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C’est quoi la déconstruction, M. Rappin ?

C’est quoi la déconstruction, M. Rappin ?

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« Yvan : C’est quoi la déconstruction ?
Marc : Tu ne connais pas la déconstruction ?… Demande à Serge il domine très bien cette notion… (A Serge.) Pour me rendre lisible une œuvre absurde, tu es allé chercher ta terminologie dans le registre des travaux publics… »
Art de Yasmina Reza

Si vous êtes comme Yvan ou comme moi, le dernier livre de Baptiste Rappin, Abécédaire de la déconstruction, est pour vous. Si en effet, vous ressentez que tout concourt à nous déraciner et à nier la personne humaine, il est urgent de comprendre la pensée à l’origine de bien des maux de notre monde. Ainsi Baptiste Rappin convoque Jacques Derrida, Gilles Deleuze, Michel Foucault, Maurice Blanchot, Giorgio Agamben… pour décortiquer leur philosophie, leur projet consistant à se débarrasser de toute vision métaphysique, c’est-à-dire la forme architecturale que prit la pensée européenne sous l’impulsion décisive de la philosophie grecque.

L’abécédaire permet une entrée par mots clés : Amitié, Biopouvoir, Christianisme, Désastre, Etat, Formation discursive, Genre, … Tous sont associés à d’autres par l’auteur afin de permettre une analogie facile. On peut donc lire le livre de façon non linéaire, de façon aléatoire. Vous y retrouverez à chaque fois tout le livre contenu dans chaque chapitre, comme une fractale du livre. Voilà une sorte de pied-de-nez fait à la déconstruction : vous pouvez lire sans ordre mais vous retombez sur vos pieds. Chapitre après chapitre, l’auteur enfonce le clou pour que l’on saisisse bien le pédigrée philosophique à la base de tous les effets que l’on déplore autour de nous dans la société : l’art absurde, la dissolution de la transmission des savoirs, l’explosion de la cellule familiale, la disparition des identités, l’inversion des définitions, le gender, la désacralisation de la personne humaine, le déracinement de l’humanité, la transformation du pouvoir en management multiple, etc.

La déconstruction est donc cette pensée qui veut éliminer la métaphysique, c’est-à-dire la lecture d’un monde à partir de la personne humaine, inscrite dans un cosmos (cet ordre du monde régi par la hiérarchie, la participation et la mesure), ayant une origine et étant donc reliée au passé, étant sur un territoire et donc ayant une identité propre. La déconstruction ne voit au contraire que du vivant en nombre, neutralisé c’est-à-dire rendu neutre, amnésique, nomade, soumis aux accidents, dans un espace-temps sans espace ni temps, une perpétuité insensée, administré à la petite semaine par des managers. La production intellectuelle des déconstructeurs consiste donc à « Privilégier la juxtaposition arbitraire des concepts à leur articulation logique, généalogique et étiologique ». Avant de s’épuiser à combattre les effets de cette pensée sur le monde, renouons avec la métaphysique. Merci à Baptiste Rappin de nous avoir donné ce manuel de guérilla intellectuel.


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