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Tyrannies du temps : la gouvernance

Tyrannies du temps : la gouvernance

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Invoqué au plus de l'État depuis la fin des années 1990, la gouvernance entend rénover la manière d'exercer le pouvoir. Mais plus qu'une question de forme, ce mouvement est avant tout la mort du fond.

S'agissant du pouvoir politique, Éric Zemmour justifie très simplement l'apparition du terme "gouvernance" : « on parle de gouvernance parce qu'il n'y a plus de gouvernement ». La formule est simple mais, comme toujours avec l'auteur du suicide français, l'analyse est loin d'être simpliste. La scène politique nationale se résume le plus souvent à un concours de posture, le fond étant dicté tantôt par Bruxelles, tantôt par les faits d'une actualité migratoire contre laquelle les chefs d'États européens sont incapables de s'accorder.

L'analyse est juste : le pouvoir du politique se réduit comme peau de chagrin. Qui peu croire aujourd'hui qu'un François Hollande à autant de pouvoir qu'en leur temps, le Général de Gaulle ou Georges Pompidou. Pour autant l'usage du terme gouvernance n'est pas réservé aux plus hautes fonctions de l'État : il est aussi fréquemment utilisé pour désigner la direction de grandes entreprises.

Alors que gauche et droite colbertiste s'offusquent régulièrement du trop de pouvoir des multinationales face à la puissance publique, la justification de la "gouvernance" par le manque de pouvoir semble s'émousser. L'argument de la prépondérance que prend la forme sur le fond, elle, demeure. Là est probablement le coeur du sujet.

La forme prend l'ascendant sur le fond en politique parce que le fond n'existe plus ; les groupes internationaux quant à eux préfèrent que le grand public en sache le moins possible sur leurs affaires. Le P.-D.G., supposé représenter l'entreprise, devient, plutôt que son porte-parole, le paravent d'une organisation qui vivrait bien sans lui par le mouvement intrinsèque d'un système. Quoi de mieux que les variations sur la forme d'une gouvernance toujours "moderne" et "novatrice" pour détourner les regards de ce qui doit, en toute transparence, demeurer cacher ?

La gouvernance, plus que la marque de la décomposition du pouvoir politique, est le témoin du règne sans partage de l'apparence décomplexée. Naturellement, notre époque n'a pas le monopôle du sophisme mais elle le célèbre, victime du manque de discernement d'un peuple dont l'instruction devenue déficiente ne lui a pas donné les armes de pensée nécessaires pour combattre les Protagoras d'aujourd'hui.


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