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Nouveau Roman : creuset des dérives littéraires modernes

Nouveau Roman : creuset des dérives littéraires modernes

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Aujourd'hui, je propose au lecteur de lire ce petit texte que les petits marquis de la littérature contemporaine jugeront sans doute bien impertinent encore une fois car concernant quelques autres icônes absolues de la modernité culturelle. Je suis fort heureusement à peu près certain que la postérité ne retiendra pas leur nom. Nous pouvons encore cependant leur en vouloir car les « autofictions » subies à chaque rentrée littéraire, chaque petite fille racontant ses coucheries et ses névroses de pauvre égarée ayant un fort problème d’œdipe appelle sa production de l'écriture, sans parler de ces auteurs évitant une « psy » longue et coûteuse en se racontant à satiété dans leurs livres. Cela fait vendre, le lecteur cherchant l'histoire de fesses bien épicée à chaque page. Sans la trouver, dans ces « ouvrages », la chair est bien triste…

Les figures de ces auteurs du « Nouveau Roman » m'évoquent également celle de cet imbécile m'ayant déclaré un jour que lui « ne lisait pas de romans mais uniquement des livres sérieux ». Le crétin satisfait ne saisit pas l'importance de l'imagination en littérature, cela échappe à son entendement trivial, pour lui on ne devrait parler que de ce qui existe et rien d'autres. Il voit pas plus loin que le bout de son nez. En cela le « Nouveau Roman » le comble. Le « Nouveau Roman » a des ambitions à la gravité, et la gravité est « le bonheur des imbéciles » selon la formule de Nietzsche.

Dans les années cinquante-soixante, des auteurs de peu de talent, manquant également d'imagination mais pas du sens du commerce ont réfléchi ensemble à la manière la plus efficace pour eux cependant de faire parler d'eux tout en « épatant le bourgeois ». Ils ont donc inventé le « Nouveau Roman », qualifié par Kléber Haedens dans son indispensable et subjective Histoire de la littérature française de « littérature grisâtre ». En qualifiant leur « groupe » de « Nouveau », cela leur permettait d'attirer immédiatement une clientèle de « bourgeois pédagogues » (pour reprendre l'épithète d'Erik Satie pour qualifier les « bobos » d'hier et d'aujourd'hui) se voulant ardemment progressistes et de se dégager de tout lien avec la culture populaire ou le roman dit « de Genre ». Si les Guillaume Lévy et Marc Musso sont effectivement des auteurs tout juste dignes d'être en « tête de gondole » à Carrefour, il en est d'autres ayant été clairvoyants sur les dérives de nos sociétés bien plus tôt que bien des « penseurs ».

Et puis :
« Ce qui est nouveau ne peut être que formidable très chère ? »

Contrairement aux « Hussards » révérant Alexandre Dumas (Nimier finira par écrire une aventure de d'Artagnan, « D'Artagnan amoureux »), les auteurs de polars, le cinéma, Stendhal, Marcel Aymé ou Céline, ils prétendant en toute modestie (sic) renouveler le roman, et le romanesque, selon eux morts à cause de l'explosion de la « Bombe » et les bouleversements tragiques du XXème siècle, ces auteurs se sont employés à développer une littérature de l'anecdotique développée jusqu'à la nausée, et pas seulement la nausée à la manière sartrienne, Sartre étant le précurseur je le rappelle de la « gauche olfactive ».

Alain Robbe-Grillet décrit le papier-peint sur le mur d'une maison abandonnée pendant plusieurs dizaines de pages dans « la Belle Captive ». Michel Butor s'emploie à  analyser gravement et doctement chaque geste du quotidien moderne. Nathalie Sarraute « introspecte » -plus haut que son Q…- durant des centaines de pages, revenant sur l'Holocauste, sur sa condition de femme, car pour elle le tout se double d'un « engagement » indispensable, béquille indispensable à la vacuité de son propos. Avec elle le masochisme mémoriel devient une obligation pour tous les auteurs dits sérieux se respectant…

Et Claude Simon devient la bête noire des agrégés et futurs normaliens étudié à ce très haut niveau au fond car incompréhensible, sec, absolument imbitable, on m'excusera de ce terme cependant très parlant le concernant. Les lecteurs de Claude Simon ne le lisent donc jamais par goût, mais par obligation scolaire, cela leur permettant au moins plus tard de faire leur petit effet mondain parmi d'autres représentants de leur milieu.

Pour paraphraser Bernanos, qui parlait des paroissiens habituels dans « le Chemin de la Croix des âmes », ces littérateurs, comme les « marcheurs » de dimanche dernier ne désire au fond savoir de la religion que ce qui peut les confirmer dans la bonne opinion qu'ils ont d'eux-mêmes. Ils sont comme tous les bourgeois pédagogues, aux prétentions matérielles et sociales de leurs aînés ils ajoutent des prétentions culturelles et de « guides » du bon peuple qui n'en demande pas tant.

L'auteur de ces lignes, pour être tout à fait honnête, n'a cependant pas un si mauvais souvenir que cela du premier texte qu'il lut de Michel Butor sur les « assis » et les « debout » dans un train, texte découvert par les bons offices d'une enseignante de Lettres à une époque où la culture littéraire et le goût pour la lecture étaient encore deux conditions indispensables demandées aux professeurs apprenant cette matière aux élèves. Chez Butor, quelques écrits épars, de ci, de là, surnagent donc. Ils ont l'intérêt de l'anecdote parlante racontée en fin de banquet quand les invités sont fatigués, sans plus. Et j'ai malgré tout un peu de tendresse pour Robbe-Grillet amoureux sincère du cinéma…


Raspail au vitrail brisé
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Elle, Dé Dé : Diana Danesti.
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Miséricorde : L’écrivain peut-il être exorciste ?
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