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Révolution vagabonde

Révolution vagabonde

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Dénicheur des derniers écrivains français encore en activité qu’il célèbre avec le prix des Hussards dont il est le fondateur, le collaborateur régulier de la revue Livr’arbitres signe avec La Révolution vagabonde un roman placé sous le sceau de la liberté et de l’audace.

Dans La Révolution buissonnière (Pierre-Guillaume de Roux, 2016), François Jonquères retraçait la vie héroïque de son ancêtre François de Llucia pendant la Révolution française. Député proche des Girondins et héros de la résistance armée contre l’Espagne, il échappe à la guillotine lors de la Terreur en mettant en scène sa mort. La Révolution vagabonde raconte l’enquête de François Jonquères pour retrouver la suite de l’histoire de son aïeul qui ne s’est pas arrêtée le 6 Prairial de l’an II. Fin 1794, celui qui a trompé la mort se retrouve caché dans Paris. Ses pensées et son cœur sont accaparés par Madame de Lausanne - appelée « L. » -, et son seul objectif est de la retrouver. Il écrit plusieurs billets à son ami Laclos, emprisonné pendant la Terreur, qui finit par lâcher le morceau : L. est en Amérique, Llucia s’y rend par bateau… et Jonquères par avion.

Les traces de Llucia le mènent vers l’aventure de New York à San Francisco, en compagnie de l’avocat richissime et farfelu Bob et de l’infernale Helle. Jonquères tombe sous le charme de cette délurée, merveilleuse et détestable descendante de Madame de Lausanne. Deux François, deux femmes insaisissables, deux histoires parallèles à 220 ans d’écart : Llucia et L., Jonquères et Helle. Lequel des deux parviendra à ses fins ? La double issue est incertaine et semée d’embuches.

L’essence de La Révolution vagabonde est la liberté. L’audace et les excès de l’auteur donnent à ce vagabondage littéraire son ton unique. Car le vrai sujet est cet amour de l’auteur pour la liberté du romancier, au plus grand bonheur du lecteur. Entrecoupé de billets d’humeur écrits au style célinien, de vraies-fausses notes de l’éditeur, de lettres envoyées par Llucia, d’extraits de son journal et de celui de L., le roman en liberté virevolte, foisonne et nous étonne.

Liberté créatrice où le vrai et le faux s’entremêlent, où le sens aiguisé de l’humour et de la formule de Jonquères (les jeux de mots, les moments loufoques et orgiaques) côtoie de magnifiques passages dont un premier chapitre fabuleux : François Jonquères passe quelques jours en Irlande, dans la demeure de son maître Michel Déon. Les dialogues entre les deux maîtres et les réflexions et considérations littéraires de Déon raviront les lecteurs de Stanislas Beren.

Entretien avec François Jonquères : (https://livrarbitres.com/)

Livr’arbitres : Votre livre prône la liberté, l’audace, en un mot : ose. Est-ce cette vision de la littérature et du romancier que vous défendez ?
François Jonquères : Toute la noblesse de l’écrivain repose dans cette liberté absolue qui doit guider sa plume aux quatre vents. Un artiste authentique n’a pas de frontières, ne doit reculer devant aucune curiosité. Il explore un monde immatériel, l’esprit dégagé de tout préjugé. Dans toute création, il y a une part de divin. Aussi, faut-il oser, culbuter les obstacles posés par la bien-pensance pour s’engouffrer en terres inconnues, parfois mystérieuses ou pleines de dangers, sans souci de gloire ou de succès (et de ce côté-là, je suis aussi passé maître !), à la façon de certains personnages d’Oscar Wilde ou de Stevenson se perdant dans le vice et le mal, par amour de la poésie ou de pureté artistique poussées à leur paroxysme. On n’écrit pas pour gagner sa vie, on écrit pour ne pas la vivre en vain.
Livr’arbitres : Votre roman s’ouvre sur une sublime discussion avec Michel Déon et cette idée que vous placez au-dessus de toutes les autres, la liberté : « LIBERTÉ ! … Le roman n’est que liberté ! Et rien d’autre ! ». Pouvez-vous nous dire deux mots sur Michel Déon et cet avis que vous partagez sur la liberté de l’écrivain ?
François Jonquères : Je dois beaucoup à Michel Déon, ses livres agissant sur mes blessures comme le plus sûr des baumes. Il incarnait aussi des valeurs aujourd’hui désuètes et qui me sont chères, la fidélité, l’honneur, l’amitié-mousquetaire, sans oublier sa passion pour la haute littérature que j’essaye de partager à mon humble niveau. Sa vie en est le parfait modèle et j’invite volontiers à la lecture de ses Pages françaises, grecques et irlandaises (Cavalier passe ton chemin) pour former le goût des plus jeunes. La droiture se perd, le courage aussi, on ne se battrait plus trois fois en duel dans la même journée maintenant, quelques injures psalmodiées suffisent, souvent sous couvert d’un anonymat malsain. La liberté invite au panache, à une douce folie qui rend la vie merveilleuse, encore plus incertaine. L’homme face à son destin ressemble à l’écrivain devant sa page blanche. A lui de la noircir, de vivre avec ses déceptions, ses échecs. Mais oser, tenter, avant tout, pour ensuite contempler son Créateur, les yeux sans doute humides, mais le regard apaisé et confiant.
Livr’arbitres : Vous promouvez une certaine idée de la littérature, ce panache typiquement français ; est-ce dans cet esprit que vous avez fondé le prix des Hussards ?
François Jonquères : Oui, bien sûr, quelle folle ambition que la nôtre quand Christian Millau, Marina Cousté et moi-même avons créé le prix des Hussards, il y a maintenant dix ans. Nous voulions, comme vous le soulignez, rendre hommage à ce panache typiquement français, à cette passion pour la littérature considérée comme un art de vivre. Cet esprit, c’est celui de Roger Nimier, de Jacques Laurent et de leurs camarades. On le retrouve chez leurs proches et amis, Kléber Haedens, Jacques Perret, Michel Mohrt ou encore Félicien Marceau. C’est aussi celui de leurs grands-frères, Paul Morand, Jacques Chardonne, Céline. Et je veux croire en une généalogie du style et de cette indépendance à la française, née avec Villon et l’immense Rabelais, notre Maître à tous, poursuivie avec le Cardinal de Retz - qui savait ce que frondeur voulait dire - Laclos, Stendhal ou encore Dumas. Avec leur pessimisme baignant dans un optimisme de doux rêveur, avec cette mélancolie sourire aux lèvres, les Hussards ne sont pas loin d’être les plus heureux des hommes. Ils aiment et ont aimé.

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