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Le manuscrit de Voynich enfin décrypté ?

Le manuscrit de Voynich enfin décrypté ?

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Une nouvelle fois le manuscrit de Voynich refait parler de lui. Une nouvelle fois, quelqu'un affirme avoir trouvé le moyen de déchiffrer le célèbre ouvrage. Rien de nouveau pour tous ceux qui s’y intéressent.

Composé de 234 pages de vélin alternant textes et illustrations reproduits à la plume d’oie dans une langue et un script inconnus, cet énigmatique codex médiéval a déjà fait couler beaucoup d’encre. Un marchand de livres rares, Wilfrid Voynich, l’a trouvé au milieu d’une collection de manuscrits d'une bibliothèque jésuite en Italie en 1912. Sa propriété peut être retracée jusqu'au début du XVIIème siècle ; la datation au carbone a permis de déterminé que le vélin qui le constitue a été fabriqué au début des années 1400. Pour le reste, on reste dans le domaine des suppositions : herbier, traité d’alchimie, de cosmologie, de pharmacologie. Nul ne peut rien affirmer avec certitude.

Maintes fois d’aucuns se sont hasardés à répandre la nouvelle qu’ils étaient venus à bout du déchiffrage du manuscrit. Nombre d’hypothèses ont jusqu'à présent été émises. Mais cette fois, l’approche envisagée est sans doute plus originale. En effet, c’est un spécialiste de l’informatique, le professeur Greg Kondrak du célèbre laboratoire d'intelligence artificielle de l'Université de l'Alberta qui nous livre les résultats de ses recherches. Ses études portent sur l’ambiguïté du langage humain et c’est comme étude de cas que Greg Kondrak et un de ses étudiants, Bradley Hauer, se sont intéressés au manuscrit de Voynich.

Toute la difficulté pour aborder le déchiffrage du manuscrit réside dans le fait que nul ne peut affirmer sans risque d’erreur dans quelle langue il a été rédigé et qui plus est dans un alphabet totalement inconnu. Dès lors, il est impossible de travailler avec certitude sur le texte et de pouvoir le comparer à d’autres textes à la manière de Champollion et ses célèbres hiéroglyphes.

La première étape du travail de Kondrak a consisté à tenter d’identifier la langue d’écriture de l’ouvrage. Pour ce faire, Kondrak et Hauer ont utilisé les échantillons de près de quatre cents langues différentes utilisées pour la Déclaration universelle des droits de l'homme. Leur première hypothèse de travail était que le manuscrit avait été rédigé en langue arabe. Après avoir mené une série de procédures statistiques et exécuté leurs propres algorithmes, ils ont démontré que la langue la plus probable était l'hébreu. Mais nos scientifiques ne se sont pas arrêtés là. Ils ont ensuite émis l’hypothèse que les mots du manuscrits seraient en réalité des alphagrammes, c'est-à-dire que les lettres de chaque mot auraient été réagencées par ordre alphabétique. Par exemple, le mot « lettre » se présenterait alors sous la forme suivante « eelrtt ». L’équipe a par la suite cherché un algorithme capable de déchiffrer ces alphagrammes, celle-ci serait parvenu à démontrer que 80 % des mots du manuscrit pouvaient être trouvés dans un dictionnaire d’hébreu. Puis Kondrak et Hauer ont eu recours à Google translate pour la suite de leur démarche. Cela les a menés à proposer pour le début du manuscrit la traduction suivante : « Elle a fait des recommandations au prêtre, à l'homme de la maison et moi et les gens ». Cette phrase quelque peu énigmatique semble parfaitement logique pour les deux scientifiques. Kondrak admet néanmoins que son seul travail au moyen d’ordinateurs ne suffira pas à lever le mystère qui entoure la traduction du manuscrit. Une intervention humaine, notamment pour l’interprétation sémantique et syntaxique du texte, restera toujours indispensable.

Un « détail » des résultats de cette étude scientifique déroute en effet quelque peu. Kondrak et Hauer indiquent avoir cherché sans succès des universitaires spécialistes de l’hébreu qui auraient pu valider leurs recherches, raison pour laquelle ils ont eu recours à Google translate. Cela paraît pour le moins étrange, surtout venant de spécialistes de l’informatique qui ne peuvent ignorer les difficultés et les incertitudes résultant du traitement automatique des langues… Kondrak l’affirme lui-même, sans cette authentification par des spécialistes de l’hébreu ancien, le sens complet du manuscrit de Voynich restera un mystère. Et, malgré tout leur intérêt, les résultats de cette étude incertains.

https://www.ualberta.ca/science/science-news/2018/january/ai-used-to-decipher-ancient-manuscript


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