Découvrez la collection Mauvaise Nouvelle, aux Éditions Nouvelle Marge.


Ferguson, lieu commun

Ferguson, lieu commun

Par  

On a relativement peu parlé en France des émeutes de Ferguson, et lorsqu'on le fit ce fut pour les légitimer de façon plus ou moins implicite. Pour ma part, j'en eus vent d'abord sur l'excellent blog américain Vdare.com, et c'est avec une grande impatience que j'attendais le commentaire médiatique qui en serait donné en France, dans l'espoir de rien, sinon d'y entendre la musique attendue, l'air familier, le tube incontournable que le public de tel ou tel chanteur réclame à chaque concert, et sans lequel le concert n'a en quelque sorte pas eu lieu, car en tant que je suis un conservateur - suivant l'humeur il peut même m'arriver d'être réactionnaire, ce qui représente, si j'ose dire, un progrès -, c'est à dire, selon Michael Oakeshott, une personne qui "préfère le familier à l'inconnu", je ne demandais rien d'autre aux médias français qu'un passage de pommade antiraciste, les pieds bien au chaud dans les pénates molletonnées du confort intellectuel. Je ne fus pas déçu: les instruments avaient été accordés à la perfection, nulle fausse note, et la partition suivie par tous avec une régularité quasi-robotique, donnant la désagréable impression d'assister à un concert en play-back, dont on vient à regretter, tel un philatéliste ou un diamantaire, le manque d'imperfections. Ni TF1 ni France 2 pas plus qu'Arte ou Le Monde et les autres ne questionnèrent, par la grâce de l'AFP, un seul instant le narratif suivant : un policier blanc raciste - pardonnez le pléonasme -, Darren Wilson, avait abattu de sang-froid un jeune Noir innocent - pardonnez une fois encore le pléonasme -, Michael Brown, alors que celui-ci marchait paisible dans les rues de Ferguson, Missouri, ce qui fait beaucoup de mensonges en une phrase si courte.

Michael Brown avait en effet toutes les raisons d'être paisible, paisible au point de marcher au milieu de la route: il venait de fumer de l'herbe, ce que révéla l'autopsie parmi d'autres détails intéressants, notamment la présence de poudre sur le corps qui indique que le coup fut tiré si j'ose dire à bout très portant, et de délester un commerçant de quelques cigares et autres babioles, de façon fort peu paisible, ce dont attestent les images capturées par la caméra de vidéo-surveillance du magasin. Là est d'ailleurs le motif de la tentative d'arrestation dont s'est rendu coupable le policier Darren Wilson, qui a depuis démissionné de la police probablement contraint et forcé par sa hiérarchie elle-même contrainte et forcée par "l'opinion publique", et vit désormais caché en raison des menaces de mort innombrables dont il est l'objet, et non pas un quelconque contrôle au faciès arbitraire et raciste, à moins que le fait d'interpeler un suspect correspondant en tous points à la description qui en est donnée, en l'occurrence celle d'un colosse, "gentil" cela va sans dire, de presque deux mètres et de plus de cent kilos, dans le secteur où le délit vient d'être commis relève du racisme si le-dit suspect s'avère être noir, de la même manière que si les Noirs sont surreprésentés dans les prisons américaines ce ne peut être dû qu'au racisme - toute ressemblance avec une situation… -. Le témoignage de l'ami de Michael Brown présent à ses côtés a été invalidé de très officielle et impartiale manière, et Darren Wilson fut reconnu innocent, verdict dont l'annonce offrit l'occasion de nouvelles flambées de violence : Michael Brown n'a pas été abattu les mains en l'air en pleurant "ne tirez pas !", et ne l'a été que parce qu'il tenta de s'emparer de l'arme du policier, lequel se trouvait donc en état de légitime défense. A vrai dire, l'affaire n'est que tragiquement banale et aurait du en rester là, si les médias et Soros ne s'en fussent emparés. A propos, il est permis, me semble-t-il, d'interroger l'hypothèse suivante: que se fût-il passé si Michael Brown s'était emparé de l'arme et en avait fait usage? Eût-on assisté à des émeutes, des pillages et des destructions gratuites comme il s'en produit régulièrement depuis, à Ferguson, où la valeur des biens immobiliers chuta de moitié en moins d'un an et où la situation est si chaotique et instable qu'on faillit y envoyer la Garde Nationale, à la demande du Gouverneur du Missouri Jay Nixon et de James Knowles, maire de la ville?

On dira que ce n'est pas la question, pour ce que ça n'est pas ce qui s'est produit, alors que c'est justement toute la question. Les blancs de Ferguson se fussent-ils illustrés pas des pillages punitifs aux allures de pogroms? L'odieuse pratique du lynchage eût-elle fait sa réapparition? Il est permis de le penser. Il est également permis de ne le penser pas. En vérité ces émeutes et ce climat insurrectionnel furent entretenus avec soin. Il a été révélé de date récente que le multimilliardaire George Soros, financier en chef du progressisme international et déjà pourvoyeur de fonds du mouvement Occupy Wall-Street, entre autres forfaits qu'il serait trop long de dénombrer - il y a des sites entiers consacrés à l'argent de Soros et à l'usage qu'il en fait -, dépensa pour cette seule cause, c'est-à-dire la dénonciation d'un prétendu racisme institutionnel qui se fût fait jour à Ferguson, la bagatelle de trente-trois millions de dollars. L'attorney general Eric Holder, en quelque sorte l'équivalent, tant en termes institutionnels qu'idéologiques, de notre Taubira poussa et continue de pousser dans cette direction, le vrai problème reposant selon lui dans le racisme de la police de Ferguson, composée presqu'exclusivement de blancs dans une ville à moitié noire, et Obama se fendit d'un discours en demi-teinte, incitant les policiers à l'attention et à la retenue, comme lorsque Manuel Valls, dans un contexte moins tendu, au début de ses fonctions au Ministère de l'Intérieur n'eut rien de plus pressé que d'inciter la police à vouvoyer les voyous - une des règles dans un pays civilisé est que la police n'y ait pas tous les droits, cela est évident, mais il y a un grand péril à trop vouloir la policer: la fonction première de la police n'est pas d'être polie mais d'arrêter les criminels, il ne faudrait pas l'oublier, et peut-on raisonnablement vouvoyer un mineur multirécidiviste qui lui n'a pas de tels égards, et que ce vouvoiement fera rire, de surcroît, tant il lui paraîtra ridicule et incongru? On n'arrête pas les délinquants pour les divertir -. Ce discours modéré est à mettre malgré tout au crédit d'Obama, qui eut cette fois la sagesse de ne point afficher de partis-pris trop marqués comme il le fit lors de l'affaire Martin-Zimmerman, déclarant que le jeune Trayvon Martin, abattu par George Zimmemann, aurait pu être son fils. On n'omettra pas de cette liste l'un des principaux protagonistes médiatiques de l'affaire Ferguson, le Révérend Al Sharpton, disciple de Martin Luther King et fabricant de crimes racistes imaginaires à l'intention de la presse - le cas Tawana Brawley, jeune fille noire prétendument violée à New-York par des policiers blancs -, qui ne ménagea pas ses efforts. Il semble être parvenu à ses fins, puisqu'on a enfin fait feu sur deux policiers le jeudi douze mars à Ferguson. Hélas, leur vie est sauve, en dépit de graves blessures, et le suspect Jeffrey Williams, un afro-américain de vingt ans qui affirme avoir tiré accidentellement, comparaîtra devant la justice à la fin du mois.

Voici un point, loin d'être exhaustif, et comment le serait-il au vu de tout ce qui s'est déjà écrit et continue à s'écrire sur cette inquiétante affaire? Affaire dont la presse française ne traite que par euphémismes prudents, pour ne pas dire lâches, et axiomes indiscutables - à cet égard, Le Monde, cela ne surprendra personne, atteint des sommets d'ignominie -, hormis peut-être quelques paragraphes dans Causeur. J'ajoute ne pas en avoir trouvé l'équivalent sur aucun des blogs nauséabonds de langue française que je fréquente, et j'attends d'être détrompé dans le cas contraire, ce qui je l'espère suffira à le justifier aux yeux d'éventuels lecteurs. J'aurais voulu y aborder plus en détail le cas Soros, celui du Révérend Sharpton et de ses admirateurs "de droite" Newt Gingrich - évidemment décrit comme "ultra-conservateur" par les médias français qui le découvrirent à l'occasion des primaires républicaines de 2012 - et Sean Hannity - présentateur de Fox News ayant la tête de l'emploi et un brushing si impeccable qu'il en devient suspect, et qu'on peut apercevoir dans la deuxième saison de l'excellente série "House Of Cards" -, en profitant pour dégonfler au passage la pourtant intouchable baudruche Martin Luther King ou évoquer la position du "libertarien" Rand Paul sur la militarisation de la police, et le point de vue de plumes conservatrices, celle de Peter Brimelow entre autres, qui en appelaient au contraire à une répression vigoureuse. Cela fera peut-être l'objet de textes futurs. J'invite ceux qui lisent l'anglais à consulter Vdare.com, ni néoconservateur ni libertarien mais drôle, intelligent et radical, et dont les articles sont appuyés de nombreuses sources, afin de se faire une idée. Par précaution "oratoire", je me dois également de préciser que mon propos n'est pas de me réjouir de la mort d'un jeune homme ou de dire qu'il eut ce qu'il méritait : il est de dire la vérité, à savoir qu'il ne s'agit pas d'un "meurtre" comme continue de l'affirmer complaisamment Le Monde, si ce n'était que lui, avec une irresponsabilité monstrueuse et un mépris de la vérité qui ne l'est pas moins, mais d'un cas avéré de légitime défense. Quant à ceux qui jugeront que tout cela est bien lointain, qu'ils se détrompent: nous eûmes nos émeutes de Ferguson en 2005, et nous ne sommes pas à l'abri de Soros, qui finança chez nous il y a quelques années la ridicule et délétère campagne "Stop le contrôle au faciès" ainsi que le Collectif Contre l'Islamophobie en France ou encore Terra Nova. Il est donc urgent de sortir les yeux de notre nombril.


La bataille de Mossoul n'aura pas lieu
La bataille de Mossoul n'aura pas lieu
Le bureau idéal passe par l’unité de la personne humaine
Le bureau idéal passe par l’unité de la personne humaine
« Service de la dette » et catholicisme : Jusqu’à quand l’imposture ? (2)
« Service de la dette » et catholicisme : Jusqu’à quand l’imposture ? (2)

Commentaires


Pseudo :
Mail :
Commentaire :