Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle ?
Art contemporain Mauvaise Nouvelle https://www.mauvaisenouvelle.fr 600 300 https://www.mauvaisenouvelle.fr/img/logo.pngMiroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle ?
Au cours d'une de ses causeries « sous l'acacia » dont il a le secret, Luc-Olivier d'Algange nous rappelle que « le dessein fondamental de l’œuvre d'art » n'est pas de sidérer le public ou de le convertir à quelques valeurs que ce soit, mais d'être tout simplement « l'allié de l'âme ». S'exprimer en ces termes à l'heure où s'installe partout le techno-solutionisme et le matérialisme pratique, c'est s'exposer à l'incompréhension, voire à la raillerie.
L'important est que Luc-Olivier d'Algange nous aide à discerner dans la nuit où nous sommes, la ligne de démarcation, claire et nette, qui sépare l'art de ce qu'il n'est pas. Comme dit, l’Art, c’est le vertige du sublime… mais encore ? Luc-Olivier d'Algange nous aide à préciser les choses en nous poussant dans nos intimes retranchements : « voulez-vous être Homme du matin ou Homme du nouveau, entre les deux il faut choisir » ! Invective qui n'est pas sans rappeler le fameux soliloque de Hamlet : To be or not to be, that is the question !
Il nous montre aussi en quoi l'œuvre d'art ne peut pas être à la fois « du matin profond de la réminiscence » et de la « planification, revancharde et ensorcelante ». Mais Luc-Olivier d'A. n'est pas pour autant un poseur, sa prose écumante de poésie est comme l'art : elle fait apparaître, elle suggère, annonce, sans jamais forcer les serrures de nos compréhensions intimes. Il se contente de rendre visibles les pierres d'attente posées avant lui par d'autres pèlerins des éternelles sapiences. Point essentiel qu'il partage et que je partage : il y a en nous comme une petite musique qui peut s'entendre sur plusieurs octaves et dont notre vie consiste à trouver les paroles qui s'y accordent le mieux. Pour Luc-Olivier d'A., cette musique ne relève pas uniquement de la subjectivité individuelle, mais de la tradition. Une tradition où miroitent muses et dieux, et qui n'est pas à chercher ailleurs que dans notre être, le matin profond de notre être…
Chers lecteurs, si vous êtes aussi intimement persuadés qu'une des plus hautes octaves de cette musique est audible dans la trame des mythes et des légendes que nous ont légué nos ancêtres, alors essayons, malgré le brouhaha actuel, d'en entendre les échos dans les problématiques triomphantes de notre bas-monde ?
Camper cette métaphore, ce légendème, dans un débat à couteaux tirés entre détracteurs radicaux et admirateurs hypnotisés, c'est ouvrir la fenêtre à nos sapiences d'enfance ; c'est donc laisser la vérité toute nue sortir du puits. C'est aussi et surtout comprendre pourquoi l'AC n'est pas, contrairement aux éléments de langage où règnent confusion et démagogie, un courant d'art parmi d'autres, mais un courant exclusiviste.
Cet art parvenu à occuper le trône officiel des institutions culturelles est une arme au côté de la volonté de pouvoir, quand l'art traditionnel est du côté de l'âme et de la souveraineté. Cette opposition posée, quand les lanternes en ont assez d’être prises pour des vessies, a des implications directes qui vont plus loin que de simples mots lus sur un écran d'ordinateur.
Une implication directe : si nous ne faisons rien, dans vingt ans, un homard ou une tulipe de Jeff Koons aura remplacé la Joconde ; on exposera une automobile compressée de César devant les Bergers d'Arcadie ou la Victoire de Samothrace sous les acclamations des bien-pensants. Le faire-savoir de la com aura alors définitivement remplacé le savoir-faire de la tradition.
Bref, sans le recours à un texte-lampe comme celui de Luc-Olivier d'A., sans le
Nous comprenons désormais mieux pourquoi, grâce notamment à Christine Sourgins, la dénomination Art Contemporain, résumé en deux lettres acronymiques A et C, masquent une réalité plus proche de l'Art Conceptuel, voire un Art en sens Contraire (avec un «C» comme «contraire»), un art sans art ; un art abstrait, retiré, chimérique, autre clin d'œil avec la Méchante Reine de la légende dont le nom d'origine germanique, Grimhilde, signifie précisément… masque ou grimace. Devant ces œuvres de Koons qui s'imposent à nos regards plus qu'elles ne s'exposent en nos places publiques, nous faisons en effet la grimace car nous en comprenons plus ou moins intuitivement le non-dit. Ces œuvres sont des stratégies destinées à diffuser le logiciel des idéologies sociétales dont elles sont une sorte de faire-savoir et de logo d'entreprise.
A ce débat sous haute tension politique, je souhaite ajouter cette réflexion, inédite : nous savions déjà que la base arithmétique - sur lequel repose la vision du monde actuel et de «l’homo œconomicus moderne», notamment par la sacro-sainte science et ses filles : médecine, chimie, physique nucléaire ou pas, l’informatique et la robotique, la spéculation financière… - était du temps des Grecs Anciens rien d'autre qu'un jeu à base de chiffres inventés pour distraire les prêtres et les philosophes. Nous trouvons des témoignages dans des textes de nombreux témoins d'époque dont l'exergue serait aujourd'hui très gênante. Quant à la première exposition d'AC, tout laisse à penser qu'elle eut lieu dans un contexte non moins dénué de sérieux : pour toile de fond, un canular organisé par une bande d'artistes italiens !
Il y a donc, chers amis lecteurs, quelque ironie à penser que la base arthmétique comme le sommet esthétique de l'AC de ce système financier de captation des âmes relèvent de la distraction et du canular. « Dérision de nous dérisoire !