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Résiste

Résiste

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Résiste, prouve que tu existes !

Un ami à qui je confiais récemment mon abattement face à la marche du monde et la sécheresse de ma plume, m’a encouragé à écrire sur les nouvelles formes de dissidences, sur les Soljenitsyne de notre temps.

Il poursuivait en s’interrogeant : face à la fin annoncée du salariat, de l’art, de la famille, de la culture ; face à la révolution du Big Data ; face à la soft dictature du mondialisme doucereux ; face à la déferlante de l’homo digitalus et de l’homme augmenté ; que nous reste-t-il donc ? La clandestinité, la sécession, la dissidence violente, le terrorisme ou l’ultime avatar des réserves de l’ouest américain ?

Son questionnement m’a troublé. A bien y regarder, notre époque est étrange. Elle adule ceux qui ont dit non dans une espèce de mystique républicaine mais jamais le respect de la parole donnée n’a été autant bafoué. Elle se fait le chantre de toutes les résistances mais vote en troupeau bêlant docilement dans le sens du vent. Elle adoube comme héros ceux qui se cachent du terrorisme plutôt que ceux qui le combattent frontalement.

Non, les vrais Soljenitsyne de notre temps ne sont pas ces tribuns de papiers monnaie qui distraient le bon peuple. Les batteurs d’estrade n’ont jamais fait de bons guerriers. Qui résiste aujourd’hui ? Celui qui clame à tous vent qu’il ne variera pas avant de tourner sa veste pour servir des intérêts et des conforts dont il est finalement l’esclave ? On ne peut servir deux maîtres.

Celui qui résiste aujourd’hui c’est celui qui se tient à genoux et qui dissolvant la barbarie dans le pardon offre sa gorge à la lame du bourreau, par fidélité. C’est celui qui depuis quatre ans se tient debout, sentinelle pacifique de la conscience ne ployant pas aux vents mauvais de l’insulte et de l’indifférence. C’est celui qui à la désespérance d’un monde décrépi qui s’effondre dans la fange, offre le visage radieux d’un esprit libre. C’est celui qui offre à qui est écrasé par une vie devenue par trop brutale, la fraternité d’une main tendue au-delà des clivages.

Ce à quoi nous assistons tient en peu de mots : la fin de l’humanité. C’est cette incapacité que nous avons à nous recevoir d’un passé, à nous inscrire dans un présent qui prépare un futur commun. L’école a modelé des générations d’êtres déracinés. Nos enfants ne sont plus héritiers de personne, si ce n’est d’algorithmes et de statistiques sociologiques et commerciales.

Le combat que nous menons nous dépasse de beaucoup. Je ne crois ni au grand soir, ni à l’homme providentiel. Je crois davantage à l’effet boule de neige. Posons des actes concrets, réfléchis, assumés. Ce sont ces grains de sable, ou de sel, qui gripperont la machine folle du progressisme. Nous devons retrouver le chemin de l’humanité et pour cela, le chemin de l’intériorité. Osons être plutôt que faire. C’est le prix de notre liberté.


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