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Retour à l'anormale

Retour à l'anormale

Par  

Hommage réitéré mais disjoint à Jean Baudrillard et à Joseph Ratzinger

             Finalement, pas plus que la guerre, l'épidémie (la pandémie) n'aura eu lieu. On en rêvait – c'est elle qui eût été normale, et l'on a tout fait pour la réaliser, la rendre réelle, pour faire d'elle un vrai, bien réel événement, avec chiffres à l'appui, statistiques, courbes exponentielles, retour sur information, etc. Tout le monde s'y est mis, journalistes, médecins, pompiers, soldats – les gens, surtout, les vrais gens, qui ont parfaitement joué leur rôle d'individus collectivement manipulés, trompés, rassurés, paniqués sur commande, irresponsables, responsabilisés, désinformés, surinformés, e tutti quanti, comme en Italie. Même les Anglais ont passé l'arme à droite, incapables de se retenir de faire comme tout le monde, pour une fois. Même Trump a joué le jeu. Il n'y a que les Chinois qui ont triché (chinoisé), mais c'est normal, ç'aurait été normal, du moins, si ç'avait été réel. L'épidémie n'a pas eu lieu, mais on a fait comme si elle avait lieu, parce que, sans doute, il fallait une épidémie. Et on a opposé au risque d'épidémie un simulacre d'épidémie, une épidémie grandeur nature, plus vraie que nature, comme la lessive qui lave « plus blanc que blanc ».

             On peut dire que la simulation a été presque parfaite. De façon presque plus réelle qu'en temps réel, les morts se sont alignés au rythme voulu, progressivement, en fonction de leur âge, pedigree, prédispositions, sous la baguette du professeur Salomon (dont on se demande comment il a pu tenir son rôle jusqu'au bout, il aurait dû succomber à sa tâche, étouffé par la salive qu'il était obligé de ravaler tous les trois mots), en ordre parfait, comme de vrais soldats de plomb, mécaniquement. L'hôpital et la charité, parfaitement coordonnés, se sont laissés déborder sur toutes leurs ailes par la police et l'armée dont les ponts aériens, les hôpitaux de campagne et les plans vigi-covid-pirate ont couvert tout le territoire, cependant que, sur la toile, les fake news et les viro-piratages divers sollicitaient toute la vigilance du génie informatique et de l'intelligence artificielle. Oui, on peut dire qu'on a tout tenté, on a fait l'impossible. On a tenté la pandémie, on l'a provoquée, défiée. C'est elle qui a manqué (c'est sa faute), qui s'est défilée, pour nous laisser en plan, le bec dans l'eau d'un simulacre à vrai dire triomphal, mais qui ne fait pour ainsi dire que nous renvoyer à nous-mêmes – miroir même pas déformant où notre nullité existentiale ne fait que s'accuser jusqu'à l'absurde, à force d'exactitude et d'efficience normalisée. Mais pour ce qui est de l'événement, c'est raté. Alors, retour à la case départ ?

             C'est vrai, pourquoi pas ? La solution est peut-être là, après tout. Puisque l'an 2000 est resté en suspens, on peut toujours y revenir, reprendre les choses à zéro depuis le début du processus pour recréer les conditions de – la croissance, la reprise ? On ne sait pas exactement quoi, mais ça ne fait rien, c'est l'aventure. La grande aventure de la reconstruction – comme en 40 (ou en 45, peu importe l'exactitude historique, tout se mélange, ça réverse dans tous les sens), avec deux zones : l'occupée au nord, la libre au sud ; avec un gouvernement en exil : « les Français parlent aux Français », l'Appel – mais nous sommes tous du bon côté, dans la Résistance qui se confond avec la Collaboration, et tout le monde appelle tout le monde. C'est la débâcle, la pénurie et le maquis en même temps, mais la ligne tient bon, l'Etat reprend la main, inutile de changer la constitution. Pas de referendum, pour une fois. L'urgence plébiscite les hommes en place qui se refont une santé sur le dos de la santé publique. On va remettre la France au travail. On va pour de bon mettre tout le monde au travail après l'avoir mis au chômage, et on va lui faire donner (comme aux athlètes sous doping) tout ce qu'il peut – rendre l'âme, pour ainsi dire.

             Et cette fois, cela devrait marcher, parce qu'on a réussi, cette fois, à faire le vide. Non seulement tout s'est arrêté, l'économie est à plat, la démocratie est sous perfusion, la vie sociale en mode virtuel (il n'y a plus de guerre, ni sociale, ni civile, ni militaire, même plus de terrorisme, grève totale des événements), mais même ce qui ne servait à rien s'est mis au service de la démobilisation générale : pas une messe depuis deux mois et la Semaine Sainte transformée en feuilleton télévisé pour personnes âgées survivant en milieu confiné. C'est bien le plus extraordinaire : le dimanche rabattu sur une semaine des quatre jeudis qui n'en finit pas. Du coup, c'est le vide absolu, un monde « vide de Dieu », pour reprendre l'expression de Benoît XVI évoquant le risque de voir le dimanche devenir un jour comme les autres. Et l'image de l'autre pape priant tout seul devant une place Saint-Pierre vide prend toute son apocalyptique signification. Mais c'est tout bénéfice pour le système qui, du coup, devient réellement ce qu'il est, une parfaite adéquation du monde à lui-même, des choses à elles-mêmes, de tout à sa propre image, impossible à échanger contre quoi que ce soit d'autre – ne pouvant donc s'échanger (que) contre rien, puisqu'il n'y a plus rien d'autre. Mais alors, c'est tout maléfice pour le rien, qui ne devrait pas manquer d'en profiter pour se glisser partout.

             Car nous aurons gagné ceci, à cet exercice de confinement libéré et de mobilisation immobile, que désormais les choses se sont retournées, le sens des mots s'est inversé. A moins qu'ils soient devenus réversibles à volonté. La question est de savoir qui saura en user le mieux.

             Pour le système, pour le gouvernement, pour quiconque aspire au pouvoir, tout est compliqué. Il faut garder la main, comme si de rien n'était, sur un jeu dont les règles, non seulement ont changé mais sont devenues mouvantes – comme si c'était le même jeu qui continue, où, ayant toujours déjà gagné, on n'a qu'à faire marcher un certain nombre de mécanismes pour que les choses aillent toujours dans le même sens. Seulement, tout jeu de mots mis à part, il y a maintenant du jeu dans la mécanique. Cela peut être intéressant à exploiter pour le pouvoir, si seulement il réussit à créer l'illusion que tout sera comme avant, même ce qui change. Mais ce sera compliqué de faire jouer tout le monde au même jeu.

             Pour l'objet social, en revanche, tout peut être plus facile, avec un peu d'intelligence des choses. Par exemple, la stratégie du « tous masqués » est tentante, si on veut bien laisser de côté l'humiliation qu'il y aura pour des gens normaux d'être obligés de se soumettre quotidiennement à une mascarade qui est normalement le privilège de la caste médicale (eux, c'est tant pis pour eux, ils aiment ça, ils ont toujours aimé ça, « il faut les inonder de masques », comme disait le Dr Bouet, président de l'Ordre, le 20 mars). Mais si nous sommes tous masqués, d'abord, on ne reconnaîtra plus personne. Même les Musulmans seront confondus. Et surtout, si nous voulons tous être « bien protégés », la situation va vite devenir ingérable, étant donné l'espérance de vie d'un masque, qu'il faudra changer régulièrement. Comment contrôler que chacun va bien jusqu'au bout de son masque, qu'il n'en change pas toutes les cinq minutes ? La production devra être exponentielle. (Et de même pour les tests. On pourra toujours exiger d'être re-testé). Il faudra même peut-être y subordonner tout le reste (dans un matelas, par exemple, on fait cinq mille masques). Et au moindre « relâchement » (mot mis à la mode par le confinement, mais qui risque de changer de sens), les syndicats pourront déclencher le mécanisme du droit de retrait. Surtout dans l'enseignement, où il y aura à gérer l'usage que les élèves feront de leur protection anti-virale. Il faudra sans doute prévoir de quoi stoker : les masques neufs dans le contener A, les usagés dans le B. De grands conteners, et nombreux, et hermétiques. Tout le temps scolaire risque de passer à assurer la distribution et la collecte. Les élèves ne seront pas revenus pour rien. Tout le monde au seul travail disponible : gérer la pénurie de masques.

             Mais surtout, ce qui va compter, c'est le nouveau rapport qui se sera instauré entre liberté et sécurité, production et consommation. La liberté physique, on aura tous compris qu'elle ne sert à rien qu'à se rendre malades les uns les autres. Bouger, s'attrouper, aller au travail, envoyer ses enfants à l'école, faire un pèlerinage, supporter une équipe de football, manifester, voyager, visiter des musées, manger au restaurant, boire un café, c'est tout ça qui fait d'une mauvaise grippe une pandémie mondiale. L'ennui, c'est que c'est tout ça aussi qui fait de la croissance. Donc, on va investir dans la sécurité-liberté, massivement, pour faire en sorte que tout le monde puisse reprendre toutes ses activités librement sans risque. Ça va être l'oxymore suprême, absolu – l'identité sur-remarquable. Tout faire sans toucher à rien. Tous ensembles à distance : la masse diffractée, dilatée, disséminée, comme dit Agamben. D'un côté, ce sera un devoir de solidarité : il faut produire, consommer, faire son social, sa BA quotidienne, son bienveillance act, participer, interagir, communiquer, communier, faire du lien, créer du partage, produire du care, prendre des initiatives, etc. Et en même temps, un exercice de responsabilité permanente : se protéger, se laver les mains, veiller sur, surveiller, protéger, être à l'écoute, garder ses distances, faire les gestes, assurer ses arrières, dresser des barrières, etc.

             De l'autre côté, ce sera une forme nouvelle de liberté, telle qu'on n'en avait jamais vu ni entendu parler dans aucune société : une sorte de grand jeu vidéo généralisé, où chacun pourra construire son parcours comme il le souhaite, du moment qu'il tient compte des règles du jeu et des paramètres définis : aller partout, dire tout, tout faire tout seul, comme sur un ordinateur. Bref, le bonheur intégral, le paradis sur terre, où on sera content d'être suivi à la trace, pisté, traqué, répertorié, contrôlé, testé, assigné à résidence, mis en quarantaine, en garde à vue, en isolement, provisoirement, comme au jeu de l'oie, quand on est tombé sur la mauvaise case. En fait, c'est la société réinventée. C'était déjà comme ça, mais on ne le savait pas. Du moins, en Occident, parce qu'en Chine et en Corée, ils le savaient depuis longtemps. Depuis toujours. En fait, le dé-confinement, ce sera comme le confinement, c'est-à-dire en fait comme avant, puisque pendant le confinement on faisait déjà comme avant. Seulement, maintenant, ce sera, comme sur le web, pour de vrai : un monde tout blanc.

             Dans ce monde blanc (plus blanc que blanc), ce qui aura surtout disparu c'est ce qui ne s'est jamais laissé voir, le gris. L'ancien monde avait son blanc et son noir, il reposait sur un équilibre instable. On ne savait jamais bien ce qui était vrai ou faux, bien ou mal. Tout était à la fois beau et laid. C'est pourquoi on risquait toujours de se tromper. Même si, sur les plateaux, les chanteurs les plus nuls, les pires acteurs étaient encensés : Zazie, Depardieu, Giroux, même si les bons n'avaient jamais le pouvoir, si les méchants gagnaient toujours, on savait qu'en réalité les choses n'étaient pas si simples et que, surtout dans la vie quotidienne, le noir et le blanc se mélangent constamment. On vivait donc sur un mode d'incertitude qui laissait toute sa place au doute et au risque. C'est d'ailleurs ce qui donnait sa saveur à l'existence – son sel. On n'avait pas vraiment besoin de savoir le vrai du vrai, parce qu'on savait que ce qui donne son vrai goût au vrai, ce n'est pas qu'il soit vrai, c'est qu'on y croie. Alors on croyait suivant ses besoins : on disait bien blanc pour faire comme tout le monde, mais dans le fond on pensait plutôt noir, et on croyait bleu, rouge, vert, selon les humeurs, les besoins du moment. On pensait noir, parce qu'un monde blanc, ça fait aussitôt penser au noir, c'est comme ça. Et qu’on n’était pas bête. On savait bien qu'à la fin, quoi qu'on croie, « il y aura la guerre », au sud comme au nord, à l'ouest comme à l'est. Un monde où tout le bien est promis à tout le monde, même si personne n'y croit, on savait que ça ne pouvait produire que la guerre. On savait que ça finirait mal.

            C'est pour cela, d'ailleurs, qu'on tenait à l'Eglise. Pas à cause de sa blancheur. On n'y croyait pas plus qu'à tout le reste. Elle aurait l'air malin, à présent, avec sa blancheur, dans un monde tout blanc où, même pour communier, même pour se donner la paix, il faudra montrer patte blanche, et porter un masque chirurgical. Non, ce qu'on aimait en elle, c'était justement son côté un peu noir, sa façon à elle de porter un masque, sa façon de mentir, de faire croire des choses invisibles, mystérieuses, incompréhensibles, pour nous faire avaler la pilule du monde tel qu'il est. Elle ne pouvait pas dire un mot « dans le sens » de tout le monde, sans qu'on la soupçonnât du pire. C'est pour ça qu'on a eu du mal à l'avaler, la pilule, quand on a vu que l'Eglise était pour les gestes-barrières, le confinement, et tout ça. Quel intérêt elle pouvait y avoir ? Les morts, c'est son affaire, non ? On ne va pas dire que c'est son gagne-pain, mais enfin, un monde où on cesserait de mourir, brusquement, ça ne peut pas être vraiment son truc. Alors, oui, on s'est mis à douter de tout, à se demander si l'hypothèse de Descartes, finalement, n'était pas la bonne : ce n'est pas Dieu qui est aux commandes, mais un « mauvais génie », une sorte de matrix particulièrement dénaturée qui ne nous fait rien croire que pour mieux nous abuser en modifiant en cours de route les éléments du parcours qu'elle nous impose. Le management généralisé, quoi, à l'échelle de l'univers.

             Normalement, l'Eglise aurait dû dire autre chose, ou au moins la fermer, au moment où tout le monde (sauf les Suédois) disait la même chose et se fixait pour seul objectif de faire aussi bien que les Chinois. A cause de son côté noir, précisément, qui la dispose naturellement à en référer toujours au réel, au monde tel qu'il est : gris, avec tous ses chats, ses chien-loup qui se glissent dans les bergeries à l'heure où la nuit et le jour se confondent, avec son Royaume qui « arrivera comme un voleur », avec ses « vous ne savez ni le jour ni l'heure », qui font que, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, on se retrouve toujours confronté à la même ambiguïté, à la même équivoque du oui et du non, où « les premiers seront les derniers », les derniers premiers, et où « à celui qui n'a rien, on enlèvera même ce qu'il a ». Ce n'était pas difficile. Il suffisait de laisser les Eglises ouvertes et de continuer à y dire la messe, comme si de rien n'était, sans rien dire à personne, même pas pour se faire remarquer, au lieu d'aller se faire bien voir sur les ondes à simuler une épidémie qui, c'est le comble, « nous permet de nous réinventer ». Qu'est-ce qu'il y avait donc à réinventer, on se le demande ? Tout était exactement disposé comme il faut. On peut même dire que c'était le dispositif, ou contre-dispositif, parfait pour opposer à l'autre dispositif, le dispositif du pouvoir, un défi auquel il ne pouvait pas répondre. Relisez Benoît XVI :

La conversion substantielle du pain et du vin en son corps et en son sang met dans la création le principe d'un changement radical, comme une sorte de « fission nucléaire », pour utiliser une image qui nous est bien connue, portée au plus intime de l'être, un changement destiné à susciter un processus de transformation de la réalité, dont le terme ultime sera la transformation du monde entier, jusqu'au moment où Dieu sera tout en tous.

             Les Chrétiens n'avaient pas besoin de se faire remarquer. « La nuit, tous les chats sont gris », ils pouvaient continuer leur petite vie tranquille, en se relayant pour assister discrètement, par petits groupes, aux messes que les prêtres continuaient de toute façon à dire en cachette. La police n'aurait rien osé dire. Elle se serait ridiculisée, à aller embêter des moutons même pas disposés en troupeau, éparpillés dans des églises trois fois trop grandes pour eux. Et quand même elle aurait osé… quelle gloire, quand même, de se faire verbaliser pour avoir voulu continuer à exister aussi innocemment. C'est même tout le sens de la chose, si l'on en croit, toujours, Benoît XVI ;

Un regard contemplatif vers « celui qu'ils ont transpercé » nous conduit à considérer le lien causal qu'il y a entre le sacrifice du Christ et l'Eglise. L'Eglise, en effet, « vit de l'Eucharistie ». Puisqu'en elle se rend présent le sacrifice rédempteur du Christ, on doit avant tout reconnaître qu' « aux origines mêmes de l'Eglise, il y a une influence causale de l'Eucharistie ». L'eucharistie est le Christ qui se donne à nous, en nous édifiant continuellement comme son corps. Par conséquent, dans la relation circulaire suggestive entre l'Eucharistie qui édifie l'Eglise et l'Eglise elle-même qui fait l'Eucharistie, la causalité première est celle qui est exprimée dans la première formule : l'Eglise peut célébrer et adorer le mystère du Christ présent dans l'Eucharistie justement parce que le Christ lui-même s'est donné en premier à elle dans le Sacrifice de la Croix.

Ça vaut bien une contravention, non ?

             Ils auraient répondu, tranquillement : « sine dominico non possumus ». Personne n'aurait compris, sans doute, surtout les derniers mots, « non possumus ». Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire, « non possumus » ? « On peut pas », « nous, on peut pas ». On ne peut pas quoi ? On les aurait pris pour des fous, on peut ne pas verbaliser des fous, quand même. Et discrètement, ils auraient trimbalé avec eux le machin, la chose, quoi, la bombe, le virus, (le corps), sans se faire remarquer. Chacun pour soi et tous indivisiblement. Chacun pour tous les autres, porteur saint, terroriste asymptomatique, ils auraient disséminé l'idée grise, le sel de la terre, le non-pouvoir, la non-peur de la mort, la non-mort, la vie, quoi. Ils le font peut-être, on ne le saura jamais. Laudato si'.

Egletons, le 23 avril 2020


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