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Vive l'Écosse libre

Vive l'Écosse libre

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La France en parle peu, pourtant cela pourrait être un séisme majeur rompant l’unité européenne. Un pays comme l’Écosse (5 Millions d’habitants), membre du Royaume Uni, lui-même membre de l’Europe souhaite acquérir son indépendance. Mais attention, l’Écosse se rêve indépendante du Royaume-Uni tout en voulant rester membre de l’UE mais hors de l’eurozone. Or tout nouveau pays doit faire acte de candidature et obligatoirement opter pour l’Euro. C’est le défi fou que les indépendantistes proposent aux farouches écossais. Le dénouement partiel aura lieu lors du référendum qui départagera les pro du « ensemble c’est mieux » des anti-union, le 18 septembre 2014. Vote historique pour eux mais aussi pour nous. Les débats et les problématiques soulevées par cette question ainsi que la conclusion populaire, constituent un formidable laboratoire d’idées pour les souverainistes de tous les pays européens.

Un peu d’histoire

Le sujet ici n’est pas de retracer la longue et tumultueuse histoire de l’Écosse. Ce qu’il faut savoir c’est que frère ennemi de l’Angleterre, l’Écosse fut obligée de signer un acte d’union en 1707 après la faillite de ses possessions coloniales. Depuis cette date, les deux couronnes ont fusionné jusqu’à l’autonomie parlementaire de l’Écosse arrachée en 1998. Pour la petite histoire, la session d’inauguration du nouveau parlement écossais fut dominée par un chant, depuis devenu l’hymne des indépendantistes : « a man’s an for a that » (un homme est un homme quel qu’il soit) fleurant bon les idées révolutionnaires antimonarchistes. Dès lors, l’Écosse exerce sa souveraineté sur les sujets de politique intérieure sans pour autant être responsable de ses ressources financières ni posséder sa propre armée.

Indépendance de l’Écosse : un laboratoire d’idées dangereuses ?

Le 18 septembre aura donc lieu ce référendum débouchant sur l’éclosion ou non d’un nouvel état. Le débat outre-manche semble complétement occulté par nos médias. Peut-être, un peu devin, savent-ils que la scission ne recueillera pas suffisamment d’adhésion. Ce serait alors anecdotique. Mais plus la date du vote se rapproche, plus les partisans du « oui à l’indépendance » augmentent (47% favorable lors des derniers sondages). Une autre solution à cette absence d’intérêt serait qu’en parler donnerait de très mauvaises idées à nos régions autonomistes ou indépendantistes comme la Corse, ou bien même la Bretagne qui sont devenues françaises respectivement en 1769, en 1532. La troisième hypothèse, la plus robuste, serait que le sujet n’est pas du tout du goût des Europhiles. Nos médias, dignes représentants de cette caste, voient d’un mauvais œil ce qui pourrait être assimilé à un laboratoire d’idée pour les souverainistes. En effet, les débats et controverses entre les tenants et les opposants de cette indépendance portent sur le retour de la souveraineté économique et monétaire du pays. Rappelez-vous, cette question était à l’ordre du jour dans notre pays lors de la crise des dettes souveraines de l’Europe du sud. L’enjeu était de savoir si l’euro était une bonne chose, et comment et à quel coût pourrions-nous éventuellement nous en séparer? Sur un ton méprisant, nos élites nous confirmaient tous les bienfaits de cette union monétaire, fustigeaient les détracteurs souverainistes en leur assénant des chiffrages du coût de sortie complétement prohibitif pour la petite France que nous sommes devenus. Rien de tel du côté de nos amis outre-manche. Leur flegme devant les problèmes est admirable encore une fois. Un rapport de l’état anglais analyse toutes les possibilités pour leur petit frère. Dans celui-ci, il est instructif d’apprendre que l’euro n’est pas adapté pour un petit pays et qu’il ne permet pas de bien mettre en œuvre une politique contra-cyclique en cas de crise. Le cas de la création d’une nouvelle monnaie est aussi abordé avec le même sérieux. On apprend que cela a eu lieu en 1999 lors de la séparation de la république tchèque de l’union soviétique ou lors de la scission des Irlandais d’avec la couronne britannique. Soulignant les difficultés d’une telle opération, ils avertissent sur la durée de transition vers une monnaie indépendante et, analysent le meilleur système de fluctuation monétaire. Nul coût avancé car sûrement trop hypothétique, il ressort que tout est une question de volonté politique et de crédibilité des institutions présentes et à venir. Malheureusement pour nous, les indépendantistes écossais, en cas de victoire, semblent préférer garder la Livre Sterling. Ils optent ainsi pour une souveraineté fiscale mais pas monétaire. Ce sera alors une sorte de victoire à la Pyrrhus ! Dommage pour les Écossais. Mais gageons que s’ils réussissent dans la récupération d’une grande partie de leur indépendance, ils pourraient faire réfléchir d’autres nations. En effet, qu’est-ce qui sépare la France de la situation pré-référendaire de l’Écosse ? Nous avons un parlement autonome mais dont les lois votées doivent être en conformité avec les directives européennes. Notre budget est contraint par le pacte de stabilité. Notre politique monétaire est commune et nous n’avons qu’un vote à la BCE, de même poids que celui du Luxembourg (vote à la majorité simple des 20 membres du comité directeur de la BCE) ! Les jugements de nos tribunaux et même les avis de notre cour de cassation peuvent être contredits par la cour européenne des droits de l’homme. Même notre intégrité territoriale (nos frontières) n’est plus assurée par nous-même. En bref, nous sommes passés d’une grande nation indépendante vers un statut d’autonomie relative face à Bruxelles. Il est donc cocasse de voir que le cheminement de la courageuse Écosse est inverse au nôtre. Finalement, avec son kilt, l’Écossais semble être moins frileux que le Français sans culotte !


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