Paysage d'un passage

Dans le calque d'un reflet
L'écho surdimensionné d'une couleur
Le vertige limoneux d'une espérance

Doigté offert au lumineux voyage de timbres graves
Égarés entre les plis d'une ombre basse
Et les passages bleutés d'un clair soleil

Sonore cécité qui se détache du sommeil
Pour rejoindre la transparence d'une eau rêvée

Nuptiales couleurs d'automne
Sur la cantate d'un ciel noir
Dans l'accalmie des hauteurs
Au souvenir de pénombres ardentes

Fluides mosaïques de nuages en cortège
Sur fond d'une nuit éteinte
Par les clartés d'un seuil vibrant
Éclairé de ses lumières opaques
Quand l'obscurité descend sur nos visages
Avec ses sombres fleuves ruisselant sur les mots

Pays essentiel à nos visages
Figures emplies de secrète sérénité
Sous l'évidement des signes

Parole journalière cent fois répercutée face au désastre
Ultime parole désespérée serrée en sa patience infime
Qui abroge fugitivement le temps

Énigme qui nous rassure et nous désole
Inconnu qui nous révèle à nous même
En cette sublime précarité contingente

Précipité d'eau et de vent avant l'éclair
Brutale lumière qui disperse les sons

Obstacle d'une douleur sereine
Appâtée par le vide
Quand brusquement s'élève un autre sommet inconnu
Qui lentement nous fait mourir