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La lente privatisation de l’enseignement

La lente privatisation de l’enseignement

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Alors que le budget consacré à l’éducation nationale française ne cesse de progresser un phénomène totalement ignoré des médias de grand chemin suit son cours. Il s’agit du développement spectaculaire d’un organisme d’origine italienne devenu bien français aujourd’hui qui rachète des participations dans les écoles privées nouvellement créées par des transfuges de l’Education nationale ayant subi les contraintes administratives ubuesques de cet organisme tentaculaire devenu tellement gigantesque qu’il est devenu incapable de procéder à un « dégraissage du mammouth » comme l’avait suggéré un ancien ministre de l’Education et de la Recherche française lourdement pénalisé par la gauche française de l’époque, le géophysicien de réputation mondiale Claude Allègre.

Mais c’est de l’histoire et l’actualité concerne un organisme peu connu de ces médias de grand chemin, il s’agit de Galileo Global Education (GGE). Devant l’expansion rapide des écoles privées après leur création, environ 15 écoles de ce type sont créées chaque année en France, celles-ci sont rapidement à la recherche de capitaux pour investir dans leur expansion et le recrutement d’enseignants de haut niveau international. GGE se propose alors de prendre une participation dans ces dernières et ainsi cet organisme gère maintenant 57 écoles sur 106 campus répartis dans 15 pays. Chaque année plus de 200000 élèves fréquentent des établissements gérés par cet organisme et ces chiffres sont en constante augmentation. En France plus de 20 % des étudiants ont opté pour cette formule de l’enseignement privé dans des domaines aussi variés que les arts, la gestion, l’économie, le droit et … la médecine. Les sciences dites « dures » ne sont pas (encore) représentées significativement. Et pour cause, les mathématiques pourraient aisément être enseignées par des instituts privés mais la physique et la chimie requièrent de lourds investissements pour être enseignées correctement.

GGE peaufine sa réputation en ayant pris récemment une participation dans le groupe EM Lyon (écoles de commerce) son implantation s’intensifie tant en France qu’à l’étranger comme par exemple la faculté de médecine du Costa-Rica. Martin Hirsch, ancien directeur de l’AP-HP vient d’intégrer GGE. Il est vrai que l’actionnaire principal de cet organisme est le fond de pension des retraités canadiens CPP Investments, mais également la BPI, banque publique d’investissement, entité de l’Etat gérée par la Caisse des Dépôts et Consignations. En France les établissements scolaires affiliés à GGE ont trouvé un gâteau de choix pour promouvoir leur image. Il s’agit du très controversé système ParcourSup ( https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F23476 ) dont l’idéologie, en bref, est de rajouter une couche au nivellement social par le bas, le grand rêve de la gauche française qui a produit les désastres que l’on connait. Cette usine à gaz n’oriente pas mais sélectionne les futurs étudiants et les organismes d’enseignement privés sont tout simplement ignorés par ParcourSup. L’article du quotidien en ligne Libération publié le 13 février 2023 sous la plume de Marie Piquemal dont ce billet s’est inspiré insiste sur quelques travers de GGE, la recherche du profit étant l’élément essentiel de cet organisme. Cependant il faut reconnaître que la quasi faillite du système éducationnel français, il suffit d’analyser le classement PISA de la France, est le fer de lance de la promotion de GGE. Le système français est figé depuis la mise en place de lois stupides comme l’école obligatoire jusqu’à 16 ans. Beaucoup de pays comme la Suisse, l’Allemagne ou encore le Japon et la Corée sélectionnent les élèves dès l’âge de 14 ans et l’apprentissage en entreprise est proposé à tous les collégiens incapables d’ingurgiter des matières qui les repoussent, le système français créant ainsi une masse de chômeurs qui se retrouveront ensuite dans des universités pour fumer des joints … alors que l’industrie peine à trouver des personnels qualifiés.

Pour conclure ce billet je voudrais relater le cas d’un ami boulanger. Il avait acquis son savoir-faire comme apprenti chez un maître boulanger, la voie normale pour produire du bon pain. Un jour il est devenu allergique à la farine et il s’est soumis à un nouvel apprentissage pour devenir menuisier. Fort heureusement il n’est pas devenu allergique à la sciure de bois. Cet exemple illustre clairement que l’apprentissage peut être suivi à tous âges et qu’une personne destinée à un travail manuel peut faire ce choix sans pour autant de sentir dévalorisée dans la société. À l’ère d’un monde informatisé l’artisanat reste nécessaire pour la survie de la société et restera encore longtemps irremplaçable. Je remercie la personne qui m’a communiqué cet article dont est issue l’illustration n’étant pas moi-même un lecteur du quotidien Libération.


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