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Marie-Laurence Gaudrat : l’art et l’âme à l’œuvre

Marie-Laurence Gaudrat : l’art et l’âme à l’œuvre

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Au lieu de nous demander s'il existe une vie après la mort, nous aurions parfois meilleure grâce de nous demander s'il en existe une avant la mort. Désolé ! Mais à cette question, métaphysique et vertigineuse, l'art n'apporte aucune réponse définitive ! En revanche, il indique les penetralia de notre vie secrète qui semblent parfois nous précéder.

C'est ainsi que certaines œuvres, comme celui de Marie-Laurence Gaudrat, semblent faire escorte à nos existences. Les toiles jouent le rôle de balises dont nous voyons le rôle à certains moments de notre vie. Le magnétisme narratif émanant des toiles de Marie-Laurence est un exemple de ce que l'art dilate dans nos petites existences. Ces toiles entraînent l'âme, qui n'est pas seulement une sensibilité superficielle, mais le niveau phréatique de l'être où logent archétypes et symboles. Par conséquent, une distanciation propice à des « nouveaux cheminements » se fait jour. C'est « le pas qui rétrocède » (das Schritt Zurück) cher à Martin Heidegger.

On se dit intérieurement : « Je n'avais jamais remarqué tel détail, vu un bord de rivière de la sorte… » « Par certains côtés, la grande ville, au loin, ressemble à ce voyage que j'ai fait l'an dernier en Angleterre »… bref, l'art devient nostalgie dans notre « matin profond », vers ce qui nous précède. Marque de ce « nostos », ce retour, on peut remarquer un sillon à peine visible dans le prolongement du regard du peintre, alors que celui-ci contemple la ville au loin (peut-être Londres ?).

Le spectateur perçoit à peine ce sillon blanc en lisière du champ tandis que la vision du petit pont est obstruée par la butte. Seul le peintre, situé en hauteur, le perçoit. Le peintre installé sur la butte devient alors la métaphore picturale de la clairvoyance de l'âme. L'âme perçoit ce que l'intelligence, assignée à ses catégories analytiques, ne perçoit pas. Le spectateur peut emprunter le pont afin de traverser la rivière et rejoindre le domaine situé de l'autre côté de la rivière.

Ce domaine symbolique n'est pas perceptible dans le premier tableau, mais un autre de la collection anglaise de Marie-Laurence le montre. N'est-ce pas un beau spectacle, presque paradisiaque, qui se présente – ni trop loin pour n'être qu'un rêve, ni trop près pour n'être qu'un objet physique – devant notre regard ?

Insistons donc encore une fois sur la puissance narrative de l'œuvre de Marie-Laurence Gaudrat dont les tableaux, pourtant, semblent dépourvus. Les scènes statiques de ses toiles sont en fait parcourues par un dynamisme ondulatoire, autrement dit une narration. La scène du peintre, en apparence quelconque, déclenche un récitatif qui s'adresse à notre âme.

Le regard humain ne perçoit pas, ou peu, prisonnier par les agitations de ce monde, ce dynamisme interne. À l'endroit de son art, Marie-Laurence parle de « centre silencieux » (quand Graff Durckeim parlerait de « Sternstunde » et Martin Heidegger de « Gellassenheit »). « Je suis prête à croire que la peinture peut être une voie d'accès à nos émotions les plus profondes, à ce centre silencieux duquel on s'écarte si souvent dans l'agitation et la multitude », insiste Marie-Laurence.

Si les conclusions n’étaient pas dans ce domaine toujours un peu factices, on pourrait en conclure que l'art contient les infrarouges et les ultraviolets qui manquent à la partition de notre monde et dont nous aurions la secrète nostalgie. Mais ce serait encore parler de l'infinie polyphonie de l'âme. En tout cas – et n'en déplaise aux utilitaristes de tous bords –, l'art nous apparaît comme un partenariat indispensable à notre vie et à ses finalités internes.

La collection anglaise de Marie-Laurence Gaudrat est consultable sur le site de l'auteur : http://www.ml-gaudrat.com 

Courriel : ml.gaudrat@laposte.net


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