Cahier de la marge sur André Suarès

Au commencement, il y a notre revue Mauvaise Nouvelle, bien sûr. Tous les textes accumulés depuis des années représentent une véritable carrière où puiser, et si ceux qui portent sur l’actualité sont souvent devenus obsolètes, confirmant en cela que ce qui advient n’est qu’écume, beaucoup d’autres brillent comme des solitaires noyés dans l’océan des data. Leur handicap est d’être seuls. Il a donc fallu tisser des liens, et des thèmes ont surgi. Dans cette carrière, des noms rassembleurs de textes sont apparus : Suarès, Michaux, Radiguet, … Pour les textes concernés, j’ai ressenti la nécessité de les faire accéder au livre, au cahier. Mérite le print pourrait être la bannière à leur coller dessus, comme marque de noblesse, comme possibilité de rejoindre la grande bibliothèque, arche de l’humanité.

Notre premier cahier est consacré à Suarès. Nous y retrouvons des textes déjà publiés en ligne dans Mauvaise Nouvelle et également des textes écrits spécialement pour notre cahier. Guillaume Sire nous a par exemple livré un faux dialogue entre Simone Weil et Suarès. Valéry Molet, quant à lui, s’attache à refaire le portrait de l’étrange Breton. Luc-Olivier d’Algange nous amène à des sommets de la pensée, et dans les tréfonds de l’âme. Se retrouvent ainsi autour de la figure d’André Suarès : Rodolphe Arfeuil, Luc-Olivier d’Algange, Stéphane Barsacq, Lionel Borla, Maximilien Friche, Valéry Molet, Guillaume Sire et Sarah Vajda. Et pour que ce cahier soit réellement complet, des inédits d’André Suarès lui-même nous ont été confiés par Stéphane Barsacq.

Écrire sur, c’est encore et toujours écrire ; Suarès lui-même en fit l’exercice tout au long de sa vie. Les contributeurs de ce cahier sont à la fois passeurs de littérature et écrivains. Il n’est pas fait ici exercice de critique, de travaux universitaires, nous avons simplement demandé à des écrivains d’écrire au sujet, à côté, à cause… d’un autre écrivain. C’est ainsi que Suarès redevient vivant, dans le dialogue même qu’il permet entre nous. Nous avons même osé intégrer ce qui s’apparenterait à une controverse, sous la plume de Sarah Vajda, avec un excellent texte intitulé Suarès s’éloigne, l'exact pendant du Barrès s'éloigne de Montherlant. Sarah précise : « Vivre dans la pensée n'est pas posture figée, et les artisans du verbe, s'ils pratiquent leur métier honnêtement, sont feuilles au vent, qui ne répètent aucun mantra et se refusent à toute fixette idéologique, esthétique, mentale… » Nous avons donc bien des vivants qui rendent Suarès vivant.

Nous sommes bien sûr, avec ce cahier, fidèles à l’anti-ligne éditoriale de Mauvaise Nouvelle. Le formatage n’est assurément pas pour nous. Une grande diversité dans la forme et la longueur des textes, correspondant à la personnalité et au talent de chacun, se constate. Tribunes, articles, entretiens, petits essais, faux dialogues, controverse, digressions créatives, poèmes et même peintures s’articulent autour de l’œuvre d’André Suarès. L’artiste Lionel Borla nous a fait l’amitié de nous confier un portrait de l’écrivain et clôt le livre en le convoquant dans le langage poétique pictural qui lui est propre.

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Listes des textes auteurs :

Le Visage de l’esprit par Lionel Borla
Inédit d’André Suarès sur la beauté des femmes
Inédit d’André Suarès : La Dame à la Licorne
André Suarès, héros de l’art, héraut de l’ordre, par Luc-Olivier d’Algange
Suarès, tout poétiser pour tout transmettre par Maximilien Friche
Suarès, passeur de Dostoïevski par Stéphane Barsacq, entretien avec Maximilien Friche
Le sacre de Baudelaire par Suarès par Stéphane Barsacq, entretien avec Maximilien Friche
Suarès et Michel Bouquet sur Molière par Maximilien Friche
Suarès de 2006 à l’an 3000 par Lionel Borla
Suarès contre le totalitarisme par Rodolphe Arfeuil
Suarès, miroir du temps par Rodolphe Arfeuil
Suarès s’éloigne par Sarah Vajda
Si jamais Simone Weil… par Guillaume Sire
Breton pour de bon, autour de Trois hommes et du Livre de l’émeraude, portraits par Valéry Molet
André Suarès, une vision paraclétique par Luc-Olivier d’Algange
Inédit d’André Suarès : Un rayon comme un sourire
Le Condottière des Baux par Lionel Borla