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Civitas : nous sommes les premiers d'une vague de répression

Civitas : nous sommes les premiers d'une vague de répression

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L'association catholique traditionnaliste Civitas s'est vue appliquer un régime exceptionnel de rigueur : l'Etat lui a retiré la possibilité de délivrer des reçus de dons à ses donateurs, qui ne pourront donc plus bénéficier d'une déduction fiscale. Par ailleurs le Trésor Public, qui conteste l'objet d'intérêt général de l'association, lui réclame 55.000 € pour les trois dernières années. Nous avons interviewé son président, Alain Escada.

Mauvaise Nouvelle : Alain Escada, cette décision du Trésor Public est rarissime envers des associations. Quelle est sa motivation selon vous ?

Alain Escada : Elle a un aspect éminemment politique. On nous redresse depuis 2013, pile l'année où notre association s'est très fortement impliquée contre le pouvoir dans la bataille contre le « mariage » pour tous.

MN : pourquoi seulement Civitas ?

Alain Escada : je pense que nous sommes les premiers d'une vague de répression. Peut-être le but est de punir tous les opposants au « mariage pour Tous ». Voire tous les opposants tout court.

MN : Civitas, association plutôt traditionaliste et très catholique, ne peut pas susciter autant d'indignation que s'il s'agissait de redresser la Manif pour Tous ou une association proche d'un parti politique opposé au gouvernement. Une sorte de ballon d'essai ?

Alain Escada : Oui, sans doute, et d'autres peuvent suivre. Notamment beaucoup d'associations catholiques. Car le Trésor Public conteste notre objet d'intérêt général d'abord et surtout car nous sommes une association catholique. Bercy estime que nous servons un intérêt particulier. Cela crée un précédent très dangereux, car le pouvoir pourrait dissoudre alors les associations régionalistes ou communautaires… ou même pourquoi pas les associations LGBT ?

MN : depuis quand êtes vous dans le collimateur ?

Alain Escada : depuis 2012. L'UFaL [Union des Familles Laïques], une émanation du Grand Orient, avait lancé une pétition pour demander qu'on nous retire la reconnaissance d'intérêt général et donc la possibilité pour nos donateurs de déduire leurs dons de leurs impôts. Cette pétition a recueilli 16.000 signatures dont celles de divers élus de gauche et de responsables d'associations LGBT. C'est en quelque sorte l'aboutissement d'un long processus, d'une campagne de pressions politiques.

MN : quand avez vous reçu la décision ?

Alain Escada : Mi-janvier.

MN : pourquoi n'en parler que maintenant ?

Alain Escada : Nous avons d'abord vu avec des avocats fiscalistes quelles sont nos marges de manœuvres. Elles sont réduites : soit ne rien faire et payer la somme dans les trente jours, soit faire un recours – ce que nous avons fait. Notre avocat aura alors un rendez-vous à Bercy. Suite à cela une nouvelle notification nous donnera le délai pour payer. Le rendez-vous peut servir au dialogue avec le fisc : soit ils rapportent leur décision – nous n'y croyons pas trop – soit ils diminuent la somme, soit ils étalent le délai de paiement.

MN : votre association est-elle présente hors de France ?

Alain Escada : oui, en Belgique et en Suisse.


MN
 : Envisagez vous de vous recréer à l'étranger si la pression devenait trop forte en France, comme les ordres religieux expulsés en 1880 et 1905 sont allés s'installer en Belgique pour continuer à vivre et évangéliser ?

Alain Escada : Notre but est de rechristianiser la France. Nous sommes loin de courber l'échine. Nous ne plierons pas. Nous ne partirons pas.

MN : que représente la somme demandée par le fisc – 55.000 euros – pour votre association ?

Alain Escada : la quasi-totalité de nos réserves bancaires. Cependant, ce n'est même pas une année de fonctionnement, puisque même en ce moment c'est plus calme qu'en 2012-2014, nous organisons plusieurs manifestations et colloques sur l'année. Avec une manifestation on peut facilement atteindre 20.000 € de dépenses, et de l'ordre de 7 à 8.000 par grand colloque, entre la location de la salle, les frais de tracts et le reste. La revue http://www.civitas-institut.com/content/blogcategory/40/56/ a une importance moindre dans le budget. Cependant l'importance de la somme montre que l'Etat veut nous étrangler financièrement et nous priver de moyens d'action.

MN : qu'allez vous faire ?

Alain Escada : C'est un redressement fiscal, pas une amende, donc on peut faire a priori appel aux donateurs. Nous avons déjà reçu des centaines de soutiens ce week-end ; si pour certains donateurs la déduction fiscale est un élément important, d'autres de nos soutiens habituels nous ont déjà assuré que la conviction prime sur tout. Certes, nous on n'a pas de gros mécènes comme Rotschild ou Pierre Bergé, mais je crois que les petits ruisseaux font les grandes rivières. Et puis, si vous considérez qu'une opposition au système a le droit d'exister, c'est le moment de nous apporter votre soutien.


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