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Bouzar, Bouzar…

Bouzar, Bouzar…

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Nommée dimanche à l'observatoire de la laïcité par le Premier ministre, Dounia Bouzar, anthropologue spécialiste du fait religieux, estime que la France doit continuer à montrer l’exemple d’un État assumant son credo laïc : "La France doit remplacer deux fêtes chrétiennes par Yom Kippour et l’Aïd"

Une nouvelle fois, la confusion entre l’égalité et la justice frappe à notre porte : être laïc, ce serait mettre à égalité toutes les religions et inscrire cette égalité jusque dans le calendrier.

Mais qu’est-ce qui lui a pris ?

Nous sommes là d’abord devant une question de justice.

Rappelons que la justice n’est pas l’égalité : traiter justement le christianisme, c’est reconnaître qu’il a pris une part plus importante dans la construction de notre histoire que n’importe quelle religion, et même que n’importe quelle officine de pensée. C’est un devoir de mémoire, la reconnaissance de la place que doit prendre dans notre récit historique le fait chrétien.

C’est aussi une exigence culturelle, puisque nos villes et nos campagnes, nos musées et notre temps sont rythmés par un temps, une architecture et des vestiges qui sont incompréhensibles si l’on ignore le christianisme.

Il n’est pas injuste que le nombre de jours fériés issus du christianisme ne soit égal aux autres, parce qu’il n’est pas injuste de laisser visibles nos racines.

Il en va en outre de notre capacité à accueillir ceux que nous accueillons, et en particulier les personnes dont la religion est différente. C’est parce que nous savons qui nous sommes, et que nous pouvons regarder notre histoire et notre culture comme une richesse à partager, que nous pouvons accueillir les autres sans les voir comme des agresseurs.

Et c’est ici l’absurdité de cette proposition. En irritant les chrétiens, qui savent combien leurs frères souffrent aujourd’hui dans les terres d’Islam, Madame Bouzar joue avec le feu. Elle voudrait déclencher une guerre entre les religions qu’elle ne s’y prendrait pas autrement.

Certes, cela aurait peut-être aux yeux du pouvoir plusieurs avantages : d’abord celui de légitimer l’exclusion des religions du débat public, comme l’a fait M. Hollande en « remaniant » le CCNE (NDLR : Comité Consultatif National d'Éthique).

Ensuite celui de donner prétexte à renforcer le laïcisme à l’école.

Enfin, et ce n’est pas le moindre, se débarrasser des dernières instances à venir porter la contradiction aux transformations sociétales qui doivent, pour s’accomplir, que ces contradicteurs trouvent un autre sujet de discussion.

Il se pourrait que Madame Bouzar contribue, avec une sincérité qui l’honorerait si on ne pouvait y craindre une certaine naïveté, à exclure de plus en plus les religions du paysage, pour laisser le champ libre à des désirs de toute-puissance qui ne se cachent même plus.

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