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Servir

Servir

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Quand on veut précisément définir un mot comme « servir » si fondamental à la bonne santé d’une société, il n’est qu’à écouter un militaire. Pierre de Villiers, général d’armée, CEMA contraint à la démission par Emmanuel Macron, a le sens de l’efficacité qui sied à tout soldat. Son livre porte le simple titre Servir. Ses premiers mots sont empruntés à Alfred de Vigny : « L’honneur, c’est la poésie du devoir. » Sur son casoar de saint-cyrien figure une belle devise : « Mon âme à Dieu, mon corps à la patrie, mon cœur à la famille » qui définit ce père catholique de six enfants, épris de sa terre vendéenne où il est né et a grandi « à l’ombre des haies bocagères, dans le silence des futaies, au rythme des saisons ». L’ambition de son ouvrage est claire : « Dire aux Français la vérité sur l’état de nos forces armées et sur les menaces auxquelles notre pays doit faire face. » en pointant l’insuffisance des moyens financiers pour garantir la protection de la France et des Français aujourd’hui et, dans le futur si rien n’est entrepris pour enrayer cette spirale.

Dans un monde devenu plus dangereux, notre général entrevoit deux menaces principales : le terrorisme islamiste et le retour des Etats-puissances. Il nous explique que l’islam radical applique une stratégie d’enracinement régional faisant fi des frontières des Etats. Ainsi fonctionnent les Daech, Aqmi au Maghreb islamique, Al Nosra dans la péninsule arabique, les Talibans, Boko Haram au Nigeria, les Shebab de Somalie, ces groupes possédant tous la même matrice et procurant soutiens et ressources (finances et exécutants), à l’instar de Mossoul et de Raqqa qui fournissent une « main d’œuvre » kamikaze tout juste âgée de douze ans et de plus en plus féminine. Citant Gilles Kepel qui observe que « Notre pays est installé graduellement dans une guerre civile larvée. », Pierre de Villiers conserve la retenue de celui qui sait beaucoup mais s’oblige à taire ce qui pourrait effrayer la population. En fidèle atlantiste, il approuve toutes les initiatives militaires impulsées par l’Otan, donc par les Etats-Unis, ce qui avouons-le déçoit de la part de quelqu’un qui a théoriquement recouvré sa liberté de parole et sa faculté d’analyse objective.

Malgré la très en vogue diabolisation de la Russie, notre officier supérieur évite l’écueil et affirme à raison que les Russes sont des partenaires indispensables à la résolution des crises, notamment au Levant face aux islamistes. La Corée du Nord, le Nord Mali, les phénomènes de migration comme facteurs majeurs de déstabilisation, prophétisés par le marocain Hassan II ou l’algérien Boumédiène : « Un jour, des millions d’hommes quitteront les parties méridionales pauvres du monde pour faire irruption dans les espaces relativement accessibles de l’hémisphère nord, à la recherche de leur propre survie. », sont autant de désordres du monde qui nécessitent que « La force avance pour faire reculer la violence. » Pour notre auteur, le pays sait pouvoir compter sur les armées pour résister, affronter et vaincre tous les ennemis ainsi que les nouvelles formes de menaces. Sur l’impératif de disposer de moyens suffisants, l’adage « si vis pacem, para bellum. », si tu veux la paix, prépare la guerre, semble indiquer le chemin obligé de renforcement de nos capacités militaires pour éviter à l’avenir ce qu’en 1940 Marc Bloch appelait l’Etrange défaite, autrement dit une défaite faute de ressources, une défaite par pacifisme idéologique, la défaite de l’impréparation et de la naïveté confondante.


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