Frédéric de Natal, passeur d’Histoire
Monde Mauvaise Nouvelle https://www.mauvaisenouvelle.fr 600 300 https://www.mauvaisenouvelle.fr/img/logo.pngFrédéric de Natal, passeur d’Histoire
Cher Frédéric de Natal, vous m’avez invité à collaborer à votre revue Dynastie en livrant une nouvelle sur Saint Louis. Aujourd’hui je reviens vers vous pour permettre aux lecteurs de Mauvaise Nouvelle de découvrir votre revue https://revuedynastie.fr/
MF : D’où vient cette revue au titre ancien qui traite des familles princières à travers le monde ? S’agit-il d’une résurrection ?
Frédéric de Natal : Dynastie, c’était avant tout et d’abord un magazine créé par Stéphane Bern dans les années 1980. Il était principalement consacré à l’actualité princière et dynastique. Nous avons souhaité recréer ce magazine, avec son accord, afin de lui donner une autre profondeur plus adaptée à un lectorat essoufflé par tout cette dimension people dans laquelle on enferme ces familles. Du temps de Stéphane Bern, le magazine était mensuel, nous avons souhaité le rendre trimestriel sous forme de mook, une revue éclectique de 112 pages distribuée en librairie au prix de 10 euros ou sur abonnement sur notre site. Il y a même une possibilité d’abonnement à 40 euros. Nous abordons tous les thèmes avec un credo qui fait notre spécificité, transmettre.
MF : Comment est né la Revue Dynastie ?
Frédéric de Natal : C’est l’histoire d’une rencontre. Je me suis rendu aux 10 ans de Secret d’Histoire par pur hasard. C’est là que j’ai rencontré deux personnes qui sont à l’origine de la renaissance de la Revue Dynastie. Cela fait longtemps que j’avais senti une appétence des gens pour le sujet des grandes familles. Le projet a mis trois ans à éclore, le covid a tout retardé. Depuis décembre 2021, nous sommes déjà à trois numéros avec un premier dossier consacré au Sacre, épuisé aujourd’hui, Elizabeth II, Charles et Zita ont suivi.
MF : Peut-on dire vous êtes un second point de vue ?
Frédéric de Natal : Non certainement pas. Déjà, vous pouvez exclure tout le côté people. Ce n’est pas notre tasse de thé. Nous ne traitons pas que des familles princières d’ailleurs. Vous savez, nous avons tous une histoire à transmettre. Et c’est tout le credo de Dynastie. Nous parlons de toutes les dynasties qu’elles soient industrielles, bourgeoises, artistiques etc. Dès le début, nous avons voulu élargir le sujet des grandes familles à des aspects historiques tout en cultivant un ton décalé. Le but est de faire apprendre l’Histoire de manière ludique. Des sujets inédits que vous retrouvez sur le site. Saviez-vous que Christophe Colomb a encore des descendants, connaissez-vous l’histoire de la famille Brasseur ou des Gillet, cette famille de soyeux lyonnais ? Il y en a donc pour tous les goûts à Dynastie.
MF : Qui est Frédéric de Natal ?
Frédéric de Natal : Un mystère (rires). C’est difficile à dire. Il paraît que ma vie est un roman pour beaucoup. J’ai vécu deux décennies en Afrique. Avant d’apprendre mes ancêtres gaulois, j’ai donc appris mes ancêtres africains. Ce qui n’est pas faux historiquement parlant d’ailleurs. A côté de cet enseignement officiel, ma mère avait pris soin de me mettre entre les mains un livre d’histoire de France afin que j’apprenne seul cette partie-là de mon identité. Je baignais dans un milieu culturel très fort où l’histoire était omniprésente parmi tous les membres de ma famille. Il était logique que cela devienne une passion un jour et que j’en fasse un métier.
MF : Vous avez couvert les funérailles de la reine Elizabeth II. On vous a vu sur tous les plateaux de TV et de radio. Vous avez même fait la couverture de la Tribune de Lyon. Comment a commencé votre aventure journalistique ?
Frédéric de Natal : Je me baladais sur un forum monarchiste où j’étais plutôt actif il y a 20 ans. C’est ainsi que j’ai été repéré par une équipe qui m’a intégré à son webzine trimestriel consacré aux monarchies internationales. Parallèlement, je tenais un site sur l’histoire des monarchies en Afrique et c’est ainsi que l’historien Philippe Delorme m’a contacté pour un article de Point de Vue-Histoire. Il m’a proposé d’avoir une chronique régulière et j’ai naturellement accepté. C’est comme cela que j’ai commencé à me faire connaître et ma carrière de journaliste. J’ai vite enchaîné avec la Revue Napoléon également. On oublie souvent mais je ne traite pas que des monarchies mais aussi de géopolitique africaine très régulièrement dans les magazines Causeur, L’Incorrect ou Politique magazine.
MF : Vous considérez-vous comme un passeur d’histoire ?
Frédéric de Natal : En quelque sort au regard de mon histoire familiale. J’ai une relation très forte avec l’Afrique. Déjà parce que je suis fils de pied-noir. Cette histoire douloureuse à laquelle ma famille joué un rôle, elle m’a été transmise et bien que je n’aie pas vécu ces évènements, elle reste en moi, gravée comme une blessure qui ne peut se refermer. Je la transmets désormais à mes nièces.
MF : C’est important pour vous de connaître l’histoire de votre famille ?
Frederic de Natal : Absolument ! Je suis très fier de l’histoire de ma famille qui se mêle à celle avec un grand « H ». Même si pour certains, elle n’est peut-être pas politiquement correcte. Mes parents ont toujours souhaité que leurs enfants apprennent d’où ils venaient, quelles étaient leurs origines des deux côtés de la lignée généalogique. De facto, nos racines viennent aussi d’Aquitaine que d’Alsace, j’ai même un ancêtre qui a signé l’acte d’arrêt et de mort de Mandrin. Mes grands-pères, officiers, ont fait 3 guerres, la Seconde guerre mondiale, l’Algérie et l’Indochine. Nous avons participé de près aux événements d’Algérie. Un de mes grands-oncles était à Mers-El-Kébir-autant vous dire qu’il n’était pas très anglophile, et a été un secrétaire régional du PCF. Et moi je suis royaliste, avouez que cela ne manque pas de piquants (rires). Quand vos grands-parents parlent, et s’ils parlent de ce que leur ont dit leurs propres grands parents, rien qu’avec cette tradition orale, on remonte très haut le cours de l’histoire. C’est vertigineux. Vous savez, un pays n’est rien sans son histoire et je pense qu’il est nécessaire d’apprendre du passé pour mieux comprendre le présent et affronter le futur. Nos propres histoires personnelles y contribuent aussi fortement.
MF : Comment est née cette passion pour l’histoire et la politique ?
Frederic de Natal : L’avantage de partir et vivre à l’étranger est le recul que cela vous pousse à prendre. J’ai pris conscience que ma vision était différente vers 14 ou 15 ans. Pour moi la France se limitait uniquement aux vacances d’été. C’est au moment de la chute du mur de Berlin, j’ai pris conscience que je vivais l’histoire en direct. C’est l’âge où la conscience politique se forme avec toute la naïveté du monde, l’impression que c’est vous qui deviez changer le monde. J’ai fait le tour du monde, bossé aux États-Unis et au Royaume-Uni, appris l’histoire de différentes cultures. Autant dire que j’ai bourlingué, même fait activement de la politique dans un pays. Ces expériences m’ont beaucoup forgé et m’ont obligé de sortir de mon confort habituel.
MF : Et votre intérêt pour les monarchies ?
Frédéric de Natal : L’Histoire est une passion pour moi, de famille aussi. Je me suis très rapidement intéressé aux familles princières, notamment au sort de celles détrônées par les affres de l’histoire, les mouvements monarchistes sur tous les continents. J’ai pris rapidement conscience que l’Histoire telle qu’on nous l’apprenait avait plein de trous. Que deviennent les gens qui étaient autour des grands hommes, que deviennent ces familles ? Je suis devenu très curieux sur toutes ces questions. En 1987, mon beau-père m’a offert, ce que j’ai toujours appelé « ma bible » : le Quid ! Concrètement, l’ancêtre papier d’Internet. Je suis devenu un « slider », j’ai voyagé dans toutes les époques, découvert le destin de toutes ces dynasties dont je suis devenu un passionné. A une époque où mes amis s’arrachaient les magazines de sport, je dévorais Point de Vue-Images du Monde, les livres de Stéphane Bern, mon maître à penser, et autres Historia. C’est dire (rires).
MF : A vous écouter, le monde est un vaste roycoland ?
Frédéric de Natal : N’exagérons pas. On imagine naïvement que les monarchies ne sont liées qu’à l’Europe, alors que des monarchies, il y en a eu partout, sur tous les continents ! D’ailleurs le site https://www.monarchiesetdynastiesdumonde.com/ vous le démontre. Peu importe la forme avec laquelle elles se sont vécues, cela reste des monarchies. Des familles ont participé à l’histoire de leur pays. Regardez l’Afrique. Certains ont même présidé leur pays comme au Burundi dans les années 60, de même en Ethiopie, il y avait un empereur. En Ouganda, le monarque est même devenu président de son propre pays ! Je regrette que l’on continue toujours à enfermer les monarchies que dans le people sans jamais montre l’apport de ces familles dans l’Histoire. La TV manque cruellement de spécialistes capables d’évoquer ce thème. Le rôle d’un journaliste est d’analyser et de faire apprendre quelque chose. Quand je parle de monarchie, j’essaye vraiment de démontrer ce lien indissociable entre le présent et le passé, comment cette institution est ancrée dans la réalité et représente une véritable alternative. Tout en essayant de rester neutre car j’entends être objectif.
MF : Quel sera le thème de la prochaine Revue ?
Fréderic de Natal : Je vous laisse la surprise. Sortie prévue en octobre. J’invite chacun à d’ores et déjà à vous abonner pour en avoir la primeur sur https://revuedynastie.fr/