Que faire face à l'antisémitisme ?
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Bari Weiss, l’éditorialiste et essayiste américaine s’interroge dans son ouvrage, Que faire face à l’antisémitisme ?, sur les ressorts du phénomène dont la résurgence puissante s’étale sur tous les bords politiques, de gauche et de droite : « Il s’exprime au travers des politiques identitaires chères à l’extrême-gauche comme des réactions que celles-ci suscitent à l’autre extrémité du spectre politique. Il n’est plus l’apanage de quelques marginaux de diverses obédiences religieuses, mais on en reconnaît l’empreinte dans l’isolationnisme prôné par Donald Trump, dans le regain de popularité du communisme dans les pays riches, dans la banalisation de la propagande islamiste… »
L’auteur écrit son ouvrage à la suite de l’attaque, le 27 octobre 2018, de la synagogue de Pittsburgh qu’elle a fréquentée dans son enfance, attaque la plus meurtrière perpétrée contre les Juifs aux Etats-Unis, où onze fidèles ont péri en plein office sous le feu d’une arme automatique. Pour Bari Weiss, la haine la plus ancienne qui accable l’humanité progresse depuis une vingtaine d’années en Occident.
Le ton de l’intellectuelle est offensif, il s’agit pour elle de se battre et de dénoncer à temps et à contre-temps toutes les provocations et propos antisémites : « La haine vient des chefs d’Etat et ne se limite pas aux nations arabophones. Ne cherchez pas plus loin que l’Iran, dont le chef suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a pour habitude de tenir ce genre de propos : « Ce régime de loups, barbare et infanticide, d’Israël, qui ne s’épargne aucun crime, n’a d’autre remède que l’anéantissement. » La haine vient des mouvements islamistes populaires : de nos jours, un point de discussion fréquent chez les Frères musulmans découle du hadith proclamant que le jour du Jugement dernier « ne viendra que lorsque les musulmans combattront et tueront les Juifs. » […] En juin 2019, Nabih Berri, le président du Parlement libanais, était cité dans un article libanais intitulé « Comment reconnaître un Juif ? » Le conseil de Berri ? « Si vous voyez une femme enceinte, approchez-vous d’elle et lancez une pièce d’or près d’elle ou à ses pieds. Si le fœtus sort du ventre de sa mère et saute pour attraper l’or, vous saurez qu’il est juif. »
Même si Bari Weiss réserve aujourd’hui l’essentiel de ses dénonciations à l’islam radical, elle n’épargne pas le christianisme, faisant notamment référence au pogrom de Rintfleisch qui vit en 1298 des Juifs être envoyés au bûcher par l’Eglise catholique. Le motif ? Les Juifs de la ville allemande Röttingen furent accusés d’avoir volé des hosties pour les profaner. Notre auteur, peu soucieuse d’apaisement de la mémoire, raille le fait qu’un « témoin » ait vu des Juifs « torturer » une hostie jusqu’au sang, et fustige « la fiction diffamatoire » actionnée à leur encontre. Elle concède, non sans ironie, qu’en vertu du dogme de la transsubstantiation, défini par l’Eglise en 1298 et instituant que l’hostie et le vin n’étaient plus des symboles mais constituaient le corps et le sang du Christ, « le long massacre prenait tout son sens ». Elle ajoute que « c’est le christianisme qui aura tué le plus de Juifs que toute autre idéologie sur la planète. » Les chrétiens apprécieront particulièrement l’emploi du terme idéologie.
Quelles sont les préconisations de l’auteur pour lutter contre l’antisémitisme ? Combattre. Ne pas faire confiance à ceux qui veulent diviser les Juifs, même s’ils sont Juifs. Faire attention à ses ennemis, mais plus important encore, faire attention à ses amis. Suivre le principe de Pittsburgh : « La communauté tout entière – les leaders musulmans, les leaders chrétiens, les politiciens, les chefs de gouvernement, les services de police, les entreprises, même nos équipes sportives – s’est levée et a dit non. Nous ne donnerons pas d’oxygène à ce bûcher. » Arrêter de battre sa coulpe. Faire le choix de la vie. N’oublier jamais, au grand jamais, d’aimer son prochain.
Le combat et l’amour, voilà le programme de Bari Weiss.