandon dans « Profession du père » et Christine Angot avec la suite de sa thérapie publique sur papier, un roman social d'une très grande force intime (formule certainement utilisée comme chaque fois par ses thuriféraires, « un amour impossible ».

Christine est une très « bonne cliente » à la télévision. Elle fait naître systématiquement deux ou trois polémiques putrides à chacun de ses passages à l'antenne.

Delphine de Vigan, telle de nombreux écrivains avant elle, a envie de vendre du papier et a donc sorti un ersatz de Stephen King, pompé sur « Misery ». On se doute que c'est certainement sur les conseils de son amoureux François Busnel, le présentateur de « la Grande Librairie ».

N'oublions pas évidemment l'ôteur tellement intelligent, tellement cultivé -ma chèère- qui se targue de revisiter les genres. Cette année c'est Christian Oster qui nous livre un « faux » polar avec « le Coeur du Problème ».  Il ne faut pas écrire de « vrai » roman dit « de Genre », c'est mal, cela a encore mauvaise presse bien que la littérature des marges soit le plus souvent plus intéressante.

Je songe cette année à « Jugan » de Jérôme Leroy, une « vieille connaissance » selon la formule lui permettant ainsi d'évoquer lui-même nos rapports houleux. Son livre s'inspire de « l'Ensorcelée » de Barbey D'Aurevilly, un livre écrit par un communiste affirmé d'après un auteur relégué dans les limbes des méchants réacs, voilà qui peut être intéressant à lire, Leroy y évoquant ce qui reste du gauchisme français, dont celui s'étant tourné vers l'action violente et meurtière. Il est beaucoup pardonné à un lecteur de Barbey, tu seras d'accord avec moi ami lecteur…

Et dans les ouvrages proposés par les éditeurs ayant pignon sur rue on trouve quelques pépites dont « Eva » de Simon Liberati. Son livre sur Jayne Mansfield était extrèmement intéressant, se lisant d'une traite. Pour une fois, ils sont rares, un auteur français ne nous entretient pas de sa dernière cure de « désintox », de ses pannes sexuelles ou de ses rapports compliqués -forcément- avec son père. Il dresse intelligement le portrait de la femme qu'il aime, Eva Ionesco, dont l'enfance a été détruite par sa mère narcissique et tout un petit milieu libertaire -quant aux moeurs- sans cervelle.

Se retrouver dans la jungle des parutions en pagaille infligées par les « grandes » maisons d'édition suppose de l'ouverture d'esprit et beaucoup de patience mais l'on y arrive…


Mauvaise Nouvelle, l’anti-ligne éditoriale
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