Des œuvres de Charles Ferdinand Ramuz à l’écran
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Des œuvres de Charles Ferdinand Ramuz à l’écran
Ramuz par lui-même.
« Je suis né en 1878, mais ne le dites pas. Je suis né en Suisse, mais ne le dites pas. Dites que je suis né dans le Pays-de-Vaud, qui est un vieux pays Savoyard, c'est à dire de langue d'oc, c'est à dire français et des Bords du Rhône, non loin de sa source. Je suis licencié-és-lettres classiques, ne le dites pas. Dites que je me suis appliqué à ne pas être licencié-és-lettres classiques, ce que je ne suis pas au fond, mais bien un petit-fils de vignerons et de paysans que j'aurais voulu exprimer. Mais exprimer, c'est agrandir. Mon vrai besoin, c'est d'agrandir… Je suis venu à Paris tout jeune ; c'est à Paris que je me suis connu et à cause de Paris. J'ai passé pendant douze ans, chaque année, plusieurs mois au moins à Paris ; et les voyages de Paris à chez moi et de chez moi à Paris ont été tous mes voyages ! (Outre celui que j'ai fait par religion jusqu'à la mer, ma mère, descendant le Rhône.) » (1)
Ramuz est sans doute l'écrivain suisse le plus filmé. Après l'entrée des romans dans la prestigieuse collection de « Pléiade » chez Gallimard en 2005 (2), puis l’édition en Suisse d’un coffret de sept DVD (3), et enfin les récentes restaurations des films 35 mm par La Cinémathèque suisse (4), la redécouverte de ses romans et adaptations à l’écran nous est désormais plus accessible.
L'écrivain suisse Charles Ferdinand Ramuz.
Du premier projet d’adaptation de La Séparation des races.
Remontant un siècle en arrière. C’est en 1925 qu’apparait un premier projet d'adaptation cinématographique par Jean Choux de La Séparation des races, dont Ramuz dit que c'est « un film plus encore qu'un roman » et que le scénario serait en grande partie déjà̀ fait ; l'écrivain semble avoir été déterminé́ déjà̀ à collaborer de manière créative à la réalisation. C'est en tout cas ce qui transparait de deux projets de lettre au cinéaste genevois (5). Le film a pour titre Feu à Cheyseron mais le projet du cinéaste franco-suisse avorte. Parallèlement, il réalise la même année La Vocation d'André Carel avec la toute première apparition notable de Michel Simon.
« Réaliste encore par les caractères. Ses personnages, hommes ou femmes, sont deux fois vrais. Vrais au sens de la vie, c'est-à-dire qu'ils possèdent tout ce que possède un être vivant et dont un personnage, pour vivre au sens de l'art, peut fort bien se passer. Les bourgeois de M. Ramuz, plus ils sont de leur village parleurs traits et par leur teint, par la couleur de leurs yeux et celle de leurs cheveux par la forme de leur moustache, par leur tournure et leur allure, leurs costumes et leurs gestes, leurs voix et leur accent, en un mot, plus ils sont particuliers dans toute leur personne, plus leurs passions sont générales et humaines et plus ils sont par-là, de tous les pays et de tous les temps. Je ne vois pas de différence entre reine Frédegonde, femme du roi Chilpéric et Frieda Magnenat ; c'est toujours la servante qui se fait épouser parle maître, qu'elle affole, corps et âme. Par ce caractère profondément humain, l'œuvre de M. Ramuz échappe à l'épithète de régionaliste, qu'on serait tenté de lui appliquer.
Réaliste encore par son attitude. Il semble que sans effort, M. Ramuz soit parvenu à cet état idéal que les stoïciens nomment ataraxie. C'est faux de dire qu'il peint, qu'il reflète les choses. Peut-être faudrait-il y voir un caractère de la race. M. Ramuz est Vaudois. Nul peuple plus calme au monde. Et ces choses que Flaubert trouvait « énormes » en levant les bras au ciel, M. Ramuz les accueille-t-il avec plus de sérénité. Au reste, il ne se moque point ; on est toujours de plain-pied avec ce dont on se moque. Choses et gens sont dans ses livres ainsi qu'elles sont dans la vie. Rie ou pleure qui voudra, Et peut-être tel bourgeois lirait-il d'un bout à l'autre les Circonstances de la vie sans y soupçonner la moindre ironie. Mais entre Flaubert et lui je vois une autre différence. Ce qui frappe le plus dans l'œuvre de Flaubert, parmi tant de romantisme, c'est le romantisme des choses. Dès la première page de Madame Bovary, songez donc à la monstrueuse casquette de Charles ! — Rien de semblable chez M. Ramuz. Il n'exige pas des choses qu'elles soient intéressantes. Qu'elles existent et rien de plus. » (6)
Les grands espaces pour la mise scène et les petites patries pour la fiction.
Tourné en 1933 et sorti l’année suivante, le film suisse Rapt (Titre alternatif : La Séparation des races) marque ainsi la toute première adaptation à l’écran d’un roman de C-F Ramuz. Il s’agit là également du premier film parlant du cinéaste et violoniste estonien (né dans la Russie impériale, mais qui a fui la révolution bolchevique) Dimitri Kirsanoff qui n’avait pas tourné depuis Brumes d'automne en 1929. Rapt constitue l’un des films suisses les plus originaux et les plus importants de la première moitié du 20è siècle.
Également, l'un des premiers films parlants produits en Suisse, Rapt rassemble une pléiade d'acteurs et de techniciens issus d'horizons divers, ce qui en fait une œuvre unique et novatrice. Adapté par le poète Benjamin Fondane du roman La Séparation des races de Charles-Ferdinand Ramuz (qui apparaît dans le film), l'histoire se déroule à Lens, un village niché entre les Alpes valaisannes et bernois où Ramuz avait vécu et qui a inspiré le roman. Les scènes en extérieur ont été tournées sur place dans des conditions difficiles, ce qui est visible dans le film. Outre la poésie visuelle de Kirsanoff, Rapt se distingue par l'originalité de sa bande sonore. La partition musicale est signée par Arthur Honegger et Arthur Hoérée. Nous découvrons une bande sonore expérimentale où sons et bruitages étranges accompagnent notamment les scènes culminantes du film. C’est assez avant-gardiste. Les compositeurs ont en effet expérimenté divers effets, allant des enregistrements sonores directs et des ondes Martenot (7) à la manipulation physique du négatif sonore.
Scène de Rapt (1934), le premier film suisse d’avant-garde, réalisé par l’auteur estonien en exil Dimitri Kirsanoff.
Synopsis. D'un côté, il y a ceux du Valais qui parlent français et qui sont catholiques. Sur le versant d'en face vivent des Bernois, de langue allemande et de religion protestante. C'est dans ce contexte électrique que Firmin, berger valaisan, découvre son chien tué par le Bernois Hans. Il n'a dès lors plus qu'un désir, se venger. Pour ce faire, il enlève Elsi, la fiancée de Hans et, malgré la désapprobation de sa mère, séquestre la jeune femme dans sa maison…
Contexte : avant les années 1920, Ramuz avait séjourné régulièrement à Lens dès 1906. Son ami, le peintre vaudois Albert Muret (1874-1955) y habitait et le village est un motif fréquent pour les artistes que l'on définira comme appartenant à l’« Ecole de Savièse ». Il n'est pas nommé́ dans La Séparation des races ni dans Le Feu à Cheyseron (1912), qui en est la première mouture. Mais les lieux et en particulier la topographie de la séparation des communautés font de la région le modèle de la géographie fictive du roman. Il est possible que le choix d'y tourner le village du film, lui-même non nommé dans Rapt, ait été au moins suggéré par le romancier. Ramuz avait sur le cinéma des vues originales. Ainsi l'écrivain défendait-il l'idée d'un écran plus haut que large pour les films de montagne, afin que les verticales puissent jouer plastiquement leur rôle :
« Mesdames, Messieurs,
Laissez-moi vous dire tout de suite, pour me mettre à l'aise, que je n'ai aucun droit à prendre la parole devant vous ce soir. Je n'ai pris aucune part, en effet, à l'élaboration du film qui vous sera présenté tout à l'heure. Je n'en suis pas le « producteur » (c'est le beau nom que porte dans le jargon du métier l'organisateur d'une entreprise cinématographique) ; je ne suis d'ailleurs ni metteur en scène, ni opérateur, ni acteur, ni même figurant ou si peu ; je ne suis ni l'auteur du scénario, ni celui de la musique ; – mon seul rôle a consisté (si c'en est un) à écrire autrefois un petit livre dont on a bien voulu transporter l'intrigue à l'écran. Or tout le monde sait le peu de chose qu'est une intrigue (même si son développement psychologique est sauvegardé), une fois qu'elle a été dépouillée de sa substance vivante, j'entends son tissu de mots et de phrases, de toute son organisation verbale, et se trouve par là même réduite à l'état de simple schéma, c'est-à-dire retombée au domaine commun. […] Je ne sais pas si le public se doute des complications de toute espèce et de tous les ordres que rencontre nécessairement la réalisation d'un film et surtout d'un film comme Séparation des races dont la plupart des scènes ont été tournées en plein air, loin des grandes routes, loin des chemins de fer, loin de tout moyen de communication. Le public à vrai dire n'a pas à s'en occuper, il n'a même pas à en tenir compte ; son droit le plus strict est de ne s'intéresser qu'au résultat. Qu'il me permette pourtant de lui représenter qu'une troupe de cinéastes en plein air se trouve tout à coup soumise aux mêmes lois que les moissonneurs ou les vignerons et que ces hommes de grande ville, quand ils « tournent » et pour tourner, ont à redevenir d'abord, qu'ils le veuillent ou non, des espèces de paysans. L'extrême civilisation rejoint ainsi les civilisations primitives ; l'homme qui arrive avec ses instruments perfectionnés et d'une perfection qu'il ne doit qu'à lui seul se heurte brusquement à la nature brute qui, elle, n'a pas changé, qui ne le connaît pas, qui ne lui obéit pas, qui n'obéit qu'à elle-même. Et alors, tout à fait comme l'homme des champs, le cinéaste doit se plier à elle; il ne peut qu'obéir à une grande chose extérieure à son petit personnage, sur laquelle il est sans action, – s'apercevant par exemple et quelquefois assez tard, s'il l'avait oublié, mais ces choses-là s'oublient vite, dans l'atmosphère artificielle des grandes villes d'où il vient, que les jours n'ont pas toute l'année la même longueur, que le soleil ne se couche pas toujours à la même place; que les ombres sont plus ou moins longues et changent continuellement de direction; ayant aussi à connaître les signes qui annoncent le mauvais temps, et combien promptement la neige, dans nos hauts pays, même en plein été, vient engrisailler les rochers ou blanchir les pâturages. […] Les opérateurs de Séparation des races que différentes circonstances avaient empêché de se mettre au travail en juillet, comme convenu, se sont trouvés dans la même situation que le paysan en retard pour les semailles ; il se hâte davantage, il se lève plus tôt, il se couche plus tard ; ce sera à vous de juger tout à l'heure si la moisson vous semble avoir beaucoup souffert de cette besogne d'arrière-saison.
Mesdames, Messieurs,
Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire sur les conditions qui sont actuellement faites aux entreprises cinématographiques par cette terrible et inexorable puissance qu'est l'argent. Un film – et surtout un film sonore – coûte très cher ; il doit être « commercial ». Il doit coûter le moins possible, et rapporter le plus possible. Il s'ensuit, entre autres conséquences, qu'il doit être tourné dans le plus bref délai. La troupe des opérateurs et des acteurs arrive dans un pays qu'elle ne connaît pas et elle n'a matériellement pas le temps de faire sa connaissance, ce qui serait pourtant l'essentiel. On arrive, on se met instantanément au travail ; et si le paysage, plus docile, entre bien quand même dans l'objectif, si le paysage donc se laisse faire, il n'en va pas tout à fait de même pour les habitants du pays, qu'on appelle à collaborer, qui sont chez eux, qui sont ce qu'ils sont, qu'on ne peut espérer changer, et qui par conséquent devraient donner le ton. Ils voient arriver des gens qu'ils ne connaissent pas et dont l'allure les étonne ; bien entendu, ils prennent peur et se dérobent. Il faudrait, pour tout arranger, que les acteurs pussent arriver un bon mois à l'avance, de manière à avoir le temps de se lier préalablement avec eux, ce qui ne va pas toujours sans peine ; mais quelques petits verres de fendant ou de muscat y aideraient certainement. Hélas ! il ne faut pas compter sur des possibilités de ce genre, tant que la société tout entière n'aura pas été réformée et que les valeurs d'argent n'y auront pas cédé la place à telles autres valeurs plus humaines que vous devinez. Et cela est d'autant plus regrettable qu'un film de montagne pose un certain nombre de questions particulières qu'il faudra bien résoudre un jour ou l'autre et que je voudrais tout au moins poser aujourd'hui devant vous.
Il y a déjà beaucoup de films dits «de montagne » ; or, on ne voit pas que la montagne n’y ait guère joué jusqu'ici d'autre rôle que celui de simple décor. Elle est, bien entendu, réduite au rôle de simple décor quand elle ne fait qu'encadrer (avec des intentions plus ou moins « touristiques ») quelque vague intrigue amoureuse qu'on a intérêt à dérouler dans certaines stations mondaines que la mode a consacrées comme Saint-Moritz ou Interlaken. Elle n'est pas beaucoup plus qu'un décor, bien qu'il soit plus strictement utilitaire, quand elle n'offre à l'œil qu'un certain nombre de corniches, de dalles, de parois à pic qui servent d'occasion à de vertigineuses varappes. Je n'insiste pas pour le moment sur quelques beautés cinématographiques qu'elle présente incontestablement et de toute façon : j'entends la limpidité de son air, l'extraordinaire éclat de sa lumière, la netteté et la profondeur de ses ombres, la sonorité exceptionnelle de ses étendues étagées. Ces beautés vous seront présentées tout à l'heure, mais ce ne sont encore que des beautés accessoires parce qu'elles dépendent toutes d'une seule cause : l'altitude, et vous voyez où je veux en venir : la montagne est de l'espace en hauteur. La grande question qu'elle pose est celle de la verticale. Considérez que si les écrans sont horizontaux, c'est sans doute parce qu'ils ont été inventés dans des pays de plaine. Le problème est donc de faire rentrer la montagne dans un cadre plus large que haut, alors qu'elle-même est plus haute que large. Il peut paraître assez dommage que le cinéma n'ait pas été doté d'un écran carré où les vues se projetteraient dans les deux sens, tantôt en hauteur, tantôt en largeur. Mais, Mesdames, Messieurs, il est bien entendu que le problème n'est pas que mécanique et que l'auteur a à s'accommoder du cinéma tel qu'il est. La montagne, qui est verticale, et toutes ces grandes vues de haut en bas et de bas en haut, dont elle abonde, ont à tenir sur l'écran en longueur. Le problème n'est que déplacé, c'est un problème de mise en page. La montagne, si je puis dire, a ainsi à redescendre dans la plaine, mais c'est à la condition qu'elle ne cesse pas pour cela d'être la montagne et que les verticales, pour être autrement encadrées, continuent de jouer plastiquement leur rôle qui est de présenter les choses et les hommes superposés et non plus juxtaposés.
Pour tout dire, Mesdames, Messieurs, j'aurais aimé, si j'avais été mis en mesure de tirer moi-même un film de mon livre, y faire de la montagne le principal personnage. L'idée de « séparation », si on veut bien l'entendre, est essentiellement une idée de montagne. C'est un fait que la montagne a une importance de masse et qu'occupant tout l'espace devant vous elle cache quelque chose derrière elle. C'est un fait qu'une des caractéristiques des verticales est de dresser entre elles un faîte, qui est le sommet d'une chaîne et qui est nécessairement un lieu de séparation. C'est là-haut que les eaux se séparent, coulant les unes vers le sud, les autres vers le nord, et les nuages aussi, et les langues et les religions. On s'est toujours battu au cours des temps entre bergers sur les différents cols (ils ne sont pas nombreux, il n'y en a que trois) qui à la fois réunissent et séparent les cantons de Berne et du Valais. Et voyez que cette séparation, j'y reviens, reste jusqu'au bout essentiellement plastique, c'est-à-dire toute visuelle, c'est-à-dire marquée aux yeux par toute espèce de signes frappants, puisqu'elle intéresse aussi le climat, le paysage, l'architecture des terrains et des maisons, la taille et l'aspect des hommes et des bêtes. C'est dans la seule présentation des deux versants de la montagne qu'aurait pu résider le drame, et je veux dire le drame essentiel d'où découlerait nécessairement le drame tout occasionnel, mais non plus simplement anecdotique, qui a fourni le thème du film. On verrait ces deux pentes réunies sous les neiges vers les 4000 m aller se séparant ensuite et s'écartant l'une de l'autre: celle-ci, la bernoise, plus molle, moins abrupte, plus compliquée et pluvieuse, plus verte, plus riche, avec ses grands pâturages, ses belles forêts, ses immenses chalets de bois, ses filles à tresses blondes, ses lourdes vaches aux robes tachetées; celle-là, la valaisanne, pierreuse, nue, toute brûlée de soleil, avec ses vieilles maisons de pierre, ses petits hommes noirs, ses petites vaches brunes.
Je voyais en imagination monter peu à peu devant l'appareil les différents étages de ce versant du sud, depuis le Rhône qui coule en bas jusqu'aux rochers en lame de couteau qui les terminent, vous apportant successivement leurs vignes, leurs petits champs de blé ou de seigle en gradins, leurs villages, leurs bois de pins, puis les mayens, et puis la neige; je voyais ensuite l'appareil plonger soudain vers l'autre versant déjà brumeux, énumérant en sens inverse, et cette fois de haut en bas, ses apports à lui et contradictoires. C'est là qu'aurait pu être le vrai drame ; mais, Mesdames, Messieurs, tout le monde sait qu'il est très facile et doux de rêver, très difficile et très amer de faire.
C'est Kirsanoff, le metteur en scène, qui a eu ce mérite ; il n'a pas imaginé seulement : il a fait, il a réalisé. C'est lui qui s'est battu non plus avec des fantômes, qui sont des objets perméables, légers, et prompts à obéir à vos suggestions, mais avec une réalité, et la plus ingrate. Je vous prie donc d'oublier les quelques théories faciles que je me suis permis de vous soumettre en passant : et de vous laisser transporter maintenant sur le plan des objets réels qui sont pesants et difficilement déplaçables.
Les principales scènes du film qui va vous être présenté ont été tournées sur la Gemmi et au village de Lens, qui est situé à 1250 mètres environ sur un replat de la montagne au-dessus de Sierre. C'est un vieux et assez grand village qui serre étroitement ses maisons de bois et de pierre, ses maisons brunes et blanches, autour d'une immense église nue où on vient de très loin le dimanche pour la messe de tout le pays d'alentour. Il y a un vieux sonneur qui, tout le long de la matinée, égrène du haut du clocher ses jolis carillons, et, selon le vent qui souffle, on les entend jusqu'au sommet des montagnes ou jusqu'au fond de la plaine du Rhône. » (8)
André Gide et C.F Ramu en 1934, année de la sortie du film Rapt.
En Suisse romande, l’œuvre qui fut et qui est restée le centre d’intérêt des cinéastes est évidement celle de C.F Ramuz.
« … En Suisse romande, l’œuvre qui fut et qui est restée le centre d’intérêt des cinéastes est évidement celle de C.F Ramuz. Avant même de tourner La vocation d’André Carrel (1923), Jean Choux s’est mis en tête d’adapter Le feu à Cheyseron, premier titre de La séparation des races. C’est ce roman du Vaudois qui a inspiré Rapt (1934) du Soviétique Dimitri Kirsanoff, passé de France en Suisse. Jacques Feyder, ami personnel de Ramuz, voulut porter à l’écran La beauté sur la terre mais le projet ne se réalisa pas. Ce n’est que bien plus tard, lorsque Feyder et sa femme Françoise Rosay se furent réfugiés en Suisse, que le metteur en scène tourna en Valais Une femme disparait. Puis ce fut L’or dans la montagne (1939) de Max Haufler. Après quoi il faudra le milieu des années soixante pour que Ramuz soit de nouveau porté à l’écran, cette fois dans le cadre d’un cycle de coproductions francophones mis sur pied par la télévision suisse romande. Arthur Honegger composa la musique de Rapt et de L’or dans la montagne. Ramuz a suivi de près les deux films, en tant qu’observateur et coauteur, intervenant peu mais conquis en particulier par Kirsanoff, dont le travail dans le cinéma muet le captivait. C’est pourquoi sans doute il a consenti à certaines modifications, allant jusqu’à interpréter lui-même un rôle de figurant.
L’action du roman, touffue à souhait, est respectée dans l’ensemble par le film : Rapt raconte l’histoire tragique de l’amour entre Firmin, le pâtre valaisan et Frieda (devenue Elsi dans le film), la jeune Bernoise qui l’a enlevée. L’action se déroule aux confins du Valais et de l’Oberland bernois, dans la région du col du Rawyl, sur fond d’opposition irréductible entre deux peuples et deux mentalités. L’intrigue a été allégée de quelques épisodes et la fin du livre modifiée : les amoureux de l’écran périssent dans les flammes d’un incendie allumé par l’idiot du village. Kirsanoff a chargé la musique d’une fonction explicative, adopté le montage court et expressif, et travaillé avec des cadrages insolites pour accentuer encore l’expressivité de l’ensemble. Ce film, que son style de montage rattache à une période précise de l’histoire du cinéma soviétique, apparait aussi comme une œuvre frisant l’esthétisme de la calligraphie, voire l’académisme. » (9)
Rapt, une œuvre vouée à l’oubli des décennies durant.
À sa sortie en 1934, le premier et unique film « suisse » de Dimitri Kirsanoff avait été salué par plusieurs critiques, mais il n’a absolument pas remporté le succès escompté, condamnant cette œuvre à l’oubli des décennies durant, jusqu’à sa redécouverte dans les années 1970-80. Notons que C.F Ramuz fut acteur de cinéma… Il ne le fut pas longtemps « pour un gros plan et pour une réplique. », mais il n’en joua pas moins le rôle d’un villageois dans ce film-là. Rapt fut aussi la première et unique production de la société Mentor-Film du dramaturge, romancier et journaliste suisse Stefan Markus, devenu producteur.
C.F Ramuz interprétant un villageois dans le film Rapt, son unique apparition au cinéma.
De deux adaptations successives réalisées par cinéaste Max Haufler.
En 1938 et 1939, le cinéaste suisse de Bâle, Max Haufler réalise Le Règne de l'esprit malin (Friede den Hütten) et L'Or dans la montagne, respectivement d’après les romans « Le Règne de l'esprit malin » (paru en 1917) et « Farinet ou la Fausse Monnaie» (paru en 1932) de C.F Ramuz.
Synopsis de Le Règne de l'esprit malin : Un soir d'été, un étranger arrive à l'improviste dans un hameau des montagnes valaisannes. Il se fait connaitre comme Branchu et devient le nouveau cordonnier du coin. La communauté finit rapidement par l’intégrer, mais progressivement, des événements inexplicables viennent troubler la villageoise. Peu à peu Branchu, sous les traits du cordonnier, prend la figure du Malin, que certain prennent pour l'Esprit saint et d'autres pour l'esprit maléfique.
Synopsis de L'Or dans la montagne : Un jeune paysan à découvert dans la montagne un petit gisement d'or et fabrique de la monnaie. Il est arrêté et s'évade. Les gens du village, qui espèrent s'enrichir avec son or, lui donnent asile et protection. Arrêté de nouveau, il s'évade encore grâce à la servante de l'auberge Joséphine, qui le cache et le ravitaille. Le maire est perplexe ; s'il fait arrêter le jeune homme, il heurte l'opinion du village ; s'il ne le fait pas, il est compromis. Il essaye d'obtenir du délinquant la promesse de ne plus fabriquer de la fausse monnaie. Celui-ci, apercevant la fille du maire, échafaude un rêve et demande dix jours de réflexion. Mais Joséphine s'inquiète de son altitude distante et devient jalouse…
La rareté de ces films fait qu’il est bien difficile de se forger un avis sur la qualité de leur réalisation. Est-il possible que le roman Le Règne de l'esprit malin de Ramuz publié en 1914 ait pu servir d'inspiration au "Monsieur Ouine" de Bernanos publié en 1946 ? C’est une question que se pose désormais certains lecteurs (10).
Milieu des années 60. Ramuz de nouveau porté à l’écran ; cette fois dans le cadre d’un cycle de coproductions francophones.
En 1965, le téléfilm éponyme Jean-Luc persécuté de Claude Goretta inaugure ce cycle mis sur pied par la télévision suisse romande. Celui-ci est tiré du roman publié en 1908. Cette fiction est suivie l’année suivante par La Grande Peur dans la Montagne de Pierre Cardinal (futur réalisateur des adaptions pour la télévision de Sous le soleil de Satan en 1971, et Dialogues des carmélites en 1984), et par Aline de l’académicien et réalisateur franco-belge François Weyergans. Ce téléfilm fut interdit de diffusion en France.
Chantal Marrès dans Aline, téléfilm de 1966 de François Weyergans, interdit de diffusion en France.
"J'ai tourné dans un village près de Reims, pour montrer que l'univers de Ramuz n'appartenait pas au canton de Vaud, contrairement à ce qu'insinue encore en 2005 un de ses éditeurs - on lit, en effet, dans la réédition de "Vie de Samuel Belet" (Gallimard, "L'imaginaire") la phrase désopilante que voici : "Sa langue, savamment naïve, se veut accordée au rythme du terroir vaudois"… Le rôle de médecin fut interprété par Pierre Klossowski, le rôle du Voyageur, inspiré par un autre texte de Ramuz que je retrouve avec émotion dans la Pléiade (il était introuvable à l'époque), "Adieu à beaucoup de personnages", fut interprété par Louis-René des Forêts. Ce film, coproduit par quatre télévisions francophones, fut diffusé au Québec, en Suisse, en Belgique mais l'ORTF refusa de le montrer en France sous prétexte qu'il se termine par un infanticide et un suicide. L'univers de Ramuz n'est pas fait de vignerons paisibles et de troupeaux de vaches." (11)
Suivront ensuite les téléfilms Le garçon savoyard de Jean-Claude Diserens en 1967 et La Beauté sur la Terre de Pierre Cardinal en 1968. Il s’agit pour ce dernier d’une adaptation du roman éponyme de Charles-Ferdinand Ramuz paru en 1927.
Synopsis : La beauté étrange d'une jeune fille orpheline, Juliette, arrivée de Cuba et recueillie par son oncle aubergiste dans un petit village suisse, provoque le trouble et le scandale parmi les habitants. Devant cette beauté qui subjugue et déconcerte, les hommes en viennent à exprimer leurs convoitises les plus brutales ou les plus sordides. Chassée de l'auberge, Juliette s'installe chez un vieux pêcheur mais devant la folie des hommes du village, elle décide de fuir.
Les années 80 et 90 - Le regain d’intérêt pour l’œuvre de C.F Ramuz.
La première restauration argentique du film Rapt est effectuée en 1978 et la seconde le sera en 1995. Des nouvelles projections du film ont donc eu lieu sur grand écran, et pas seulement en Suisse.
Celles-ci ont-t-elle contribué à permettre aux nouveaux cinéastes de se pencher sur la lecture des romans de C.F Ramuz ? Nombreux sont ceux qui n’ont encore pas fait l’objet d’adaptation pour le septième art ou pour la télévision.
La Grande Guerre du Sondrebond d’Alain Bloch est un moyen-métrage suisse de 1982. Synopsis : Un vieux paysan évoque sa participation à la guerre du Sondrebond (1847) à laquelle il n’a pas compris grand’chose (d’après Charles Ferdinand Ramuz).
Adam et Ève est au commencement un roman de Charles-Ferdinand Ramuz, écrit en 1932. Au passage, il y eut l'adaptation de Pascal Lainé pour la série " Péchés originaux "en 1982. A l'arrivée, Adam et Eve, réalisé par Michel Soutter, est un film austère et beau, sorti sur les écrans en 1984.
Le roman La Séparation des races est adapté pour la première fois pour la télévision en 1984 par Pierre Koralnik. Ce téléfilm est intitulé Le Rapt (12).
Mais c’est surtout le film éponyme franco-suisse Derborence de Francis Reusser, qui sera le plus apprécié des spectateurs. Ce film sorti en 1985, contre toute attente assez populaire en Suisse, sera récompensé du césar du meilleur film francophone en 1986. L’année précédente, il sera sélectionné au festival de Cannes. Il bénéficie de très bonnes interprétations dont celle d’Isabel Otero (Thérèse Maye), Jacques Penot (Antoine Pont) et de Bruno Cremer (Séraphin).
Synopsis : Fraîchement marié, Antoine monte dans les pâturages du hameau de Derborence, avec son vieil ami Séraphin, pour s’occuper des troupeaux pendant l’été. Lorsqu’un éboulement se produit, c’est le deuil au village. Deux mois plus tard, le jeune homme réapparaît… Adaptation du roman de C. F. Ramuz et tourné en partie sur les lieux même où s'est produite la catastrophe trois cents ans plus tôt (le film est tourné dans le Val d’Hérens en dans le Valais en 1984), Derborence permet à Francis Reusser de se libérer « d’une certaine mauvaise conscience » face à la nature helvétique et d’exprimer la « jouissance des lieux, du territoire » : « Nous, les enfants du western, trouvons un souffle épique chez Ramuz. Il a été le premier écrivain qui nous permit d'aller dans la nature, à l'époque où tout le monde filmait son coin de rue. Dans les années 1970, on ne voulait pas du pessimisme de Ramuz. Qu’est-ce qu’on n’a pas déconné sur l’avenir radieux de la société ! En fait, ce sont ceux qui dépeignaient le cauchemar qui avaient raison. » Francis Reusser (12)
« Ramuz est pour moi plus notre Beckett que notre Giono. » Francis Reusser (13)
Deux plus tard, en 1987, Claude Goretta signe Si le soleil ne revenait pas, film sélectionné au festival de Venise
Synopsis : Dans un village de montagne privé de soleil en hiver, un vieux rebouteux qui prédit la fin du monde suscite incrédulité, rage et désespoir… Le cinéaste revient à Ramuz, dont il avait déjà adapté pour la télévision Jean-Luc persécuté en 1966, avec une œuvre épurée à la lisière du fantastique. « Goretta voulait montrer une collectivité face à l'idée de la mort. L'allégorie ramuzienne trouve des résonances contemporaines avec ces grandes peurs dans la société moderne que sont « le cancer, le nucléaire, le chômage, la solitude, l'agonie de la nature » … Charles Vanel, 95 ans, tient le rôle magnifique d'Anzévui, le patriarche qui annonce la nuit définitive.
En 1996, Yvan Butler réalise Farinet, héros et hors-la-loi.
Synopsis : Dans le Valais de la fin du XIXe siècle, Samuel Farinet se lance dans le trafic de fausse monnaie pour éponger ses dettes et venir en aide à la population de son village…
Le cinéaste prend le parti de s’écarter librement de l’œuvre originale de Ramuz. Il injecte en effet dans son film une dimension politique et sociale absente du roman d’origine : « Une adaptation fidèle du livre de Ramuz n’intéresserait personne. C’est la force du scénario de Denis Rabaglia d’avoir actualisé le mythe. Ce jeune scénariste et réalisateur valaisan a baigné dans l’histoire du faussaire : preuve que même la nouvelle génération se nourrit encore de cette légende. Historique, ce film illustre la naissance des idéologies qui allaient s’épanouir le siècle suivant. Mais au-delà de la chronique d’une époque, il demeure très actuel. J’ai voulu réaliser une œuvre populaire qui puisse émouvoir un large public » (Yvan Butler).
Trois plus tard, c’est à nouveau Francis Reusser qui s’empare d’une adaptation du roman historique du même nom, La Guerre dans le Haut Pays, celui-ci paru en 1915. Le scénario est toutefois revu par Jean-Claude Carrière. Le film obtiendra une mention spéciale à la comédienne Marion Cotillard au Festival International du Film de Montagne d'Autrans 1999.
Synopsis. Hiver 1797-1798. Les troupes napoléoniennes occupent le territoire du Pays de Vaud et s'activent à la chute de Berne. Au cœur des montagnes, la résistance s'organise. C'est dans ce contexte que se joue le destin amoureux de David et Julie, emportés par le tourbillon des déchirures passionnelles et des conflits de tous ordres.
Enfin, en 2006 sort sur les petits écrans le téléfilm La Grande Peur dans la montagne, un téléfilm helvético-français réalisé par Claudio Tonetti.
Synopsis : En Valais, au cours des années 1950, des vachers sont confrontés à une épidémie qui sévit dans l'alpage de Sasseneire. Joseph, qui veut épouser Victorine, veut y conduire ses bêtes malgré la mauvaise réputation du lieu. Barthélemy prétend qu'une malédiction diabolique est responsable de la mort des vaches. Les alpages sont bientôt mis en quarantaine. On enferme méchamment Clou, qui n'y est pour rien.
« Il n'y a que trois métiers pour un homme : roi, poète et capitaine » lance Bruno Cremer (le Capitaine Richau) à Marisa Mell (Yo) dans Objectif 500 millions de Pierre Schoendoerffer (1966). Sûr, Charles Ferdinand Ramuz a été l’un des grands poètes et conteurs suisses du XIX et XXe siècle, s’inspirant du 7ème art, comme il l’a lui-même inspiré. Ces écrits ont su scruter assez justement l’âme humaine. Puissent les nouvelles générations découvrir son œuvre prolifique. Puissent également ses écrits inspirer de nouveaux cinéastes de talent.
(1) Charles -Ferdinand Ramuz, Lettre à Henry Poulaille, mai 1924.
(2) Romans Tome 1&2, volumes 517&518, https://www.catalogue-pleiade.fr/Ramuz.AH.htm
(3) Coffret DVD édité en 2008 par Cin&lettre, en collaboration avec la Cinémathèque Suisse en 2008 Suisse (malheureusement épuisé) - https://www.artfilm.ch/fr/ramuz-cinema-7-films-adapte-de-l-oeuvre-de-c-f-ramuz
(4) « les récentes restaurations des films 35 mm par La Cinémathèque suisse – C’est le cas notamment du film Rapt projeté au Festival de Bologne de 2025. https://festival.ilcinemaritrovato.it/en/proiezione/rapt/
(5) Voir C.F. Ramuz, Journal. Journal, notes et brouillons, 1921-1947 (Oeuvres complètes III), op. cit., pp. 63-64, note 8, p. 200, p. 202.
(6) Jean Choux, « C.-F. Ramuz, un écrivain réaliste », Mercure de France, Paris, t. 407, juin 1914
(7) Les ondes Martenot, présentées pour la première fois en 1928 et inventées dans les années 1920 par Maurice Martenot, sont considérées comme l'un des premiers instruments électroniques. Présentation et mode d’emploi ici : https://www.youtube.com/watch?v=amEQqdYOnrg
(8) Allocution prononcée en novembre 1934 par C. F. Ramuz à l'occasion de la sortie du film Rapt https://www.letemps.ch/culture/jaurais-aime-faire-montagne-principal-personnage-rapt?srsltid=AfmBOor6Db9vu1Hxw9Eyhs2BtfdCS0py-nUigBSZ9w2SztCU6XqGETVb
(9) Martin Schlappner – Martin Schaub. Cinéma Suisse – Regards critiques 1896-1987. Centre suisse du cinéma, 1987.
(10) Sonatine #2– Ramuz et Bernanos : Le règne de l'esprit malin – https://www.youtube.com/watch?v=t99gm-087CI
(11) François Weyergans, Le Monde des Livres, 16 décembre 2005) - https://www.premiersplans.org/fr/film/aline
(12) Cité par Antoine Duplan dans Le Temps, 10 avril 2020.
(13) Cité dans un entretien de Francis Reusser accordé à Freddy Buache en février 1985.
Les Films.
- 1934 : Rapt de Dimitri Kirsanoff.
Critique du film par Lucien Rebatet (François Vinneuil) : https://www.youtube.com/watch?v=3EvNRSNi6EA - 1938 : Le Règne de l'esprit malin de Max Haufler,
- 1939 : L'Or dans la montagne (Farinet) de Max Haufler
- 1965 : Jean-Luc persécuté de Claude Goretta - Film TV
- 1966 : La Grande Peur dans la Montagne de Pierre Cardinal - Film TV
- 1966 : Aline de François Weyergans – Film TV
- 1967 : Le garçon savoyard de Jean-Claude Diserens – Film TV
- 1968 : La Fille Sauvage de Maya Simon (Court-métrage 16 mm, considéré perdu)
- 1968 : La Beauté sur la Terre de Pierre Cardinal – Film TV
- 1982 : La Grande Guerre du Sondrebond d’Alain Bloch - Docuemntaire
- 1983 : Adam et Ève de Michel Soutter
- 1984 : Le Rapt ou la Séparation des races de Pierre Koralnik
- 1984 : Derborence de Francis Reusser, avec Bruno Cremer dans le rôle de Séraphin
- 1987 : Si le soleil ne revenait pas de Claude Goretta, avec Charles Vanel dans le rôle du vieil Anzévui
- 1996 : Farinet, héros et hors-la-loi d’Yvan Butler
- 1997 : C.F. Ramuz, l’apparition de la beauté de Pierre-André Thiébaud
- 1998 : Guerre dans le Haut-Pays (ou l'amour en guerre) de Francis Reusser
- 2006 : La Grande Peur dans la montagne de Claudio Tonetti - Film TV
Les dvd.
Coffret DVD Pal Z2– édition Cin&lettre , en collaboration avec la Cinémathèque Suisse, 2008. (Import suisse - Épuisé)
Contient 6 longs-métrages : Derborence, Si le soleil ne revenait pas, La guerre dans le Haut pays, Jean-Luc persécuté, Adam et Eve, Rapt, ainsi que le documentaire Ramuz vupar.
https://www.cede.ch/de/movies/?view=detail&branch_sub=0&branch=2&aid=10128278
DVD Pal Z2- La grande peur dans la montagne (Import suisse).
https://swissdvdshop.ch/fr/rts/1309-la-grande-peur-dans-la-montagne.html
Également documentaire C.F. Ramuz - L'apparition de la beauté – DVD Pal Z2 - https://www.cede.ch/de/movies/?view=detail&branch_sub=0&branch=2&aid=10254249
Guerre dans le Haut-Pays (ou l'amour en guerre) de Francis Reusser – visible ne ligne : https://www.dailymotion.com/video/x3vlz51
La Beauté sur la Terre de Pierre Cardinal TV -film visible en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=v2qaIijLRMY
Le téléfilm Le Rapt (1984) est disponible ici : https://madelen.ina.fr/content/le-rapt-111392