Qu'est-ce qui nous unit ?
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La question politique fondamentale est évitée depuis cinquante ans : qu’est-ce qui nous unit ? Après la seconde guerre mondiale, il a été clair que le désir de paix nous unissait. Mais dès la fin de la guerre d’Algérie, une certaine haine de la France s’est introduite dans les esprits. La politique « migratoire » n’avait pas seulement pour motivation un intérêt économique à (très) court terme : faire venir une main d’œuvre nombreuse pour des tâches méprisées, sans voir que nous ne saurions pas gérer le regroupement familial. À la colonisation active de la France vers le Maghreb a succédé une colonisation passive dans le sens inverse. Une quantité inassimilable de personnes a été appelée à s’installer chez nous, sans que nous aimions assez notre culture et notre histoire pour leur donner envie de les partager. Certains y sont parvenus, mais beaucoup vivent aujourd’hui dans des territoires où pompiers et policiers n’osent plus pénétrer.
Ce qui nous unit ne peut être durablement la haine d’un mal. Ce ne peut être que l’amour d’un bien.
« Le peuple est une réunion d’êtres raisonnables qui s’unissent afin de jouir paisiblement ensemble de ce qu’ils aiment. », écrit saint Augustin.
René Girard est venu au christianisme quand il a compris que celui-ci rompait avec le processus par lequel une société s’unit dans la violence envers un bouc émissaire en brisant le cercle de la violence mimétique : « Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre ».
Ne cherchons pas à nous unir contre un bouc émissaire, aussi coupable soit-il, qu’il s’agisse de l’islam ou des politiques davantage tournés vers la conservation obsessionnelle du pouvoir que vers le bien commun. Nous avons aujourd’hui à reconquérir notre culture contre le paradigme économique moderne selon lequel tout n’est que marchandise.
Il n’est pas anodin que, comme l’avait rappelé Benoît XVI aux Bernardins, notre culture européenne soit fondée sur une recherche de l’universel dont la figure dominante est la recherche de Dieu. Car nous voyons bien que depuis que Dieu a été fermement convié à quitter le domaine public, c’est l’enfer qui se déchaîne. Car l’enfer n’est rien d’autre que l’absence de Dieu.
Entre aveuglement et obsession, il n’est pas évident de tracer une ligne d’équilibre : l’obsession serait de chasser tous les musulmans de France. L’aveuglement serait de nier tout rapport entre l’islam et cette barbarie. Pour trouver l’équilibre, il faut fixer un point plus haut et aller de l’avant. Précisément vers ce qui nous unit, à savoir le bien commun de notre communauté nationale.
Peut-être avons-nous d’abord besoin de nous délivrer d’un certain nombre d’illusions. L’illusion qu’être français serait simplement une donnée administrative. Être français, c’est s’inscrire dans une culture et une histoire, au risque du « roman national » dont nous avons bien besoin pour dire qui nous sommes. L’illusion que toutes les religions sont indifférentes devant la République. La République est la fille de la chrétienté, comme en témoigne sa devise. Une fille un peu ingrate, c’est vrai, comme le sont souvent les adolescentes. L’illusion que le blasphème est le sommet de la liberté d’expression, alors que l’insulte est la dernière parole de celui qui n’a rien à dire. L’illusion que l’aspiration à l’égalité peut être satisfaite par le relativisme le plus absolu. L’illusion que la fraternité républicaine doit se conquérir contre la fraternité du sang. L’illusion que la République doit produire ses enfants contre les familles, pour ne donner que quelques exemples.
La passion très française de désigner des coupables pourrait enfin céder le pas à la nécessité de se reconnaître une destinée commune.
Saint Augustin nous rappelle qu’il n’y a que deux amours : l’amour de soi, qui conduit à l’enfer, et l’amour de Dieu, qui conduit à la paix. Or ne soyons pas naïfs : les islamistes n’aiment pas leur dieu. Ils aiment seulement la toute-puissance que leur dieu paraît leur donner.
De notre côté, commençons par l’amour de notre culture, de notre histoire et de nos traditions. Commençons par transmettre à l’école non pas des valeurs abstraites et mortes, mais le bien très concret de notre patrimoine littéraire, artistique, religieux, qui a fait notre pays.