Découvrez la collection Mauvaise Nouvelle, aux Éditions Nouvelle Marge.


La saga-cité

La saga-cité

Par  

La ville, ce théâtre à ciel ouvert, cet espace où se joue la comédie moderne, le drame des temps actuels, n'est parfois que le décor que la société du spectacle veut bien nous montrer.

C'est la ville des feuilletons, des séries, des téléfilms : c'est la saga-cité.

Mais est-ce bien la ville de nos quotidiens ? Est-ce que tout Marseille ressemble à Plus belle la vie ? Est-ce qu'en ville, toutes les femmes sont belles ? Est-ce que toutes les villes américaines ont un clochard vétéran de guerre ? Est-ce que chaque citadin croise chaque jour une personne homosexuelle, une femme commissaire en moto, un parvis de palais de justice grouillant de magistrats ? Est-ce que tous les trafics se passent en zone portuaire ou désaffectée ? Est-ce que Chicago ressemble vraiment à Liverpool ? Est-ce que les Berlinois ont la même vie que les Barcelonais ? Est-ce que tous les fast-food ont le même goût ? Est-ce que la nuit tous les taxis sont jaunes ?

La réalité du quotidien est souvent bien différente, moins palpitante, moins télévisuelle. Cette réalité est plus routinière, donc contraire à la saga qui appelle héros, rebondissement, intrigues. Cette routine, cette régularité est admise à la campagne, elle est ontologiquement liée à la campagne, au cycle des saisons, des moissons.

En ville, la linéarité n'a pas sa place : puisque tout y est lisse, nivelé, mondialisé, globalisé, il faut du contraste, du rythme, des heurts, de la violence, de la cadence sinon la saga s'essouffle, on perd le spectateur.

Quelle place pour la mère de famille investie dans l'école du quartier ? Quel intérêt pour le kiné qui soigne un handicapé à domicile ? Le couple de lycéens au ciné, l'agent immobilier et la vendeuse Zara n'intéressent personne.

Il est pourtant des gestes simples qui embellissent la ville parce qu'ils ne sont possibles que par la proximité des gens et des lieux : le retraité qui va lire des histoires à la bibliothèque de sa rue, l'étudiante qui donne des cours de soutien, les voisins qui s'organisent pour les trajets, les collègues qui se soutiennent autour d'un verre. Allez proposer ça à Netflix…

Avec plus de huit Français sur dix qui sont citadins, la ville est avant tout le territoire du commun, du banal, très éloignée de la saga-cité que l'on nous montre.

À quand simpli-cité ?


Le Québec, avant les grandes explorations
Le Québec, avant les grandes explorations
Capitalisme cannibale
Capitalisme cannibale
D’un radicalisme à l’autre
D’un radicalisme à l’autre

Commentaires


Pseudo :
Mail :
Commentaire :