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Jean-Charles Barguès, un poète dont la voix restera vivante

Jean-Charles Barguès, un poète dont la voix restera vivante

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Jean-Charles Barguès (1949-2016)

Soudainement, brutalement, avec cette injustice éclatante et rude issue peut-être d'une tragédie grecque, une injustice si vivement apparente sinon évidente qui frappe parfois avec la brusquerie des divinités antiques les êtres les plus sensibles et les plus délicats, Jean-Charles Barguès, hélas, est parti en 2016. Lui, c'était un homme qui portait dans sa voix chantante et tranquille, dans son rire sonore, l'élan et la lumière, l'accent et la vigueur de la Méditerranée la plus étonnante, la plus simple et pure, la mieux éternelle, enfin (passant entre Marseille et la Corse, un peu au large des hauteurs de Sartène).

C'est peu dire qu'il manque à ses amis, à ses trop rares lecteurs.
Mais ce matin, je suis convaincu que l'esprit ne s'éteint pas, qu'il ne s'en va pas, même si l'on affirme qu'il s'éloigne.

La voix d'un poète, d'un poète qui fixait son œuvre sur le papier et dans l'encre, vibre en permanence, même quand le poète doit s'effacer, après la souffrance et par un geste tragique, d'autant plus que ce geste est inattendu et involontaire. Jean-Charles Barguès laisse une œuvre, chansonnée sur le papier, blasonnée dans les formes poétiques les plus variées, originales ou classiques. Cette œuvre, rimée ou de prose, forme toujours un ensemble de poésie absolue, qu'il faudra faire découvrir, qu'il faudra rendre entier et tout accessible. Funambule apparent, Jean-Charles Barguès offrait l'accentuation nette d'un lyrisme sincère, d'un foisonnant lot d'images, des images mises en mots, des images subtiles, douces ou fortes, belles et attendries, rarement féroces, franches comme une flamme, colorées comme un feu d'artifice ou plus justement: feu de sincérité. Une sincérité touchante, qui se disait dans chaque mot de sa conversation ou dans chaque page écrite. Une sincérité que connaissaient tous ses proches et ses amis; esprit rieur, attachant, plus profond et inquiet qu'exactement léger, frivole par pudeur et discrétion, Jean-Charles Barguès conservait à soixante-sept ans ses enthousiasmes d'enfant et d'adolescent, de jeune homme soudain et brusquement devenu involontairement éternel.

Au croyant en la vie, et au-delà de la vie terrestre qu'il était, autre chose que sa dernière nuit, si rudement passée, était souhaitable. A celui qui était un ami plein de tendresse, d'émotion et de délicatesse, un doux salut doit être offert, ce matin. Au poète, comme au peintre et dessinateur précis et précieux qu'il savait être aussi entre ses traits inquiets, ses éclats noirs - et pour sa lumière retrouvée toujours -, ses amis doivent assurer que sa voix, ses mots, ses lignes et ses gestes resteront présents, vivants et vibrants. Espérons, face à l'éternité qu'il découvre en avant-poste de quelques amis, que cette assurance sera donnée, et que la belle promesse que mérite l'homme et son œuvre sera tenue. Par ceux qui l'aimaient, l'aiment encore et, en attendant un plus clair matin, celui des grandes retrouvailles amicales, aux rires en cascades et aux beaux silences complices et compris, lui survivent.


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