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Vade-mecum pour faire bon usage de sa vieillesse

Vade-mecum pour faire bon usage de sa vieillesse

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Lire un ouvrage du père dominicain Alain Quilici est comme s’abreuver à une source d’eau limpide. L’accompagnateur de couples chrétiens vers les fiançailles ou le mariage, auteur de contes pour enfants aussi bien que de best-sellers comme La voix de Dieu, a ce talent rare de donner aux choses parfois ardues un caractère intelligible et un sens profond. Dans Du bon usage de la vieillesse paru aux Editions du Carmel en août 2017, sa pédagogie et la subtile légèreté de sa phrase sont une nouvelle fois à l’œuvre pour notre édification. Parvenu à l’âge de la grande sagesse, le Père Alain Quilici éclaire notre lanterne, nous qui savons avec Montaigne que « philosopher c’est apprendre à mourir » et que tout chrétien se doit de préparer la rencontre avec son Seigneur et envisager ce passage mystérieux et inquiétant de la mort qui y conduit. Dans l’Evangile de Mathieu au chapitre 6, il est recommandé de « ne pas s’inquiéter du lendemain ; demain s’inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. » Un premier viatique précieux. Sur le thème de la vieillesse, l’image qui vient spontanément à l’esprit est celle d’une personne âgée toute occupée, dans la plus grande sérénité, le silence et la confiance, à guetter la venue de la mort. Image d’Epinal que notre frère prêcheur bât quelque peu en brèche. Le grand âge est aussi une période de tourments, de doutes, de remords, d’inquiétudes, de désespérance parfois, d’attiédissement des élans spirituels de la jeunesse. Le petit opuscule se veut vade-mecum, appui ou baume, tel le petit livre de Jean d’Ormesson Le guide des égarés que nous avions commenté pour Mauvaise Nouvelle. De lumineux conseils pour vivre dans la paix ce temps de vieillesse parsèment les chapitres : « C’est une grâce de percevoir que ce que l’on fait en ne faisant rien est essentiel. » ; « Quand on est vieux vient le temps de la prière, le ministère de la prière que Dieu confie aux personnes âgées. » Comme un pied de nez à l’esprit du temps qui ne vit que du présent, Alain Quilici rappelle la joie qu’il y a à se continuer dans ses enfants et petits-enfants : « La vie se prolonge dans ces générations qui se suivent et cette vie c’est encore quelque chose d’eux. » Mais ces enfants, fruits de la fécondité qui compose avec la liberté, la fidélité et l’indissolubilité l’une des quatre pierres d’angle du prodigieux mariage chrétien, sont aussi « une croix » car beaucoup d’entre eux ne connaissent « ni formation, ni première initiation aux grandes révélations divines » et « reçoivent pour seule nourriture spirituelle les poncifs débités par toutes sortes d’intermédiaires incompétents et souvent mal intentionnés (medium, medias) ». Ceci est d’une grande tristesse car déculturation, décivilisation, déchristianisation, indifférence, indifférenciation et inculture sont leur seul pain quotidien dans une vie par trop horizontale.

Est-ce qu’une voie de bonheur pour les vieux ne serait pas de conserver au maximum l’esprit d’enfance, ou la « voie spirituelle d’enfance » chère à la petite Thérèse de Lisieux, de revenir à cet état que l’on a connu et dont on peut dire si peu car il demeure un grand mystère ? Jésus apostrophe ses disciples dans l’Evangile de Marc au chapitre 10 : « En vérité je vous le dis, quiconque n’accueille pas le royaume des cieux en petit enfant, n’y entrera pas. » Il faut se rappeler souvent et rendre grâce à Dieu « d’avoir toujours été là, à nos côtés, de nous avoir consolés dans nos grandes peines et dans nos deuils, d’avoir illuminé nos jours, d’avoir enchanté nos dimanches, de nous avoir donné des Noëls et des dimanches de Pâques, et aussi des mercredis des Cendres et des vendredis de Carême ; et des 15 août avec des processions et des fêtes de saints avec des célébrations. Ce qui, finalement, fait pas mal de choses. ». Il faut aussi « préparer son avenir… éternel » pour reprendre cette belle invite du Frère Alain. La liturgie des morts chante une merveilleuse antienne qui est une promesse dépassant la mort : « In paradesium deducant te Angeli, in tuo adventu suscipiant te martyres, et perducant te in civitatem sanctam Jerusalem. Chorus angelorum te suscipiat, et cum Lazaro quondam paupere aeternam habeas requiem » : « Que les anges te mènent au paradis, qu’à ton arrivée les martyrs te reçoivent et te conduisent à la cité sainte Jérusalem. Que le chœur des anges t’accueille, et qu’avec le pauvre Lazare de jadis tu aies le repos éternel. » Parvenus à la douce confiance de la rencontre à venir, la seule qui vaille, celle avec Jésus, nous voilà parvenus au terme de notre lecture/méditation. Nous pouvons désormais unir notre cœur et notre voix à l’action de grâce du vieux Syméon : « Maintenant ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »


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