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Débats interdits

Débats interdits

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Je me suis levé avec un désir d’écrire.

J’aurais bien évoqué les réformes sociétales de la gauche, comme par exemple le mariage « pour tous ». Mais j’aurais été obligé de m’interroger sur la nécessité qu’il peut y avoir à reconnaître par une même institution la conjugalité dans laquelle la société trouve son renouvellement et à laquelle revient l’éducation des enfants, et l’amour dit « homosexuel » qui, en fait, n’intéresse personne.  Seulement on m’aurait traité d’homophobe.

J’allais me rabattre sur cette autre réforme sociétale qu’est l’invention d’un délit d’entrave à l’IVG. Mais j’aurais été probablement conduit à m’étonner que l’on affirme sans distance que l’avortement était devenu un « droit fondamental », sans observer que si le fondement du droit devenait la capacité à tuer, alors nous avions du souci à nous faire. Mais on m’aurait dit que, étant un homme, ma position était illégitime.

Justement, suis-je bien un homme ? Le thème du « genre » aurait fait un bon sujet, seulement il m’aurait fallu soulever la question de savoir si la déconstruction systématique de toute dénomination conçue comme institutionnalisation d’une hétéronormativité androcentré  ne devait pas elle-même être déconstruite pour révéler les présupposés idéologiques qui transforment les études de genre en cheval de Troie d’officines marxistes que l’on croyait fermées avec le dernier goulag. Et donc on m’aurait reproché d’être un réactionnaire.

Je pris donc ma plume pour parler des migrants, mais certainement n’aurais-je pu m’empêcher de rappeler la nécessité de distinguer « migrants » et « réfugiés », le devoir d’hospitalité n’exonérant pas celui qui est reçu parmi nous de respecter notre histoire et nos valeurs. Oui mais voilà, j’aurais certainement été surpris à mettre en question le multiculturalisme, au motif très banal que cela ne marche nulle part et que, si rien ne nous unit, ce qui nous sépare sera toujours plus fort. Et donc j’aurais été soupçonné de traiter les migrants d’une façon qui-rappelle-les-heures-les-plus-sombres-etc…

Et qu’on ne me parle pas de l’islam, que le simple fait d’évoquer rend aussitôt suspect du crime d’islamophobie. Sauf si je m’étais contenté de hurler avec tous les gens modérés et généreux que l’islam étant une religion de paix, il ne saurait être question d’en dire du mal et que d’ailleurs les victimes de l’islamisme sont d’abord les musulmans et que même que les chrétiens ont fait les Croisades et que la France est méchante d’avoir colonisé l’Algérie (laquelle en passant va beaucoup mieux sans la France, c’est évident si l’on n’ouvre pas les journaux).

Il serait bien resté la question des identitaires, soulevée par Koz. Mais il aurait été sans doute mal vu des gens bien de rappeler que l’identité ne renvoie pas tant à ce que nous sommes qu’à qui nous sommes. Être chrétien ne nous définit pas comme une chose que nous serions et qui aurait à s’affronter à d’autres choses. Qui nous sommes est une identité de vocation. Rejeter toute idée d’identité au nom de l’altérité est absurde, parce que l’autre ne peut se définir que par le rapport à soi. Mais je me serais mis trop de monde à dos pour un début d’année, on m’aurait accusé de faire-le-jeu-du-front-national…

Et puis il paraît que nous sommes entrés dans le monde de la « post vérité », terme consacré « mot de l'année » par le dictionnaire Oxford qui le définit comme « des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d'influence pour modeler l'opinion publique que les appels à l'émotion et aux opinions personnelles ».

Voilà où les sociologues nous ont conduits : c’en est fini de la vérité, c’est dépassé, c’est par l’émotion que l’on doit maintenant démontrer. Si vous ne pouvez revendiquer le statut de victime, passez votre chemin et gardez le silence. Pardon, la vérité est parfois choquante, et c’est pourquoi ils nous conseillent de nous en détourner.


Schizophrénie socialiste
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Interdire l’Islam, la bonne idée de trop ?
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Du réchauffé sur l'identité nationale
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