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Bouleversements au Moyen-Orient en temps de Covid

Bouleversements au Moyen-Orient en temps de Covid

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Gilles Kepel publie Le prophète et la pandémie qu’il sous-titre Du Moyen-Orient au jihadisme d’atmosphère. Le professeur à l’université Paris Sciences et Lettres dirige la chaire Moyen-Orient Méditerranée à l’Ecole Normale Supérieure. Il analyse dans son livre comment l’année 2020, marquée par la crise du Covid-19 et l’effondrement du marché pétrolier, a vu s’opérer d’immenses bouleversements depuis le Moyen-Orient jusqu’aux banlieues de l’Europe. Sa mise en perspective de l’actualité tente de décrypter les grandes transformations de demain.

D’abord, il y a un symbole important : la réislamisation de Sainte-Sophie. Nous sommes le 24 juillet 2020, Erdogan inaugure solennellement la prière du vendredi dans l’antique basilique byzantine qu’il vient de rendre au culte musulman. Celui qui s’érige en nouveau sultan ottoman a pris pied en Libye, sa marine prospecte le gaz sous-marin des eaux grecques en Méditerranée, ses forces spéciales et leurs supplétifs occupent une partie du nord de la Syrie et effectuent des incursions dans le Kurdistan irakien. Les velléités expansionnistes de la Turquie s’affirment au grand jour. Son chantage à une Europe pusillanime, de contenir les migrants du Moyen-Orient pour ne pas les déverser sur tout le continent en échange de milliards d’euros, est une stratégie pleinement assumée. Quelle ironie quand on songe, qu’il y a dix ans à peine, la plupart des hommes politiques français considéraient qu’il fallait intégrer la Turquie au sein de l’Union Européenne parce que c’était le sens de l’histoire. Désormais, Erdogan, plein de morgue face à l’Occident, tente de refaire d’Istanbul le centre de l’islam mondial.

Une spectaculaire reconfiguration des alliances est en cours.

D’une part, le processus d’Astana désignant le partenariat régional créé entre la Russie, la Turquie et l’Iran a été signé en mai 2017 : « Outre sa logique proprement militaire, le processus d’Astana symbolise la conjonction de trois puissances -l’une globale, la Russie, les deux autres régionales- qui, par-delà leurs divergences tactiques, ont pour objectif commun de profiter du désengagement de Donald Trump du Moyen-Orient pour marginaliser les Etats occidentaux démocratiques, au premier chef l’Europe pourtant riveraine et mitoyenne. » Gaza et le Qatar complètent cet « axe fréro-chiite ». L’alliance ainsi créée permet à la Russie de conforter sa position de protectrice (désormais seule) des chrétiens d’Orient que les bureaucrates de Bruxelles ont depuis longtemps passé par pertes et profits. La France, engagée dans le sillage technocratique européen, a perdu son âme en se détournant de sa mission auprès des chrétiens d’Orient qu’elle assumait depuis la nuit des temps, l’époque de Charlemagne.

Ces derniers jours, Erdogan vient d’effectuer un croc-en-jambe à Poutine sur la question ukrainienne : en soutenant militairement ce pays, chouchou des occidentaux, il se donne soudainement un rôle de gentil aux yeux de la nouvelle Administration américaine. Opportunément il laisse la Russie poutinienne jouer le rôle du méchant, persécutrice de l’opposant Navalny. C’est une véritable trahison qui se joue dans le vieux match russo-turc, c’est aussi un violent coup de canif au processus d’Astana.

Dans la reconfiguration des alliances, il y a d’autre part le pacte d’Abraham signé en 2020 par Israël et les Emirats Arabes Unis. Il enrôle également sous sa bannière les Etats-Unis, le Maroc et le Soudan.

Deux pactes distincts donc, pour deux blocs qui organisent la partition autour du conflit israélo-palestinien.

Mais revenons un instant au cas franco-français. Deux millions de nouveaux immigrés ont rejoint la France sous le mandat d’Emmanuel Macron, résultat d’une inconséquence absolue en matière migratoire, prélude à des lendemains qui ressembleront peut-être à ce que Jean Raspail annonçait dès 1973 dans son livre le Camp des saints : la submersion de la civilisation occidentale. Le stade ultime qu’il décrivait est précédé d’une immigration de peuplement organisée par les élites politiques fascinées par le multiculturalisme. Tout cela mêle et entremêle réfugiés, clandestins, sur fond de banlieues de plus en plus incontrôlables. Un terreau explosif, dites-vous ?


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