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Trouver une alternative à la Chine

Trouver une alternative à la Chine

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L'Empire du milieu est-il le début de la fin ?

Il y a un mois, nous écoutions à la radio les informations venant de Wuhan. Le pangolin se transformait en virus, des scènes apocalyptiques d’usines où fleurissaient des masques, puis le confinement. Les esprits chagrins constataient les trous immenses dans les rayons, notamment des téléphones portables et ordinateurs, électro-ménager, mobilier…sans doute devait-on se préparer à moins consommer - insupportable vraiment. Les esprits heureux y voyaient l’opportunité du made in France qui triompherait bientôt en magasin. Pauvre Chine, se disait-on alors.

Un mois après, le virus prenait l’avion de la mondialisation pour frapper partout. Surtout en Europe, où l’absence de règles communes et l’absence de discipline propre aux démocraties rendant impossible les actions fortes et concertées, le Covid-19 fait des ravages. Les bourses se sont effondrées, les faillites vont s’accumuler, les consommateurs ne consomment plus et vivent confinés. Wuhan est chez nous, L’Europe est exsangue. Les politiques peinent à convaincre et unir, les médecins flanchent. Après avoir contaminé le monde, la Chine se prépare à le sauver, et les premiers médecins de l’Empire du Milieu seraient déjà au milieu de l’Italie si la route de la Soie était ouverte.

Il n’est plus temps de se battre pour ses actions et ses dividendes, ni pour ses retraites et ses droits acquis - le seul droit restant étant celui de rester chez soi. Il n’est plus temps de se battre pour un parti, ils sont en pause jusqu’à ce qu’on puisse tenir un deuxième tour d’élection municipale. Il n’y a plus qu’un seul combat, le dernier avant l’aliénation totale de l’Occident et l’anéantissement de la planète : celui de trouver une alternative à la Chine.

Pas parce que c’est la Chine - elle a apporté beaucoup au monde, l’irrigation, le papier et la porcelaine sous les Han, l’impression typographique sous les Song. Mais pour ce qu’elle représente pour le monde, déjà une usine globale, maintenant un magasin unique. Sans elle, le monde n’a plus de boussole, comme si la Chine lui reprenait ce qu’elle avait inventé. Après avoir confisqué les matières premières, sous la complaisance des organisations économiques occidentales qui poussent des cris d’orfraie dès qu’on prétend toucher au libéralisme absolu, elle organise un dumping sévère, rendant impossible la compétitivité d’un modèle industriel européen. Et le consommateur que la distribution complice a habitué à acheter toujours moins cher et qui ne connaît plus le vrai prix d’un bien, se précipite sur des produits dont il ne prend plus le temps de lire l’étiquette. Made in China, il n’y a déjà plus d’alternative. Made for China, il n’y en aura bientôt plus demain.

Tant pis si la planète étouffe et crève de ce modèle forcené, tant pis si l’impact écologique de ces allers et retours forcés augmente la facture, elle n’est pas payée par le consommateur. Il faut pourtant un modèle différent, ne serait-ce que pour les Chinois eux-mêmes qui n’ont pas beaucoup le droit de râler et dire qu’ils en sont les esclaves. 

Il faut une alternative à la Chine. Comment ?

  • Il faut constituer un front : l’Europe bien sûr, mais l’Afrique aussi qui est déjà mise sous tutelle, l’Amérique du Sud qui peine à trouver un modèle de croissance. Une concertation entre ces blocs, dans un G50 ou 70, permettrait de constituer un rapport de force.
  • Un plan d’action massif doit être entrepris - préférence européenne, droits de douane, conglomérats pour faire contrepoids aux géants chinois, relocalisation des matières premières - qui sait que produire du coton en France est possible ?
  • Il faut une ambition, une volonté politique, une vraie capacité d’investissement … qui fait fi des critères de Maastricht.
  • Il faut aller plus vite que les Chinois, qui ne craignent pas le risque, ne regardent pas le rendement et voient à beaucoup plus long terme.
  • Il faut retrouver l’ardente obligation du Plan et la foi des Trente Glorieuses matinée d’une vraie action écologique.

C’est cette foi contrastant avec le taoïsme chinois qui avait permis à l’Europe de faire sa Révolution industrielle et rattraper son retard par rapport à la Chine. C’est cette foi qui avait fait grandir l’homme européen, lui avait permis d’organiser sa société et l’avait poussé aux découvertes, quand la Chine ne parvenait pas à dépasser le statut du paysan. C’est cette foi qui avait permis de consolider les Etats, quand le centralisme absolu bloquait la Chine. Cette foi a été perdue au profit d’un individualisme désordonné qui finit par affaiblir sa société, quand la Chine retrouve sa puissance et son identité. Au point d’être le virus et le vaccin du monde. Il faut une alternative à la Chine, quoi qu’il en coûte.

 


L’alternative (Non-réponse à Badiou).
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Hollande en Chine euh non… au Japon
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