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Mort de l’écrivain André Blanchard

Mort de l’écrivain André Blanchard

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Je viens d'apprendre le décès d’André Blanchard, cela n'a guère troublé la vie littéraire française ; il disparaît très discrètement comme il a vécu. André Blanchard, je l'ai découvert grâce au Matricule des anges qui lui avait consacré un superbe dossier. Sa photo et l'entretien m'avaient plu, il avait l'air de sortir d'une autre époque.

Ainsi au hasard des brocantes et Emmaüs, j'ai pu dénicher la plupart de ces livres.  Il faisait partie de ces auteurs qui publient leurs journaux personnels. J’aime cette forme d’écriture constituée d’aphorismes, de notes, de réflexions écrites en toute sincérité.

Il était gardien d'une  galerie d’art à Vesoul, ce qui ne l'empêchait pas d'avoir un esprit très critique vis à vis de l'art contemporain comme en témoignent ces pages parues dans « Contrebande carnets 2003-2005 » 

« Arrivent à la galerie pas mal de cartons qui sont invitations à des vernissages ; ça vient de tout le grand Est, via des institutions redoutables comme les F.R.A.C. Là se niche la crème de l'art contemporain dans toute sa panoplie de petit terroriste : installations, vidéomachins, peintures conceptuelles. C'est instructif, à rebours : perdre nos repères, voilà à quoi on nous convie ; ça facilite pour recruter les nigauds. Du moins cela permet-il de percer à jour ce qui assoit cet art, c'est-à-dire la peur. Le public a peur de passer pour ridicule, et stupide, et vieux jeu s'il manifestait son incompréhension. Donc il se tait.
C'est tout ce que demande cet art ; et, à la limite, peu lui chaut de n'avoir aucun public. Ne lui laisse-t-il pas comprendre qu'on n'est pas du même monde ? »

Ce que j’aimais dans les pages de ses livres souvent perspicaces, quelquefois injustes, c’est l’incroyable liberté de ton et de pensée. Injuste, il l’a été avec Renaud Camus qu’il qualifie d’écrivain minus. J’aimais moins son aspect très anti-catholique primaire assez conventionnel. Il avait l’air d’avoir beaucoup de ressentiment envers le catholicisme mais il avoue que le meilleur « journal qui informe sans pécher contre les faits, qui paie sur la réflexion plutôt que sur les petites querelles (…) c’est La Croix. »

André Blanchard aimait le pluralisme des idées, la diversité des opinions, ce qui devient de plus en plus rare à notre époque « La plupart choisissent comme journal celui où ils peuvent lire ce qu'ils pensent. C'est de la paresse, qui rassure. Il faut aller vers le journal qui est à l'opposé de nos opinions, afin d ‘asticoter celles-ci(…) » Il déteste les donneurs de leçons « (…), c'est bien une posture de privilégiés, pour qui les fins de mois ne sont jamais à l'arraché, de s'étonner et se scandaliser que des gens qui vivent mal votent mal. »

Il notait son quotidien, ses passions, ses haines, ses lectures mais est très souvent déçu car « virulence et pertinence sont en perte de vitesse aujourd’hui ». La littérature dans ces notes y avait la part belle, surtout les écrivains de journaux intimes : Léautaud, Calaferte, Green, Mauriac, Flaubert, Bobin, Juliet… Il aimait tout de même quelques écrivains catholiques comme Bloy et d’autres de la même veine ; en fait Blanchard aimait ceux qui combattaient l’hypocrisie, le mensonge de ce monde.


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