Remettre les pendules à l'heure

Deux fois par an, les Français ont la chance de changer d'heure. C'est à chaque fois l'occasion de pester contre un mesure archaïque, héritée de l'époque giscardienne et du premier choc pétrolier. Les plus anciens y trouvent également l'occasion d'évoquer leur souvenir de l'occupation et la prise en compte de l'heure de Berlin (comme aujourd'hui) l'hiver, à laquelle s'ajoutait un décalage d'une heure l'été. L'Allemagne avait été le premier pays à mettre en place l'heure d'été en 1916, projet déjà vieux de plus d'un siècle et qui avait germé outre-atlantique, dans l'esprit de Benjamin Franklin.

Le changement d'heure est également l'occasion de sujets faciles pour nos amis journalistes : « à 2 heures, il sera 3 heures ». Avec la régularité d'un métronome, reviennent les animations expliquant aux Français dans quel sens tourner les aiguilles de sa montre et les sempiternels conseils de chronobiologistes fumeux. À mesure que s'éloigne le choc pétrolier, les raisons du changement d'heure s'effacent de nos esprits et surgissent les controverses sur l'opportunité de la mesure. Les débats d'experts, souvent incompréhensibles, viennent disputer des gains d'éclairage absolument incontestables, mais de moins en moins significatifs avec les nouvelles ampoules.

Il y a plus de 15 ans, le Sénat, dans un rapport, écrivait que « les avantages annoncés ou attendus du changement semestriel de l’heure ne sont pas suffisamment importants pour compenser les inconvénients ressentis par les populations ». Chaque fois donc, nous discutons, nous contestons, au point que même Mauvaise Nouvelle en parle, pour ne rien changer. Voilà le parfait symbole de ce qu'est devenue la politique française. Dans le même temps, l'infâme Poutine décidait, entre l'invasion d'une partie de l'Arménie et celle de la Crimée, et trouvait le temps de mettre fin à l'heure d'été en Russie. Il serait temps de remettre les pendules à l'heure…