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France : la société des chasseurs de primes

France : la société des chasseurs de primes

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La France qualifiait autrefois un territoire, précisément celui des gaules conquises par les Francs puis agrandi et consolidé au fil des siècle jusqu’à devenir ce convexe hexagone source de tant de fiertés. Très rapidement, elle ne fut synonyme que d’une forme d’Etat, prenant tantôt la figure d’un monarque infatué de soleil, tantôt celle du support idéologique de la Révolution qui ne peut être que permanente grâce à elle. Nous pouvions pleurer que ce qui fut notre patrie, la terre qui nous nourrit, celle qui loge nos morts, etc. soit transformée en monstre froid puis en support idéologique. C’était sans compter la dernière mutation, celle de la société anonyme ! Inutile pour ce faire de brandir tel ou tel numéro de SIRET pour chercher à prouver d’une façon tautologique par la voie administrative que France est inscrite au registre du commerce. Là n’est pas la question. Il suffit pour se rendre compte de la dernière mutation, d’écouter les éléments de langage. France est devenue une marque internationale. Et cette marque, ne cesse de se décliner pour draper ce que fut d’anciennes entreprises ou administration. Cela a commencé par le monde audiovisuel : France 2, France 3, France Inter etc. Puis les ministères s’y sont mis en qualifiant leur services et officines divers : France Compétences, France services, France Connect… Nous mettrons de côté bien évidemment France loisir ou France Gall qui n’ont rien à voir avec la présente démonstration.

Le dernier né comme déclinaison de la marque France est France Relance. Le programme fut initié suite à la récession covidique et ne cesse de se répandre jusqu’à contaminer toute l’économie. Car vous l’avez compris, le programme n’est pas destiné à relancer la France, mais à créer un système de distribution des aides échappant à la fois à la logique du droit – parce que je suis dans telle situation, j’ai droit à…- et à la logique du mérite. La seule logique de France relance est celle du jeu. On nous fait miroiter la possibilité de toucher de l’argent d’Etat si on se donne la peine de le réclamer selon les règles établies. Cela prend le nom par exemple d’appels à manifestations d’intérêt. Les lauréats se voient attribuer des sommes considérables pour mener à bien des projets industriels, éducatifs, etc. Parmi ceux qui concourent, il y a des consortiums d’organismes privés, mais il y a aussi des établissements publics. Les organismes d’Etat demandent de l’argent à l’Etat. Ainsi ce sont des rectorats qui répondent à des appels à manifestations d’intérêt de France relance. Ce qui devait être régalien, dû à une mission de service public devient le pompon qu’on agite sous le nez de tous pour qui sera le plus zélé à attraper la prime. Côté entreprises et économie privée, le marché le plus juteux, en cette période de croissance quasi nulle, est bien le marché des subventions. Des services entiers se mettent à travailler pour décrocher les primes. Des cabinets font leur business de vous aider à rédiger l’affaire. Quitte à inverser les choses et à commencer par prendre l’argent, avant de voir si le projet qui en découlera répondra à des besoins réels. Ces procédés ne font que flatter l’opportunisme.

Macron se fait passer pour un libéral ! La belle affaire. La seule chose qu’il ait libéralisé est la distribution des aides publiques, il l’a rendue ludique. Cela ressemble à un marché, cela fonctionne comme un marché, mais en réalité ce n’est qu’un décorum de l’assistanat. Ce jeu des subventions semble avoir été établi pour que jamais personne ne puisse vivre de ses attributions régaliennes côté public, et que personne jamais ne puisse vivre uniquement de son business model côté privé. Mis on ne peut pas véritablement en vouloir à Macron. Cela part d’un bon sentiment : il aime aider ! Comme un petit garçon qui encombre ses parents. Macron aime aider, il fera tout pour cela. Il ira jusqu’à nous mettre la tête sous l’eau pour mieux nous tendre la perche. Pire, jouer à la tendre de façon aléatoire jusqu’à ce que quelqu’un la prenne pour se jeter à l’eau.

Ne nous inquiétons pas, Macron trouvera toujours le moyen de nous aider. Il suffit, dès qu’une règle est établie et incorporée au business model, de la changer. Ainsi, les entreprises iront réclamer une nouvelle prime, et l’Etat sortira du chapeau son nouvel appel à manifestation d’intérêt qui s’apparente de plus en plus à la nouvelle loterie. On le sait depuis quelques années, le véritable variant dans ce pays, c’est l’Etat. Bien fol qui s’y fit. L’Etat change les règles en permanence dans une logique trotskyste pour que personne ne s’aperçoive que tout ça est trop con. C’est ainsi que l’on ne peut plus compter sur l’Etat. On ne peut que miser. France est devenue une société régulée par l’économie des chasseurs de prime.


Objection : La conscience en danger
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Radicalité contre radicalité
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10 ans, 20 ans maxi … et tout bascule
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