Guillaume Dreidemie : brouillard, os et ruines
Livres Mauvaise Nouvelle https://www.mauvaisenouvelle.fr 600 300 https://www.mauvaisenouvelle.fr/img/logo.png 
Guillaume Dreidemie : brouillard, os et ruines
Notre philosophe poète, Guillaume Dreidemie, nous revient avec des lettres. Le recueil s’organise en trois parties : lettre du peintre ; lettre de ma mère et lettre à Rome. Dans les deux premières partie, Dreidemie ne s’adresse pas à quelqu’un mais revêt l’autre, se met dans sa peau ou sur ses os.
Dans la lettre du peintre, nous nous situons toujours à la lisière, dans le lieu et le temps où le monde va disparaître. Le peintre apparait comme le premier et le dernier homme, premier et dernier témoin, entre origine et fin, entre création et disparition, entre naissance et mort. Nous sommes donc baignés de brume, de brouillard et Dreidemie se fait poète à tâtons pour imiter les petites touches du peintre.
« Redeviens celui
Qui s’oriente dans le brouillard
Grâce au bruit des cloches. »
Dans la lettre de ma mère, le poète revêt une autre peau, ou plus exactement d’autres os, ceux de sa mère. La poésie de Dreidemie est ici minimaliste. Sans doute pour imiter la discrétion mathématique des anges dans leur existence. Et chaque page est un rebond de la lettre qui repart de la note donnée à la page précédente. Le poème commence là où s’achève le précédent avec la reprise du motif, car le vrai poème est conversation sans fin. Il faut bien comprendre, il y a droit de suite. Soit la mère n’a pas tout dit, soit nous n’avons pas tout compris. Il faut donc y revenir. C’est l’œuvre de laboure du poète.
« La vie a mangé nos mots, la vie a mangé nos peurs,
Et nous crevons bouche ouverte aux oiseaux de feu,
Aux oiseaux de nuit,
J’ai la dent qui tombe :
Elle n’était pas en or celle-là. »
Le recueil s’achève avec Lettre à Rome. Ici le poète à la mémoire longue se voudrait Ovide. Il en accepte l’héritage. Il rend hommage à la ville qui n’est éternelle, de tous temps, que dans ses propres ruines.
« Ruines,
Avides du ciel ».
Lettres, poésies de Guillaume Dreidemie, ed. La rumeur libre, 76 pages, 16€

 
 
            

